Un héros

« Toujours est-il que mon grand frère Laurent, promis à un destin magnifique, finira en vagabond des étoiles hirsute et fou.
C’était lui ou moi : ce fut lui.
Ce roman de notre fraternité blessée, je le lui dois. »
Pour en arriver à son frère, nous devons passer par toute la famille, des grands-parents maternels Schneider-Brissac, plus une parente, la comtesse d’Uzès. Ce qui nous vaut un listing de tous les biens et titres dont s’enorgueillit toute la famille.
L’aveu d’une famille collabo et raciste semble très mode.
La mère fausse frondeuse et soi-disant féministe est surtout une bourgeoise, intellectuelle et à côté de la plaque qui ne prend aucune responsabilité. Idem pour le père, Maurice Herzog, le célèbre vainqueur de l’Annapurna (au détriment de ses coéquipiers qui le sauvèrent) et qui fut un court instant ministre. Ce « héros » a passé le reste de sa vie à se vanter et se reposer sur ces quelques lauriers en ne s’occupant que de ses conquêtes féminines. Rapidement divorcé, lui, non plus, ne s’occupait pas de ses gosses. Le frère et la sœur ont donc grandi sous la houlette de nounous qui capitulaient assez vite et changeaient souvent. Études dans des lycées privés et catholiques, beaucoup de sport et grande concurrence entre eux. Le frère, fêlé de naissance, battait sa sœur qui avait souvent besoin d’aller à l’hôpital pour se faire recoudre.
Pourtant, Melle Herzog est fascinée par son frère au point de se calquer sur lui et de le dépasser dans les études. Elle est aussi fascinée par toute cette famille qu’elle critique, mais dont elle suit le modèle tout en le réfutant.
Vous me suivez toujours ? Non ! Je vous comprends.
Ce livre n’est qu’une valse hésitation sans aucun intérêt historique, voire psychologique (ce pour quoi je l’avais pris, induite en erreur par la 4e de couverture.) Beaucoup de mots et de métaphores compliqués pour rien.

La Martine dépitée

HERZOG Félicité
Grasset, 2012, 302 p.

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Des mules et des hommes

Harry Crews (1935-2012) a surtout écrit des romans noirs.
Ici, il raconte son enfance pendant la Grande Dépression. Le sud de la Géorgie est une région misérable. La violence et l’ignorance y font la loi. La magie également, et la solidarité chez des paysans manquant de tout.
Le petit garçon connaîtra la maladie, et souffrira de l’alcoolisme de son père.
Je n’ai pas été totalement convaincu par ce récit misérabiliste, et par le style argotique.

Amitiés deep south,

Guy.

Harry Crews – Folio – 295 p.

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Edition et piège à cons

« J’ai le plaisir de vous informer que notre comité de lecture a accueilli favorablement votre manuscrit. Vous trouverez ci-joint un contrat vous indiquant les détails de notre proposition. »
Quatre secondes de bonheur entre ces mots magiques et le paragraphe 4.
« Le montant de votre participation […] représenterait 2279,40€ (détail hT et TVA dans le contrat ). »
Le 9 novembre, je reçois un nouveau refus poli de l’éditeur qui m’avait donné quelques conseils l’année dernière et auquel j’avais renvoyé mon roman début octobre. Le 10, je décide d’approcher un éditeur en lui envoyant mon manuscrit en Word par internet. Le 18, l’éditeur en question poste ça réponse que je reçois le 21 en rentrant chez moi.
Bien entendu, je ne débourserai jamais 2279,40€ pour me faire éditer et je ne signerai jamais ce contrat. Le butin n’est pas totalement nul cependant :
– Une belle pochette cartonnée ;
– Un joli marque-page ;
– Quatre secondes de bonheur ;
– Un projet de contrat en deux exemplaires avec quelques infos sur ce que pourrait être mon roman une fois édité. Je pourrai m’en servir comme brouillon, pour caler un meuble, pour allumer un feu, pour faire un origami, pour mettre sur le carrelage quand je cirerai mes chaussures…;
Ce n’est pas grand-chose, mais c’est gratuit. Alors, pourquoi s’en priver ?
Pourquoi ne pas signer? Parce que c’est super cher et plus généralement parce que l’édition à compte d’auteur est pour moi un synonyme de piège à cons. Parce que je n’ai pas envie d’éditer pour éditer, parce que je ne suis pas matérialiste et que la possession d’un joli rectangle en papier ne m’intéresse pas en tant que tel.
Le dernier refus précisait « vous ne nous avez toujours pas convaincus ». Je n’avais effectivement pas écrit mon roman pour convaincre tel ou tel éditeur, mais parce que j’avais envie de l’écrire. Que faut-il faire pour convaincre un éditeur ? Être du milieu ? Être célèbre ? Gagner un concours? C’est une idée les concours et justement, ils n’acceptent pas les romans édités. Raison de plus pour fuir l’édition à compte d’auteur.

Edouard

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Le jour où j’ai déjeuné avec le diable

L’auteur est né en 1958 au Maroc. ll est ingénieur des Ponts et chaussées, docteur en sciences économiques, et il enseigne la littérature française à Amsterdam.
Avec un tel parcours, pas étonnant qu’il jette un regard acerbe et souvent amusé sur notre société.
Ce livre rassemble des chroniques d’actualité, et permet de se faire une idée un peu plus riche du monde musulman, fut-ce par les yeux d’un arabe cosmopolite.
Nous sommes loin des rodomontades des islamistes barbus et bornés.

J’ai fait une copie d’une chronique trop longue à publier dans ce billet. Un cheikh fait sur la chaîne Al-Jazira l’apologie de la polygamie.
Édifiant…

Les têtes de Turc de l’ami Fouad: Wilders, le populiste et fasciste politicien batave, George W. Bush, la stupidité humaine, en particulier celle des fanatismes religieux.

Rafraîchissant.

Amitiés petit lait,

Guy.

Fouad Laouri – Zellige – 170 p.

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Le Chuchoteur

Cinq petites filles ont disparu. On découvre dans une clairière cinq petits bras gauches.
La chasse à l’homme s’organise, les fausses pistes donnent le tournis aux enquêteurs. Cette très longue histoire pleine de rebondissements a provoqué en moi des sentiments mitigés.
Aucun personnage n’est sympathique. Les flics pataugent dans leurs contradictions. Le personnage principal, une certaine, Mila, est loin d’être au clair avec ses motivations.
Certains coups de théâtre donnent envie de lever un sourcil ‘too much’.
L’auteur est italien, mais semble vouloir viser à l’universel.
Il lance ici un nouveau genre: le thriller baroque.
Beaucoup de fioritures donc, mais le lecteur s’y laisse prendre.
Quoiqu’Européen dans l’âme, je préfère les Américains dans le genre .
Amitiés european killer,
Guy.
Donato Carrisi – Poche – 569 p.

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Le potager des malfaiteurs ayant échappé à la pendaison

Encore une folle équipée dans la Laponie chère au cœur d’Arto.
Ce n’est jamais la même histoire, ni vraiment le même paysage.
Cette fois-ci, « L’inspecteur principal Jalmari Jyllänketo est envoyé par la Sécurité nationale finlandaise dans l’ouest de la Laponie. Alors que des rumeurs font état de mystérieuses disparitions, il doit enquêter sur un ancien kolkhoze reconverti en une florissante exploitation agricole ; les mines de fer sont devenues des champignonnières ; les terres marécageuses, des potagers bio. »
Jalmari, devenu pour l’occasion contrôleur en agriculture biologique, s’habitue très bien à l’ambiance familiale de l’étang aux Rennes. Plutôt d’un caractère accommodant, il est vite adopté et restera au-delà de sa mission, en envoyant de faux rapports et en devenant pourvoyeurs de main-d’œuvre « spéciale » pour la mine qui n’est, en fait qu’un camp de concentration pour gens peu recommandables. Une autre façon de voir la justice et la réinsertion dans la vie sociale des délinquants.
Si je veux bien me donner la peine de réfléchir, je reconnais que l’histoire n’est pas du tout morale. Encore que… toutes les idées ne soient pas mauvaises. mais… trop fatiguée pour réfléchir.
Encore un Paasilinna qui ne m’a pas déçu et m’a bien changé les idées.
La Martine
PAASILINNA Arto
Folio, 2012 (Denoël 2010 – 1998), 376 p.

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Augustine

Au XIXe siècle, Augustine, 19 ans, domestique, a des crises impressionnantes dans lesquelles se mêlent cris et convulsions en tous genres. Conduite à la Salpêtrière, elle y fera la rencontre de Jean-Martin Charcot qui la diagnostiquera « hystérique » et la prendra sous son aile.

Film intéressant, mais avec une mise en scène un peu trop académique à mon goût. Trop lisses, Vincent Lyndon et Chiara Mastroianni (Charcot et sa femme) semblent complètement sous-exploités. On se serait attendu à un peu plus de profondeur dans l’incarnation du grand défenseur de l’hypnose. Mais peut-être était-il fade dans la réalité, je ne sais pas.
Augustine est pas mal par contre, rien à dire.
Ce film m’a fait penser à un reportage d’Arte, voix off didactique en moins. Alors, on essaie de reconstituer autant que possible le contexte de cette époque où le souci d’écarter les aliénées de la bonne société semblait au moins aussi important que leur guérison.

Mais comment parler de guérison à une époque ou l’idée de la possession démoniaque était encore très présent dans l’inconscient collectif et où ceux qui tentaient de s’écarter de la religion ne savaient pas trop quels noms donner à ses étranges manifestations : psychiatrie, psychologie, psychanalyse, neurologie, endocrinologie…tout ça ne formait encore qu’un magma informe et sans nom.

Charcot proposera l’usage de l’hypnose pour soigner l’hystérie. Ce mot, désormais entré dans le langage commun, n’est plus utilisé pour désigner un trouble psychiatrique depuis un certain temps. Le meilleur moment du film est peut-être la lecture par Chiara Mastrianni d’un article de Maupassant qui déjà à l’époque, était très réservé sur le contenu de l’hystérie qui, on le sait aujourd’hui, recouvrait en fait des pathologies extrêmement diverses.

L’hypnose aussi sera critiquée, mais elle reviendra à la fin du XXe siècle avec l’aide de l’imagerie cérébrale qui fera la preuve de son efficience. Elle est en particulier aujourd’hui utilisée pour soulager la douleur et l’anxiété lors des opérations.
La finalité thérapeutique de Charcot qui pensait soigner l’hystérie en faisant revivre sous hypnose les crises de la patiente n’est pas très explicitée. On a surtout l’impression qu’il l’utilise pour se faire mousser auprès de ses petits camarades qui regardent avec concupiscence se tortiller et haleter la jeune, belle et innocente Augustine : un peu cliché, tout ça…

Bref, le sujet n’était pas simple et il était peut-être un peu trop ambitieux pour le premier film d’Alice Winocour. Allez, c’est quand même bien de parler de ces choses-là. On lui souhaite bonne chance pour la suite.

Edouard

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Une odyssée américaine

Après quelques années comme prof de lettres, Cliff décide de s’occuper d’une ferme au Michigan. Sa femme le quitte au bout de 25 ans de vie commune,et il décide de faire le tour des États-Unis en voiture.
Il emporte un puzzle avec lequel jouait son petit frère ,et qui représente les cinquante états de la nation. Lors de chaque passage d’un état à un autre, il jette la pièce correspondante par la fenêtre de sa voiture.
Pendant la première semaine, il est accompagné par une de ses anciennes élèves plutôt givrée et nymphomane. Cela tombe bien au début, puisque lui est du genre chaud lapin.
Son road-movie lui fera rencontrer une série de personnages folkloriques, dans des paysages à couper le souffle. Et son voyage se terminera par un espoir de réconciliation avec l’épouse infidèle.
Tout cela raconté avec paillardise, et une santé de conquérant des grands espaces.
Voilà un auteur qui a du souffle
Amitiés de grande prairie,
Guy.
Jim Harrison – J’ai lu – 284 p.

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Skyfall

Un ancien agent du MI6 tenu pour mort après avoir été abandonné par M pour des raisons politiques, refait surface et décide de se venger. Scénario vu et revu, mais comme on sait, le scénario n’a pas beaucoup d’importance dans l’univers très codifié de 007. Qu’est-ce qui fait alors un bon James Bond ?

La partie introductive qui précède le générique ? Souvent, elle n’a pas vraiment de lien avec la suite, mais pour « Skyfall », elle est essentielle. Comme son nom l’indique, l’opus parle d’effondrement. Bond, tel le phénix, renaît depuis 50 ans de ses cendres et continue à nous faire rêver. Skyfall n’est pas une aventure supplémentaire du célèbre espion: c’est un cadeau d’anniversaire, une plongée au cœur du mythe « Bond ».
Le générique ? La voix chaude et enveloppante d’Adèle remporte cette fois-ci l’épreuve haut la main.
Le méchant ? Indispensable ! Celui de Skyfall, campé par Javier Bardem, atteint des sommets. Sa folie frise avec celle d’un Klaus Kinski dans « Aguire».
Les morceaux de bravoure ? J’en retiendrai deux: la scène d’ouverture et une poursuite en heure de pointe dans le métro londonien.
La James Bond girl ? Elle passe un peu au second plan cette fois-ci. Le concept n’est-il pas un peu démodé, un peu phallocrate?
Les gadgets ? Si la James Bond girl est mise de côté, les gadgets sont eux relégués au rayon des antiquités. Le nouveau Q, un petit génie de l’informatique, s’en explique dans une scène savoureuse au musée. On est loin de la domotique des années 60 : à l’heure où le CD, le DVD et le livre papier tendent à disparaître, le stylo qui fait boom devient un peu ridicule..
James?James Bond est un mythe de la virilité, l’Apollon des temps modernes. Lui aussi doit évoluer pour répondre aux canons de la société. La dernière partie qui se passe en Écosse peut être vue comme un hommage au James des origines qui reste encore le meilleur : Sean Connery. Sans doute Roger Moore et Pierce Brosnan étaient-ils un peu trop parfaits et un peu fades. Daniel Craig, comme les héros de l’antiquité, tire son charme au moins autant de ses failles que de ses qualités. Ses traits ont vieilli bien sûr, ses performances sont un peu émoussées, mais 007 connaît son métier et il a du talent.
Le petit plus ? Ce qui fait un bon James Bond, c’est enfin le petit plus qui va faire qu’on ne va pas l’oublier. Cette fois, ci, c’est l’esthétique : aquarium géant numérique, combat en ombres chinoises, scène sensuelle derrière une plaque en verre martelé, jeux de lumière sur M au bord d’une fenêtre contemplant la campagne écossaise en attendant l’apocalypse…Skyfall est un film d’une grande beauté.

Savoir traverser la guerre froide, le libéralisme triomphant des années 90 et l’univers incertain et ultra-mondialisé de l’après 11 septembre, c’est un défi que seuls Bond et Johnny Halliday peuvent relever. Savoir transgresser les codes et les faire évoluer sans les violer, c’est sans doute aussi l’âme du génie britannique.
Edouard

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L’amour dure trois ans

Beigbeder écrit des chroniques incisives dans la revue Lire. J’avais apprécié ‘Premier bilan après l’apocalypse’, parfaitement subjectif et plein de mauvaise foi assumée. Au vu de ce roman, il semble meilleur critique que romancier.
Même si un critique l’a comparé à un ‘Musset fin de siècle’… L’histoire en bref: Marc est quitté par Anne, et il conquiert Alice. C’est tout? Ben oui.
Beaucoup de bons mots. La deuxième partie de cette édition est consacrée au scénario du film.
Extrait:
MARC (en voix off)
Je faisais exprès de marcher lentement pour pouvoir penser à elle plus longtemps.
Il se fait doubler par une très vieille dame qui promène son chien.
LA VIEILLE DAME
Pauvre con!
Musset??
Amitiés galipettes,
Guy.

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