Papa Néandertal?

En prévision de la sortie, mercredi prochain d’ « AO, le dernier Néandertal » de Jacques Malaterre, France 3 a programmé hier soir à une heure impossible (22h45), un documentaire présentant la grande découverte de l’année : la preuve génétique de l’interfécondité entre Sapiens et Néandertal. Télérama, un magazine que je respecte beaucoup, cassait complètement cette émission en se focalisant sur un extrait du film dans lequel on voit papa/Néandertal et maman/Sapiens…jouer au papa et à la maman. C’est vrai, cette scène n’a absolument aucun intérêt (on sait comment ça marche). De même, l’idée de faire déambuler un faux néandertalien dans Paris pour démontrer que personne n’y fait attention est un peu débile. Enfin, la présentation idéalisée de Néandertal en « gentil sauvage », ainsi que la conclusion sur l’acceptation de la différence, est assez niaise.

Ceci dit, ces grosses ficelles permettent de faire passer une réalité scientifique (la coexistence aujourd’hui entre des espèces de Sapiens différentes sur la surface du globe) sur laquelle il est délicat de communiquer puisqu’elle touche à la notion de « race ». Elles permettent aussi de tordre le cou à l’idée reçue du massacre de Néandertal par Sapiens. Malgré toutes ses imperfections et maladresses, cette émission a donc eu le mérite de dire la vérité.
À mon avis, cela lui donne une valeur beaucoup plus grande que des présentations plus brillantes, mais qui nient cette découverte majeure, comme la vidéo de 6 minutes du très médiatique paléoanthropologue Pascal Picq, que l’on trouvait hier sur le site du journal « Le Monde ».

Edouard

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L’aliéniste

Avant l’avènement de la médecine moderne, un psychiatre s’appelait un aliéniste.
Les seuls médicaments à sa disposition: le chloral et la cocaïne. L’histoire racontée ici commence en 1896. John Moore, un journaliste, aidé de Laszlo Kreizler (l’aliéniste), tente de débrouiller une série de crimes dans un New York sordide à souhait. Avec une
jeune femme ambitieuse et deux frères plutôt folkloriques, ils vont former un quintette assez créatif. Tout cela avec la bénédiction de Théodore Roosevelt, le futur président encore préfet à l’époque. C’est bien raconté, bien traduit, un roman policier
moderne dans une période qui ne l’est pas (encore). Sigmund Freud prendra la relève un peu plus tard. Mais ce sera une autre histoire.

Amitiés enquêteuses,
Guy (29/09/2012)

New York : 1896. Dans un quartier chaud de Manhattan, on retrouve les corps horriblement mutilés de jeunes garçons. Pour faire face à l’inefficacité de ses services ; Théodore Roosevelt, alors préfet de police de la ville, fait appel à l’aliéniste (nom donné aux psychiatres à l’époque) Laszlo Kreizler et au journaliste d’investigation criminelle John Moore. La petite équipe que vont constituer les deux hommes va se lancer à la poursuite du meurtrier en faisant usage de méthodes considérées alors comme peu orthodoxes.

Plus qu’un « grand roman », l’aliéniste est un livre qui présente un « grand intérêt ». L’ouvrage (pas loin de 600 pages) ne nous fait pas seulement découvrir la physionomie de l’île à la fin du XIXe siècle, mais nous mène aussi au cœur des débats idéologico-scientifiques qui secouaient alors les États-Unis. Enfin, il décortique le mythe du « serial killer » créé par les journalistes londoniens dans les années 1880, lors de l’affaire « Jack l’Éventreur ».

Caleb Carr s’est très bien documenté : c’est peu dire. Trop ? Non, si on décide de prendre le livre comme une sorte d’essai vulgarisé. Oui, si l’on recherche surtout une intrigue romanesque. L’action est très lente à se mettre en marche et, après les 200 premières pages, ne voyant toujours rien venir, c’est presque avec surprise qu’on la voit tout à coup prendre forme.

L’intérêt principal du livre réside donc pour moi dans le côté « essai ». Qu’est-ce qu’un tueur en série ? Un homme normal corrompu par la société ou un être diabolique qui ne mérite pas de faire partie du genre humain ? Kreizler et ses acolytes pensent qu’ils font partie de la première catégorie et, en traquant leur proie, ils cherchent aussi (et surtout ?) à étayer leur thèse. Ce qui est en jeu, ce n’est rien de moins que les bases de l’identité du pays : le rêve américain. Admettre que des conditions socio-économiques peuvent encourager de telles déviances, c’est admettre qu’il n’y a pas d’égalité face à la réussite sociale.

En conclusion, l’auteur met en évidence le fait que le serial Killer est aussi nécessaire à l’équilibre de la société américaine que celle-ci l’est au sien (si toutefois, on peut parler d’ « équilibre » pour un tueur en série).
Bref, on pouvait arriver aux mêmes conclusions en lisant un album des schtroumpfs : Gargamel est indispensable à l’équilibre du village et les petits êtres bleus donnent un sens à sa vie.

Edouard

L’aliéniste

Caleb Carr

2008

Pocket

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Edition et chatterton

Je viens d’en parler, je suis allé poster vendredi dernier mon manuscrit afin de pouvoir bénéficier d’une protection juridique minimum grâce au cachet de la poste. Dans « j’ose éditer mon livre » de Lorenzo Soccavo que je suis en train d’éplucher (le livre, pas l’auteur), ils disent de ne pas oublier de mettre du scotch sur le rabat de l’enveloppe: ce que je n’ai pas manqué de faire. En allant fiévreusement chercher mon recommandé hier soir, j’ai trouvé mon enveloppe à moitié déchirée sur l’un des côtés. Que c’est il passé exactement ? Quels événements dramatiques ont bien pu aboutir à ce résultat ? Sans doute l’œuvre d’un facteur maladroit et violent ? Le fils improbable de Jacques l’éventreur et de Pierre Richard. On peut tout imaginer…peut-être une idée pour un prochain roman.
Donc, premier enseignement de mes aventures éditoriales : en envoyant un manuscrit par la poste, ne pas oublier de scotcher aussi les côtés de l’enveloppe. Je progresse…

Edouard

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Faire sortir le petit oiseau

J’en ai rêvé pendant des années, je l’ai enfin terminé. C’est vrai, terminer un roman, ce n’est pas encore être écrivain, mais quand même… c’est un début. Un roman après le premier point final, c’est encore un bébé dans le ventre de sa mère. Certains le gardent toute leur vie comme un journal intime. D’un certain côté, je peux comprendre : on peut passer sa vie à retravailler le même roman. D’autres réservent la lecture uniquement à leurs proches. D’autres enfin décident de chercher un éditeur. J’appartiens à cette catégorie.
Pourquoi chercher un éditeur ? Pour devenir riche et célèbre ? S’il est rare de devenir célèbre grâce à la littérature, il est encore plus rare de devenir riche et, si l’on veut écrire, mieux vaut avoir un autre boulot pour rester zen. À cet effet, la lecture d’ « illusions perdues » de Balzac apparaît comme un antidote salutaire contre tous les fantasmes qui entourent la littérature et qui, pour ma part, me bercent depuis mon adolescence. Bref, autant me le dire tout de suite : « je ne serai jamais riche et célèbre grâce à l’écriture ». Ce que je recherche tout de même, c’est une reconnaissance littéraire, au moins par un éditeur. Bon, il ne faut pas me voiler la face, au fond de moi-même, je sais que je continuerai toujours un peu à me faire des films…c’est humain.
Donc, chercher un éditeur, c’est décider un jour de se séparer de sa progéniture et, rapidement, comme l’on met des vêtements chauds à un enfant pressé d’aller jouer dans la neige, on pense à la protection de l’ouvrage. Dès cette étape, il faut trouver le juste milieu entre naïveté et paranoïa.
Tant que le roman n’a pas quitté le disque dur, ça ne semble pas nécessaire de le protéger ou alors, on est déjà dans la paranoïa. L’astuce dont on m’avait parlé et que j’ai revue depuis sur internet est de s’envoyer une version papier de l’ouvrage. D’accord, ce n’est pas le dépôt légal, mais c’est quand même mieux que rien. Pour moi, c’est chose faite et j’irai récupérer mon recommandé lundi.
Pour une protection un peu plus solide, il y a le dépôt à la société des gens de lettres (SGDL), rue du Faubourg Saint Jacques à Paris, en face de l’hôpital Cochin. J’y suis hier passé pour voir. C’est un lieu superbe et un peu intimidant, surtout pour un écrivain en herbe. Déposer à la SGDL, n’est-ce pas un peu être un homme de lettres ? Non, bien entendu, mais j’espère y trouver des gens qui pourront me donner des conseils. C’est un début de réseau : un harpon sur l’univers du livre dans lequel l’éditeur n’est qu’un personnage. Donc, probablement le mois prochain, je déposerai mon manuscrit à la SGDL.
Depuis huit jours, l’oiseau s’est envolé vers mon premier relecteur (qui est une relectrice). Je sais seulement qu’il est bien arrivé. Il me manque déjà…

Edouard

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L’univers impitoyable de l’édition

Je viens de terminer mon premier roman et compte bien un jour le faire publier.
Cet article ouvre la rubrique « édition » de « général Lee ». Elle me permettra de mettre mes idées en ordre, de faire partager mes découvertes d’un monde que je ne connais aujourd’hui qu’à travers « la petite marchande de prose » de Daniel Pennac et « illusions perdues » de Balzac. J’espère aussi apporter des réponses à d’autres auteurs qui se posent les mêmes questions que moi.
Cette rubrique commence donc par le commencement : la réalisation de la première version d’un roman et se terminera, je l’espère, par la publication. Peut-être aussi qu’elle ne se terminera jamais.
À très bientôt

Edouard

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