Astérix chez les Pictes

 

Astérix et Obélix se rendent en Écosse pour raccompagner chez lui un Picte échoué sur le rivage armoricain.

Historix qu’ils disaient. Un Astérix qui continue à vivre sans ses créateurs, est-ce possible ? Ben oui, c’est possible. Graphiquement, je ne vois pas la différence, le naufragé Picte ressemble d’ailleurs comme deux gouttes d’eau à Oumpah-Pah, le valeureux Peau-Rouge qui a fait rêver nos chères têtes grises et blanches dans leur enfance. Sinon, d’un point de vue scénaristique, c’est bien pourri…si l’on a plus de 12 ans. Je ne pense pas que ce manque de qualité soit imputable à Ferri et Conrad. Je ne suis plus un mordu d’Astérix depuis de très nombreuses années, mais en feuilletant les dernières aventures, j’avais bien senti une baisse de régime.

Certains disent que le déclin remonte au décès de Goscinny en 1977. Je ne serais pas aussi catégorique, mais il est vrai que pour moi, les albums les plus géniaux sont ceux des années 60 et 70. Ah…les romains décadents d’Astérix chez les Helvètes, c’était quand même quelque chose ; et celui qui n’arrêtait pas de perdre son bout de pain dans la fondue et qui voulait qu’on le châtie alors que tout le monde s’en foutait… il fallait le faire.

« Astérix chez les Pictes » est un album qui semble englué dans l’académisme. Il y avait cet esprit d’Astérix qui, comme celui de Tintin, a bercé mon enfance, un esprit qu’avait su retrouver Chabat dans « Mission Cléopâtre ».

Les 3 jeux de mots par case ne suffisent pas, ni les noms en « mac » des Pictes pour rallumer le feu. Dans les années 60, le petit village d’irréductibles qui résistaient toujours et encore à l’envahisseur renvoyait bien entendu à l’occupation allemande et revisitait le mythe gaulois élevé en dogme depuis la fin du XIXe ; tout ça dans un savant dosage de rigueur historique et d’impayables anachronismes. Le coup de génie des deux fils d’immigrés répondait à une attente profonde de la société française en pleine mutation. Quels sont les grands traits qui caractérisent la société actuelle ? La mondialisation ? La société de consommation ? L’environnement ? L’empire de la finance internationale ? J’espère que les nouveaux auteurs sauront adapter la BD aux attentes du monde actuel.

J’ai profondément douté de leur motivation devant la 7e case de la page 46 : Astérix, jette négligemment une gourde dans un lac en se justifiant par ces mots : « elle ne servira plus ». Il pourrait au moins s’abstenir de polluer.
Ferri-Conrad
Ed Albert-René
2013
Edouard

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Petit traité de désinvolture

Petites  chroniques par le ‘wanderer’ de la littérature française
Depuis de nombreuses années, l’ami Denis rassemble dans ses petits carnets des réflexions pétries d’humour dans les domaines qui lui tiennent à cœur: les arts, la philosophie, son chat, sa grand-mère, ses voyages, la littérature…
Un des titres:
‘Élucubrations vélomotorisées où il est question du temps et de la vitesse, mais aussi des chats, des tortues et des Chinois’. De quoi s’occuper…

C’est fort bien écrit, et cela me fait penser – allez savoir pourquoi – à la chanson: Il est libre Max, il y en a même qui disent qu’ils l’ont vu voler.

Amitiés colibri,

Guy.

Denis Grozdanovitch – Ed. José Corti – 266 p.

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Polarama

Un auteur raté dans le porno et les fantômes, Bloch, va voir un prisonnier, Darian Clay qui n’a plus que 88 jours à vivre. Le « monstre » lui demande d’écrire des histoires pornos pour sa « satisfaction personnelle » et en échange il lui racontera sa vie qu’il pourra faire éditer après son exécution.
C’est en gros ce que j’ai cru comprendre de la 4e de couverture.
Le Bloch paraît sympathique par sa maladresse et sa naïveté. Il pratique l’autodérision, nous prévient qu’il veut écrire de façon à attirer notre attention. Dès le début, il nous dit que la première et la dernière phrase sont les plus importantes. Après avoir lu le début, encore faut-il avoir le courage, l’abnégation, de lire la suite jusqu’à la dernière phrase.
Je me suis dégonflée à la 102e page (quand mémeu !) ne voyant aucun intérêt à son volubile verbiage.
C’était supposé être un « polar satirique (Mouais !), un thrilleur flippé (certes !) et une enquête littéraire. (Ouille ! La prétention !) »
La Martine bêtifiée
GORDON David
Acte Sud, 2013 (2010), 405 p.

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Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire

 

Le jour de ses 100 ans, Allan Karlsson décide de s’évader de sa maison de retraite.

Très bonne accroche, 20 premières pages à pleurer de rire, 100 premières pages vraiment sympa. Les 400 qui suivent sont lourdes, peu crédibles, sans intérêt et la fin ne rachète rien.

Le plan du roman se divise en deux intrigues qui se développent parallèlement.

La première, axée sur le présent, commence en fanfare, on pense à Paasilinna et d’ailleurs, Jonasson site le finlandais à un moment comme pour dire : « non, non, je ne suis pas une version suédoise de l’auteur du lièvre de Vatanen ». Ceci dit, je me souviens d’avoir lu un roman de Paasilinna il y a une bonne quinzaine d’années dans lequel une vieille décidait de s’échapper dans la nature avec son chien (je n’ai pas retrouvé le titre sur internet, si un lecteur de cet article le connaît, je suis preneur).

L’intrigue parallèle raconte le siècle de l’aïeul. Les débuts dans la vie du jeune Allan sont potables, mais après, ça devient vraiment n’importe quoi. Ce qui rend Allan sympathique au début, c’est son comportement tout à fait imprévisible. Il devient assez rapidement une espèce de Forest Gump, expert en explosif, qui croise tous les grands de ce monde : Franco, Churchill, Mao, Truman…qui, évidemment, le trouvent génial et deviennent ses grands amis en trois coups de cuillère à pot. Tous ses « grands » personnages n’ont aucune profondeur et semblent complètement interchangeables. Au bout d’un moment, flanqué du demi-frère quasi demeuré d’Einstein qui lui sert de faire valoir, Allan prend de l’envergure et commence à devenir une sorte d’Indiana Jones, mâtiné de MacGyver. On pouvait s’y attendre, il finira en James Bond.

Vous l’avez compris, les deux intrigues se rejoignent au bout de 500 pages, mais finalement, tout ça aurait pu faire 1000 ou 1500 pages. Il n’y a pas de réelle progression, c’est une succession de sketches. Allan a soi-disant 100 ans, mais il aurait pu en avoir 80 ou 70. Aucune réflexion sur la vieillesse, il semble immortel. Vous me direz que vu sa carrière, rien d’étonnant qu’il finisse en Highlander. Un roman qui a sans doute beaucoup fait rêver dans les maisons de retraite, mais qui pour moi, ne présente pas un grand intérêt (peut être que je suis trop jeune, il faudra que je pense à le relire dans 60 ans). Si ça permet à certaines personnes âgées de s’évader, pourquoi pas, mais je trouve que c’est un peu prendre les vieux pour des débiles.

Finalement, le coffret de Noël aux éditions Pocket, recouvert d’une feutrine qui lui donne une texture de charentaise, est le meilleur résumé qu’on puisse faire de l’ouvrage.

Edouard

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Meurtres au scalpel

Vous cherchez un bon policier? Ne lisez pas celui-ci.
Temperance Brennan, titulaire de plusieurs diplômes, parmi lesquels celui d’archéologue et d’anthropologue tombe sur un cadavre lors de fouilles sur un site de Caroline du Sud. La mort ne date que de quelques années, alors qu’elle a plutôt l’habitude d’ossements plus anciens. Très amie avec la coroner du coin, elle participera à l’élucidation de plusieurs crimes, surtout quand l’amie en question lui annoncera qu’elle est atteinte d’un lymphome non hodgkinien (cela ne s’invente pas). On apprend des tas de choses dans ce livre, entre autres l’existence de malacologistes (spécialistes des mollusques). On s’y ennuie également beaucoup, surtout lorsque Tempe doit louvoyer entre son ex-mari (qu’elle aime toujours) et son nouvel amant importé du Canada.
L’atmosphère me rappelle ces feuilletons américains, truffés d’humour à deux balles, avec applaudissements et rires enregistrés.
Amitiés nécrologiques,
Guy.
Kathy Reichs

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Pixar, 25 ans d’animation

Au musée d’art ludique jusqu’au 2 mars, à côté de la gare d’Austerlitz.

Bon, je me suis encore planté de queue. Je m’apprête à me diriger vers la queue « sans billet » quand un agent de sécurité m’interpelle.

– Je peux vous permettre de ne pas faire la queue en vous vendant un billet directement.
– Euh…, vous êtes bien un agent de sécurité ?
-12€, sinon, il y a 30 minutes de queue.
Je lui tends un billet de 20€, mais il n’a pas la monnaie.

La queue « sans billet » est vraiment très longue et n’avance pas vite, plutôt 45 min que 30, à mon avis. Je commence à me dire que j’aurais peut-être dû lui laisser la monnaie quand je le vois arriver avec le sourire et 8€. Nous procédons à l’échange standard sous l’œil médusé des derniers arrivants, agglutinés derrière moi. Je pense que s’il s’était agi d’une barrette de shit, ils n’auraient pas été plus étonnés. Comme mon revendeur est agent de sécurité, il me fait aussi squeezer la queue « avec billet ».

Arrivé dans la première pièce, en voyant les regards amusés de Nemo et de Buzz l’éclair, je commence à comprendre. Ah d’accord, j’me disais aussi, ce genre de chose n’arrive jamais dans la vraie vie, ils sont vraiment fort ces Américains.

Expo sympa, beaucoup d’esquisses, d’aquarelles, de story-boards récapitulant les différentes phases de la construction des films d’animation, j’aurais bien aimé des panneaux un peu plus techniques et didactiques, mais les organisateurs de l’expo ont visiblement visé en priorité les 8-12 ans et leurs parents. Je ne regrette cependant pas d’être venu d’autant plus que je suis assez fan, je ne les ai pas tous vus, mais presque. Ils ont un incontestable talent pour donner de l’épaisseur à leurs personnages. Leurs scénarii et leurs univers tiennent aussi généralement bien la route. Mon préféré, c’est Wall-e. Bref, on s’en met plein les mirettes. Pour couronner le tout, une animation 3D sans lunettes assez sympa récapitule l’univers de Pixar.

Le clou de l’expo est le zootrope. Des personnages de Toy story sont positionnés sur un disque géant. En tournant à une certaine vitesse, le disque donne l’illusion que les personnages s’animent. C’est le principe de la lanterne magique qui a émerveillé nos arrières grands-parents à la belle époque : on ne réinvente pas l’eau tiède. Pas mal, mais ça ne vaut pas le coup de l’agent de sécurité revendeur.

À la sortie, je cherche en vain une représentation en magnet, en carte postale, en mug, en tasse à café, voire en t-shirt de mon bienfaiteur. Étrange, c’était peut-être une taupe de chez Disney.

Je me rabats sur un magnet Wall-e, histoire de me souvenir que tout ça n’était pas un rêve.

Edouard

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Le Jardin du repos

« Ayant accepté l’invitation de son ancien condisciple, Yao, à résider dans le pavillon du Jardin du repos de sa propriété, un écrivain renommé, mais pauvre, découvre peu à peu, sous l’apparente entente harmonieuse de ses hôtes, leurs difficultés, leurs souffrances et, même, le secret déchirant d’un enfant.
Le Jardin du repos est un roman où, sur un fond de poétique tristesse, se mêlent fraîcheur et tendresse. Le grand écrivain chinois Pa Kin nous présente l’étude d’une famille fortunée, mais décadente, avec son petit monde de serviteurs et, une fois de plus, il nous laisse entrevoir son amour des humbles. »
Malgré la triste histoire qu’il nous raconte, ce livre n’est pas triste. Ce sont les aléas de la vie avec, aussi, ses bons moments.
J’ai beaucoup aimé la délicatesse, l’extrême politesse, la dignité des personnages, l’absence de jugement, de condamnation et les descriptions picturales et poétiques de l’auteur. J’ai beaucoup apprécié celle de ce jardin d’Eden où j’ai pu me reposer délicieusement loin d’un monde brutal et égoïste.
Ma béatitude n’a sursauté qu’à la traduction digne d’un mauvais logiciel informatique. « Un gobelet de thé » !!! Moun Diou !!! Au pays de la délicate porcelaine de Chine !!! J’ai levé le petit doigt et je suis passée outre.
La Martine béatifiée
PA Kin
Folio, 2003 (1944), 252 p.
Traduction : Marie-José Lalitte 1981

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Dalva

Ce roman date de 1988, la pleine maturité de ce bourru de Jim.
On y trouve – déjà – son amour de la nature, son goût des grands espaces, la défense des Indiens d’Amérique.
Dalva, à l’âge de 15 ans, se retrouve enceinte de Duane, garçon sauvage et imprévisible.
Elle a un peu de sang sioux, lui la moitié.
Poussée par sa famille, elle abandonne son enfant après la naissance.
Après une longue quête, elle retrouve d’abord le père de l’enfant, détruit par la guerre (celle du Vietnam), puis son fils, adopté par une famille de la haute société, et fugueur.
Une série de personnages hauts en couleur font de ce roman un très beau moment de lecture.
On se dispute et on se réconcilie aussitôt.
On vit dans la ferme familiale, entourée d’animaux.
Il y a même des serpents.
Dalva, une sacrée bonne femme qui choisit sa vie et ses amours.
Amitiés bouffée d’oxygène,
Guy.
Jim Harrison – 10/18 – 472 p.

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Amarillo

La vieille amitié de Chad, le romancier dépassé par son succès et d’Abraham, le poète jaloux assoiffé de reconnaissance, ne pouvait plus durer. Laisser un bison et un lion à bout de nerfs se narguer dans ces circonstances, c’était courir à la catastrophe.

Belle accroche pour le dernier opus des aventures de Blacksad qui prend des allures de road movie dans les États-Unis des années 50. J’ai toujours du mal avec le message anar un peu simpliste qui transcende la BD : très sangre, lagrimas y corazon ; Canales et Guardino n’ont pas perdu leur âme ibérique.

Comme d’habitude, les planches sont magnifiques. La cavale du lion le fait arriver dans un cirque dans lequel se déroule une bonne partie de l’intrigue. Un cirque sans animaux ou plutôt, un cirque avec que des animaux puisque tous les personnages de Blacksad sont des animaux. Monsieur loyal éléphant, gibbons trapézistes, pingouin boulet de canon, panda prestidigitateur, on s’en met plein les yeux, en aquarelle et en couleur. Pour ma part, j’ai particulièrement apprécié le babouin et le paresseux devant leur table de maquillage. Mais le cirque est, comme la légion, une grande famille au sein de laquelle on lave son linge sale et où beaucoup tentent d’oublier leur passé. Une famille avec comme toujours ses brebis galeuses, en l’occurrence l’ours borgne libidineux et le koala (auquel j’ai trouvé un petit air de ressemblance avec Jacques Attali), tous deux clowns.

Tout ça finira mal, avec, je m’y attendais, la mort de justes qui auraient dû rester en vie et des salopards qui passent entre les mailles du filet.

Les fans seront contents de revoir des familiers, le putois Weekly et les deux compères félins à la poursuite de Blacksad que l’on voyait déjà dans « âme rouge », un duo à la Dupont-Dupond. On fait aussi connaissance de Donna, la sœur du héros ainsi que de son neveu.

Un bon cru. Avec une Budweiser et un CD de Neil Young, ça doit être encore meilleur.

Edouard

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Ce soir je vais tuer l’assassin de mon fils

« Quand son fils meurt, renversé par un chauffard qui a pris la fuite, Antonio Rodriguez jure à sa femme qu’il le vengera. Tandis que l’enquête piétine durant des mois, il en vient à découvrir qui est le meurtrier, un cadre supérieur de sa propre entreprise dont l’attitude lui paraît hautement suspecte. Pourtant, un jour, les gendarmes l’informent qu’ils viennent d’arrêter le coupable. Les preuves sont formelles, l’homme est passé aux aveux. Mais ce n’est pas le même individu. Dans ce roman à quatre voix, Antonio et sa femme, Sylvia, Jean-Pierre, l’assassin et son épouse, Christine se noue un ballet macabre sur le thème de la justice personnelle, au rythme crescendo d’une question qui fera basculer leur destin à tous : qui Antonio tuera-t-il ce soir ? »
Régulièrement, une page est dédiée à la préparation du meurtre qui nous raconte en détail… dans le désordre, ce que fait Antonio, « ce soir-là ». Tous les personnages sont caricaturés : le macho qui a toujours une bonne excuse, la Portugaise bornée qui, pire qu’une Corse, demande « vingince ! » inlassablement, la frustrée chipie et aigrie (normal puisqu’elle est l’épouse du macho), le chômeur vinifié et loqueteux, sans oublier le père manœuvre et manœuvré. Tout ce qui est prévu pour entretenir le suspense m’a paru mièvre et exagéré au point que l’auteur est totalement passé à côté du mystère requis.
Oserais-je dévoiler la fin qui est laissée à l’imagination du lecteur.
Donc, une fois de plus, nous pourrions échanger sur notre vision optimiste ou négative de la fin.
À vous de voir si cela en vaut la peine.
La Martine écœurée
EXPERT Jacques

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