Le Prix Goncourt 2017 me laisse perplexe.
20 février 1933. 24 capitaines d’industrie sont reçus par le président du Reichstag, Hermann Goering. L’audience se terminera par un sérieux soutien financier au parti nazi pour les élections du mois de mars.
12 février 1938. Le chancelier autrichien Schussnig se rend à Berchtesgaden pour une rencontre avec Adolf Hitler. Celui-ci obtient la soumission sans condition de l’Autriche, qui sera occupée quelques mois plus tard par l’armée allemande lors de l’Anschluss.
Deux tableaux parmi d’autres des événements qui ont conduit à la Deuxième Guerre mondiale.
Les tergiversations des Anglais (lord Halifax, Chamberlain) et des Français (Daladier), les vociférations de Hitler, la frousse des Autrichiens, tout cela est raconté dans un style ironique qui m’a mis mal à l’aise. Ce malaise est probablement voulu par l’auteur. Après tout, il s’agit d’un roman. Mais cela justifie-t-il une telle mise à distance des événements historiques. Cette guerre fut une immense tragédie, les traces en sont toujours palpables. Lâchons le mot: je n’aime pas une telle arrogance. Il est aisé d’écrire 80 ans plus tard: tout le monde s’est fait piéger par le petit caporal. Et en filigrane, on lit un message à peine crypté: attention, les Allemands sont occupés à remettre la main sur l’Europe d’une autre manière.
J’espère divaguer.
Le positif: un style visuel (l’auteur est aussi cinéaste) d’une clarté épurée.
Le négatif (toujours pour le style): on frise le pédantisme.
Amitiés décalées,
Guy
Eric Vuillard
Actes Sud – 160 p.