La dernière bataille des « antis »

La troisième saison du Covid s’ouvre et toujours pas d’issue claire. De la première, on retiendra certainement le mystère pangolin, la chute de Donald Trump et la gloire de Didier Raoult. De la seconde, on retiendra forcément le vaccin avec ses effets sans doute moins spectaculaires que ce qu’on aurait pu espérer, mais un vaccin efficace tout de même si l’on en croit la proportion de vaccinés et de non vaccinés dans les hôpitaux.

Les antis constituent un groupe hétérogène au contour imprécis, peuplé d’anti-masques, d’anti vax, d’anti-pass, d’ex-gilets jaunes, d’opposants acharnés… Dans cette nébuleuse, on trouve quelques leaders politiques extrémistes, des médecins eugénistes, des gourous et d’ex-stars assoifés de reconnaissance médiatique. Enfin, on y trouve une poignée d’escrocs de plus ou moins grande envergure.

Zemmour arrivera-t-il à les rassembler ? J’en doute. Je pense qu’il finira lui aussi par être englouti par la masse. Quoi qu’il en soit, ces « antis » constituent le sel de la saga. Sans eux, cette histoire de coronavirus serait vite devenue fade. On parle de 6 millions, c’est beaucoup, mais cela reste une minorité au regard de l’ensemble de la population.

Inexorablement, leurs rangs sont amenés à s’éroder, sous les effets des tentatives du gouvernement, mais aussi sous l’effet des risques qu’impliquent la non-vaccination. Chaque jour, des milliers d’ex-opposants choisissent de franchir le pas de la première injection. L’opinion publique commence aussi à se lasser et aimerait bien que cette troisième saison soit la dernière. Les « antis » ne peuvent plus vraiment compter sur leur soutien d’autant plus que comme on ne sait plus trop comment résoudre le problème, ils apparaissent désormais comme des boucs-émissaires idéaux. L’idée de sacrifier leur chef pour apaiser la colère divine fait son chemin. Heureusement pour eux, ils n’en ont pas.

Le gouvernement a donc maintenant un boulevard pour imposer la vaccination.

Logiquement, donc, leurs rangs vont se resserrer, se durcir, se radicaliser. La bataille promet d’être belle. Elle durera jusqu’au printemps. L’élection présidentielle sera en effet un point clef de cette saison puisque derrière les « antis » se cache aussi un rejet d’Emmanuel Macron, le fameux « Macron démission », unique slogan des gilets jaunes qui avait commencé à se faire entendre bien avant le COVID.

Si Macron est réélu, ce sera un échec pour les « antis », mais un noyau dur persistera, toujours plus dur, toujours plus radicalisé.

Si Macron est battu, ce sera une victoire qui risque d’être de courte durée. Je n’imagine pas un nouveau président avoir une gestion du COVID fondamentalement différente de celle actuellement menée par le gouvernement.

Donc, pour moi, les antis ont du plomb dans l’aile.

Leur seule victoire sera peut-être d’être enfin devenu des vrais résistants. Peut-être pour défendre une cause stupide et dangereuse, mais résistants tout de même.

Édouard