True Grit

Mattie Ross, une gamine de 14 ans, fait appel au chasseur de prime Rooster Cogburn pour venger son père de Tom Chaney, l’homme qui l’a tué. Dans leur traque, ils sont accompagnés par Laboeuf, un autre chasseur de prime chargé de capturer le même homme pour un crime commis sous une autre juridiction.

42 ans après Henry Hathaway, Joël et Ethan Coen reprennent à leur sauce « cent dollars pour un shérif ». Dans le rôle de Cogburn, Jeff Bridges reprend le rôle initialement occupé par John Wayne.

Paris Première a eu la très bonne idée de programmer le film d’Hattaway le lendemain de la sortie du film des Coen. En regardant successivement ces deux films, j’ai donc enfin pu essayer de percer le secret des champions de la caricature de l’Amérique profonde.

Le film d’Hattaway est archi classique et d’une mièvrerie affligeante : un western « à l’ancienne » digne des années 50 et tourné en 1969, 3 ans après le très moderne « Le Bon, la Brute et le Truand » de Sergio Leone.

La différence entre les deux films n’est à première vue pas à rechercher dans le scénario. Certains plans et dialogues de True Grit sont même des copier-coller de « cent dollars… » La différence la plus flagrante tient tout d’abord aux acteurs.
La Mattie d’Hattaway est une caricature de garçon manqué monté en graine et ses rapports avec Cogburn restent ceux d’une enfant et d’une « grande personne ». Celle des Coen a une féminité toute en devenir et sa relation avec le chasseur de prime est comparable à celle de Natalie Portman et Jean Raino dans Leon. Jeff Bridges semble moins fatigué et plus délicieusement décadent que John Wayne et Matt Damon est moins niais que le « Laboeuf » de 1969.
Ce qui change dans le scénario, ce sont d’abord les proportions. Les Coen ne s’attardent pas sur les conditions de la mort du père de Mattie, ni sur tout un tas de détails secondaires qu’ils évoquent, mais qu’on comprend mieux chez Hattaway. Ils se concentrent sur la traque de Chaney dans un grand ouest désertique au milieu duquel ils sèment des personnages paumés et mille et un détails loufoques qui font leur marque de fabrique.
La principale différence scénaristique tient en fait dans les 15 dernières minutes de True Grit. Cette fin donne une magie, une profondeur et une noirceur scotchante au film qui n’existait bien entendu pas dans la version de 69. Cette fin, qui montre que les blessures les plus profondes sont souvent inattendues et que l’héroïsme le plus fort n’est pas forcément le plus visible, fait de True Grit un film drôle et dur qui me marquera durablement.

Edouard

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Valentin, une histoire d’amour

IIIe siècle après Jésus Christ, sous le règne de l’empereur Claude II, Théophraste, un médecin renommé d’Alexandrie, décide de prendre sous son aile un jeune apprenti prénommé Valentin. Quelques années plus tard, nous retrouvons Valentin à Rome. Devenu un médecin hors pair, il va s’élever dans la société et, pour le meilleur et pour le pire, va faire la rencontre de Julia, la fille aveugle d’un directeur de prison.

Qui était saint Valentin ? A-t-il existé ? Y a-t-il eu plusieurs individus derrière le saint ? Personne ne le saura jamais.

Du récit peu scientifique relaté 1000 ans après les faits par Jacques de Voragine dans sa « légende dorée », Chet Raymo ne retient que l’époque et la fille aveugle d’un fonctionnaire romain.

Il fait de Valentin un personnage crédible, un libre penseur (un peu trop moderne peut-être) évoluant dans un empire décadent. Il observe avec curiosité la progression rampante du christianisme qui, très peu gênée par les fauves des cirques auxquels ses adeptes sont jetés en pâture, poursuit inexorablement sa course.

Certes, le style n’est pas extraordinaire (la faute du traducteur ?) mais l’action est bien rythmée et l’histoire d’amour est bien belle. Au début, j’ai goûté ce roman comme j’ai goûté à 15 ans les jolis romans d’aventure un peu naïfs de René Barjavel. Mais il ne faut pas s’y tromper. Au-delà du récit épique, il y a toute une réflexion historico-philosophique très intéressante sur l’avènement du christianisme et sur ce qu’à pu être l’existence des premiers saints du calendrier.

Il y a aussi dans l’ouvrage des préoccupations plus contemporaines. Derrière la critique des jeux du cirque, on devine sans peine une mise en garde contre les pouvoirs pervers des médias et, à travers le regard que l’auteur porte sur la société romaine, on perçoit une recherche dépourvue de manichéisme sur les rapports complexes qu’entretiennent « religion », « sagesse » et « fanatisme ».
Un très beau livre à lire seul ou même à deux.
Valentin, une histoire d’amour
Chet Raymo
Belfond
2007

Edouard

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Une odeur de « free » pourri

Les médias l’avaient largement annoncée, la hausse de la TVA sur les fournisseurs d’accès internet/télévision/téléphone, est intervenue le 1er février 2011. Jeudi 3- En rentrant du boulot : pas d’internet, pas de téléphone et, bien entendu, plus de télé. J’essaie d’appeler free qui me propose d’une part d’adhérer à la nouvelle freebox révolution, et tout, et tout…en appuyant sur « 1 » ou de me diriger sur un conseiller client susceptible de résoudre mon problème en appuyant sur « * ». La nouvelle freebox…rien à foutre. Il va falloir ramener l’ancienne, refaire les branchements… je connais la musique. Moi, ce que je veux, c’est quelqu’un qui me dise pourquoi ça marche pas. Manque de chance, une boîte vocale m’annonce qu’ « en raison d’un grand nombre d’appels, il n’est pas possible de me mettre en relation avec un conseiller client ». Ok, c’est un problème réseau, il faut attendre. Vendredi 4- Pas beaucoup d’amélioration. A partir de 23h00, internet et le téléphone reviennent un peu. Le standard est toujours inaccessible et je ne veux toujours pas la nouvelle « freebox ».Samedi 5- Nette amélioration du téléphone et d’internet mais pas de télé. Je vais voir sur le portail free, rien de précis.Dimanche 6- Idem.Lundi 7- La même chose. Je commence à me rendre compte qu’on peut très bien vivre sans télé, avec des CD, des bouquins et des DVD.Mardi 8- Pas mieux. Ca m’énerve quand même cette histoire de télé. Je pense à une petite application humoristique qui circulait en 2004, au moment de la réélection de Bush. L’internaute avait en apparence le choix de voter Kerry mais techniquement, c’était impossible. Et si ce « grand nombre d’appels » était une vaste connerie nous obligeant à acheter la nouvelle « freebox » ? Et si acheter la nouvelle « freebox » était en fait le seul moyen d’avoir à nouveau la télé ?Mercredi 9- Je veux en avoir le cœur net. Je veux parler à quelqu’un et après trois essais infructueux, trois « en raison d’un grand nombre d’appels… », je décide d’appuyer sur « 1 », espérant tomber sur un être humain. Ma naïveté me perdra. Une boîte vocale me remercie d’avoir acheté la nouvelle freebox et m’informe qu’un mail m’a été envoyé. Je vais voir et là, on m’annonce que le je devrai payer 57€ pour avoir la nouvelle freebox. 

Aaaaaargh, je me suis fait zéber !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Ils l’emporteront pas au paradis des triple play, les salopards !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Que faire ? Changer de fournisseur d’accès ? Je doute fort que les autres soient moins requins.  Non, il n’y a que deux choses à faire. Hurler ma haine de la société de consommation sur mon blog et aller payer ma nouvelle freebox.

Edouard

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Le Zubial

« Le Zubial » est le nom qu’Alexandre Jardin et ses frères donnaient à leur père, Pascal Jardin, écrivain et scénariste mort d’un cancer en 1980. « Le Zubial », aux dires de l’auteur qui avait 15 ans au moment de sa disparition, était un être hors normes. Un personnage extravagant qui refusait toute barrière sociale ou morale susceptible de brider sa créativité : un personnage de roman échappé dans la vraie vie, comme l’explorateur de « la rose pourpre du Caire » de Woody Allen.

Je n’ai suivi que distraitement les polémiques autour du dernier livre d’Alexandre Jardin dans lequel il parle du passé vichyste de son grand-père et je ne ferai donc pas d’analogie entre ces deux ouvrages.

Ce que je peux dire, c’est que ce bouquin m’a beaucoup énervé. Enfin, c’est plus l’auteur que l’ouvrage qui m’a énervé. Il y a quelque chose d’assez incroyable chez Alexandre Jardin. Sa naïveté et son immaturité sont d’autant plus désarmantes qu’il ressort tout de même quelque chose d’intéressant du livre : une réflexion sur le poids du père, sur le poids d’une famille et sur l’identité d’une famille résumée à l’image du père. Ces éléments, il les évoque pourtant bien, mais on a le sentiment que c’est par hasard et qu’il n’y fait pas vraiment attention.

On comprend que l’auteur a écrit cet ouvrage pour se soulager du chagrin consécutif à la perte de ce géniteur écrasant à côté duquel il s’est toujours senti « petit garçon » ; de ce père qu’il a tenté d’effacer de sa mémoire pendant de nombreuses années sans jamais y arriver.
Qu’on puisse être fasciné par son papa à 15 ans, ce n’est pas anormal; mais qu’à 32, on dise « il m’a légué une certaine idée de l’amour, tant de rêves et de questions immenses que, parfois, il m’arrive de me prendre pour un héritier », je trouve que s’est inquiétant.
Comme s’il lui était impossible d’imaginer sa vie autrement qu’en la mesurant à l’aune de celle de son père. Ses préoccupations sont peut être finalement celles de tous les « enfants de… » qui ont du mal à exister à côté de l’aura laissée par leur père ou leur mère (Charlotte Gainsbourg, Paul Belmondo, Anthony Delon, Thomas Dutronc…), mais elles n’en restent pas moins effrayantes !
On a envie d’appeler Alexandre Jardin et de lui dire : « Mais qu’est ce que tu sais vraiment de ton père ? Qu’est ce que tu sais de quelqu’un que tu n’évoques qu’à travers ses cabrioles ? Ne serait-il pas temps de te demander qui il était vraiment ? Mais peut être qu’au fond de toi tu as envie de continuer à te persuader qu’il n’était pas vraiment humain, qu’il était autre chose ; qu’il était un « Zubial » ? ».
Le Zubial
Alexandre Jardin
Folio
1999

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Edition et rectangle

L’objet de la rubrique « édition » était initialement de faire partager les différentes étapes allant de la finalisation de la toute première mouture d’un roman jusqu’ à son édition. Je ne savais pas où cette rubrique me mènerait, mais elle me permettait de mettre de l’ordre dans mes idées tout en communiquant des informations susceptibles d’intéresser d’autres auteurs en quête d’éditeur.
Deux événements ont modifié sensiblement la trajectoire initiale. Tout d’abord, à l’issue des différents retours de mes relecteurs, je me retrouve à nouveau dans une phase d’écriture qui retardera l’envoi aux éditeurs et donc la publication.
Le second événement a été relaté dans « édition et destin ». C’est la proposition étrange d’une maison d’édition allemande de publier mon mémoire de fin d’études. J’ai douté du sérieux de cette proposition jusqu’au bout, mais aujourd’hui, je dois bien admettre qu’il s’est passé quelque chose puisqu’en rentrant chez moi ce soir, j’ai trouvé un coli sur lequel il y avait une inscription écrite en allemand et à l’intérieur, un objet rectangulaire constitué d’une couverture et d’un dos cartonnés, ainsi que d’une quarantaine de feuilles remplies d’encre, de lettres et de mots : mon « livre ». Ça me fait un peu mal de penser que cette chose est un « livre ». Disons que c’est mon mémoire de DESS écrit il y aura bientôt dix ans et présenté sous forme de livre.
C’est de l’argent vite gagné pour la maison d’édition (éditions universitaires européennes). J’ai tout saisi en ligne, j’ai choisi le titre et le sous-titre, j’ai choisi la photo pour la couverture, j’ai rédigé le quatrième de couverture et un mini-texte pour me présenter. Je n’avais pas pris la peine de relire le document et les fautes d’orthographe et autres coquilles que le lecteur pourra trouver dans l’ouvrage sont celles laissées il y a dix ans dans l’exemplaire remis à mon directeur de DESS. Ils n’ont fait aucun travail de relecture et ils vendent ça 39€ (avec 12% de droits d’auteur pour moi) !? Je suis honteux aujourd’hui de m’être livré à ce petit jeu qui me rapportera peut-être quelques euros.
Pour me faire pardonner, je m’engage à envoyer mon mémoire sous forme de fichier Word à toute personne intéressée par « la rédaction de mémoires contentieux en droit de l’urbanisme ». Il suffit pour cela de m’envoyer un message en cliquant sur « me contacter », en bas de la colonne de gauche du blog.

Edouard

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