Le péché des anges

Le mari, Phillip ; l’épouse, Janet ; leurs jumeaux, Maximilian et Marco et l’amant, Andrew qui est, en plus, inspecteur de Scotland Yard.
Les jumeaux sont très attachés l’un à l’autre au point de ne faire qu’un. Le hic c’est que Maximilian est en asile psychiatrique dans le nord de l’Allemagne, pour le meurtre d’une jeune fille (ou presque) et Mario poursuit ses études, tranquillement, à Hambourg. Janet est en Angleterre chez son amant. Justement, Mario a envie de prendre des vacances et de partir quelques jours dans le sud de la France avec sa copine Tina.
Là, tout le monde s’affole : ceux qui savent, ceux qui ne savent pas, mais ont le pressentiment qu’un drame va se jouer. On nous le répète assez souvent pour qu’il n’arrive pas. On nous répète souvent, aussi, que personne n’est capable de reconnaître les jumeaux, qu’ils ne font qu’un et qu’ils peuvent communiquer par la pensée.
Mais alors ? Qui est qui de Mario et Maximilian ?
Les ficelles sont assez énormes, les états d’âme de la nana (mère et amante en manque) sont un peu lourds, mais, bof ! en sautant quelques pages, on peut arriver au bout sans réel déplaisir.
Sur une plage, il doit être mieux, plus émoustillant.
La Martine fleur bleue
LINK Charlotte
France Loisirs, 2011 (1995), 357 p.

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Man of steel

La planète Krypton va bientôt disparaître. Un couple décide d’envoyer leur fils nouveau né vers des cieux plus cléments…vous connaissez la suite.

Très belle première partie pour se nouvel opus de Superman. Les images de Krypton sont magnifiques : les fans de SF y trouveront leur compte, les écologistes aussi (on pense très fortement à l’exploitation des gaz de schiste).

Seconde partie plus classique avec l’enfance terrienne du héros, élevé comme il se doit par des agriculteurs du Kansas. Beaucoup de palabres entre le jeune Clark et son père adoptif (Kevin Costner) qui l’encourage à ne pas dévoiler ses super pouvoirs. Passage intéressant sur les souffrances physiques et morales du jeune garçon, victime de l’hyper développement de ses sens. Il ne semble pas que ses parents l’aient amené chez un pédopsychiatre et le monde ne s’en portera pas plus mal. Malgré les conseils de Kevin, Clark Kent ne peut s’empêcher d’aider ses petits camarades. Il est comme ça Superman, c’est plus fort que lui.

La troisième partie retombe dans l’univers très codifié des comics. Clark part à la recherche de ses origines et retrouve l’hologramme de son père biologique (Russel Crowe) qui lui prodigue des conseils à la Yoda. C’est là qu’entre en scène le méchant échappé de Krypton pour conquérir la terre et détruire ses habitants. S’ensuit un gloubiboulga d’explications pseudo scientifiques, des combats virils avec beaucoup d’explosions et de tours qui s’écroulent (mais où sont-ils allés chercher cette idée ?) ainsi que l’inévitable romance pleine de guimauve avec la belle Loïs Lane : bref, l’univers des teen movies. Dérogation aux codes Kentiens, la kryptonite qui est à superman ce que les crucifix sont aux vampires, n’apparaît pas sous forme solide et est remplacée par une histoire d’atmosphère un peu compliquée. On connaît aussi enfin l’origine du fameux « S » cousu sur son légendaire pyjama bleu. Ce n’est pas un « S », mais un mot qui signifie « espoir » en kryptonien.

Pour tout dire, j’ai été un peu déçu (sauf pour la première partie), peu- être que je commence à être un peu vieux pour apprécier les aventures de Superman. Le message délivré fait très républicain, une planète où rien n’existe en dehors des États-Unis. On se demande si l’Amérique ne se replie pas à nouveau sur elle et si l’effet Obama ne s’essouffle pas : c’est un peu déprimant. Le dernier opus nous présentait un Superman désorienté dans un monde dans lequel il n’avait plus sa place. Le voilà renvoyé d’où il vient, les BD pour ados des années 50. Clark Kent arrivera-t-il à s’échapper de cette prison ? On espère de tout cœur qu’il s’évadera et reviendra nous donner un peu d’espérance.

Edouard

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Pulsations

Chroniques fourre-tout où l’auteur britannique prend le pouls de sa société.
Les plus jouissives à mon sens: les rencontres dînatoires de 3 couples qui passent à la moulinette les événements politiques et sociaux de leur entourage. C’est drôle et finement observé. Pour le reste, on retrouve des fonds de tiroirs, en attendant ‘Une fille, qui danse’, son dernier livre traduit en français.
Amitiés expectatives,
Guy
Julian Barnes – folio – 329 p.

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Le Jardin des Secrets

En ce moment, je n’ai que des lectures nulles. Une vraie catastrophe.
Je vous en livre un extrait…
Pardonnez-moi !
Très longue saga familiale qui commence par la grand-mère qui pourrait s’appeler Ben hech (fils de qui ?), puis sa petite fille, Cassandra.
Cassandra a été abandonnée par sa mère et élevée par sa grand-mère Nell, qui, elle-même avait été abandonnée sur un bateau en partance pour l’Australie et en provenance de Londres. (C’est le truc à sauter une génération.)
Mais, en réalité, de qui est Nell qui s’est aussi appelée Ivory dans un temps passé : de Rose, une noble jeune fille perpétuellement malade, de Mary sa servante ou de la Conteuse, Eliza, la cousine de Rose, mais qui était la fille de la sœur déchue du père de Rose, donc de l’oncle d’Eliza ( Les liens de famille !!!) ?
Nell fera un premier voyage en Cornouailles, puis, à sa mort, Cassandra ayant hérité du Cottage de sa grand-mère partira à son tour à la recherche des origines de Nell, et donc des siennes et trouvera aussi l’amour.
Le tout agrémenté des rituelles histoires d’amour impossible et triste à travers le temps, d’une profusion de personnages, de sujets indirects et des contes de la conteuse. Pfffffttttt !!!! Autant dire que j’ai sauté pas mal de pages.
Un très long imbroglio à l’eau de rose avec un suspense et de fausses pistes dignes d’un mauvais polar.
À la fin de la guimauve, j’ai enfin su de qui, Nell, était la fille. Oh bé quelle surprise, alors !!!
Quelle recherche de temps perdu !!!
La Martine, l’âme proustienne
MORTON Kate
France Loisirs, 2008, 738 p.
Traduit de l’Australien par Hélène Collon

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Chroniques de Jérusalem

Guy Delisle, auteur de bandes dessinées québécois, raconte son année passée à Jérusalem avec sa femme qui travaille chez médecins sans frontières (MSF) et ses deux enfants.

« Chroniques de Jérusalem » a eu le fauve d’or du meilleur album 2012 à Angoulême. Oui, j’avais vu ça l’année dernière, on ne parle plus d’ « alph’art », mais de « fauve ». Je ne sais pas pourquoi ils ont changé, c’était bien l’ « alph’art ». Peut-être qu’ils ont eu des problèmes avec Tintin. Enfin bon, c’est comme ça.

Ceux qui connaissent un peu la ville retrouveront avec sourire un certain nombre d’anecdotes classiques comme les interminables interrogatoires à l’aéroport Ben Gourion où on vous demande ce que faisait votre grand-père maternel, le casse-tête quasi insoluble pour un non-musulman qui veut visiter le dôme du rocher, l’administration kafkaïenne du Saint-Sépulcre…(il y aurait aussi la difficulté à trouver un distributeur automatique qui marche pendant shabbat, mais il n’en parle pas). Il retranscrit bien aussi cette tension larvée permanente.

Tout est compliqué dans cette ville et c’est ce que démontre l’auteur tout au long de l’ouvrage.

Le dessin n’est pas extraordinaire, mais on s’habitue. Delisle a incontestablement un style. Sinon, d’un point de vue scénaristique, je trouve que c’est un peu descriptif, que ça manque d’humour. Le chat du rabbin, c’est tout de même plus marrant. Ce qui m’a le plus amusé, c’est le juif ultra orthodoxe de Mea Shearim qui se déguise avec un keffieh pour la fête de Pourim. Le coup du juif de Tel-Aviv avec une moustache à la Adolf, euh…un peu provoc peut être (même si l’anecdote est authentique)? C’est vrai qu’Israël est un pays en guerre et qu’il n’y a pas de quoi rire. Mais bon, j’attendais un petit plus que je n’ai pas trouvé.

C’est aussi une BD assez engagée politiquement : l’influence de MSF n’est peut-être pas tout à fait étrangère à cela. Je suis conscient que la situation des Palestiniens est déplorable et que les Israéliens sont largement responsables de cette misère (et ne me dites pas qu’il y a de l’antisémitisme dans cette phrase, sinon je vais m’énerver). De là à en faire le fil conducteur d’une BD, je ne sais pas si c’est vraiment utile. D’un côté, je trouve que c’est bien d’en parler et aussi que se soit un québécois qui le fasse. En France, on a toujours peur d’être taxé d’antisémitisme. D’un autre côté, je trouve que c’est un peu verser de l’huile sur le feu sur un pays qui n’en a certainement pas besoin. Que faire ? Dire que tout est formidable ? Ce serait pire que tout. Peut-être plus axer le récit sur l’aspect inextricable de la situation plutôt que de désigner un responsable. C’est un peu too much je trouve de mettre en dernière page une vignette avec un colon juif arrogant installé sur le toit de la maison de Palestiniens qui viennent d’être expulsés et qui déclame « It’s my house now ! ». En tout cas, une BD qui fait réfléchir et qui mérite d’être lue.

Chroniques de Jérusalem
Guy Delisle
2011
Edouard

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Port-Soudan

 

Voilà un monsieur qui écrit bien ,et il veut que cela se sache.
Récompensé en 1994 par le prix Femina, cet opuscule raconte le retour en Europe du narrateur, après la mort de son ami A.
Vivant en Afrique dans un pays en décrépitude, il retrouve une France revenue de tout, et ses recherches lui feront découvrir que son ami écrivain s’est suicidé par dépit amoureux. Bof.

Olivier Rolin est un ancien militant de la Gauche prolétarienne.
Reste-t-il en lui une nostalgie de la lutte finale?
Désolé pour ceux que cela choque: un tel livre m’emmerde.

Amitiés d’un qui n’a sans doute rien compris,

Guy

Olivier Rolin – Fiction & Cie – 125 p.

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Tais-toi à jamais

Il faudrait commencer un livre par la page des remerciements. Celui-là, je ne l’aurais pas pris.
« Elle s’appelait Rose. Elle avait neuf ans lorsqu’elle est morte.
Grace Adams vit depuis toujours dans un village paisible de la côte Est de l’Écosse. Un village sans histoire ou presque. Tout le monde se connaît. L’endroit idéal pour couler des jours heureux avec mari et enfants. (et son amant).
« Un récit de mensonges, d’amours illicites et de secrets inavouables. Un premier roman saisissant. Cosmopolitan »
Un roman saisissant d’invraisemblances pour faire pleurer les midinettes. Orla est odieuse à ravir, Grace molle à souhait et Ewan, le chéri de ses dames aussi flou qu’il est permis.
Ah ! La jalousie !!! De quoi en faire un roman !
La Martine penaude…
CORBIN Julie
Ixelles éditions, 2010 (2009), 338 p.

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Barcelone

Avant de parler de Barcelone, je veux saluer la collection « un grand week-end » chez Hachette qui me suit dans ma quête culturelle européenne.
Quelques précisions techniques cependant. Les guides ont tous le même format ainsi que les cartes pliables qui vont avec. Bien entendu, toutes les villes n’ont pas la même taille et toutes les cartes ne sont donc pas à la même échelle. Elles ne tiennent pas non plus compte du relief.
Pour des villes « plates » comme Londres, Amsterdam ou Bruxelles, cela n’a pas beaucoup d’importance, mais pour Barcelone qui est construite au bord de la mer à flanc de montagne, c’est différent. Les distances ne veulent pas toujours dire grand-chose à vol d’oiseau.
Ainsi, la localisation du « parc Güell » semble assez fantaisiste. Le métro le plus proche est « Lesseps » et non « fontana » comme indiqué sur le guide. C’est vrai, il y a une petite flèche noire sur le plan que je saurai maintenant traduire par « c’n’est pas du tout là, mais c’est globalement par là ».
De même, c’est un peu galère d’aller à la fondation Miró depuis « Poble Sec » et encore plus depuis « Espanya ». Il faut en fait prendre le funiculaire de « Paral.lel ». Après, on peut toujours redescendre la colline de Montjuïc par les jardins : c’est magnifique.
Un peu difficile de décrire cette ville kaléidoscope en constante mutation urbanistique : impossible de faire le tour. Difficile de ne pas y trouver son compte, de ne pas être fasciné par la Sagrada Familía et de résister aux charmes de la plage de la Barceloneta quand la chaleur vous accable.
Mes trois coups de cœur :
– La fondation Mirò : allez savoir pourquoi je suis plus bouleversé par Mirò que par Giotto…je pense que le snobisme dans l’art est entretenu par les snobs et par ceux qui n’éprouvent pas d’émotions artistiques. Se sont parfois les mêmes.
– Le Palau Güell : Tous ceux qui ont vibré comme moi en lisant « l’ombre du vent » de Zafón retrouveront la splendeur des Aldaya derrière ce palais construit par Gaudí qui semble relever autant de l’architecture que du fantastique.
– La plaça de Prim dans le quartier de Poblenou. Un zest d’Amérique latine sur cette petite place d’un blanc immaculé que protègent deux grands arbres aux troncs noueux qui semblent être là depuis toujours. A13h, lorsque les serveurs d’ « Els Pescadors » installent les tables et que le soleil frappe, ils étendent leurs ombres pour préserver la chaleur du matin. On y accède par une petite rue aux murs défraîchis dans laquelle on aimerait entendre les musiciens de « Buena Vista Social Club ». Les esprits de Sepulveda et de Garcia Marquez ne sont pas loin non plus. On imagine que c’est sur ce genre de place que Santiago Nasar (le héros de « Chronique d’une mort annoncée ») a été assassiné.

Edouard

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Sept vies en une

 

« J’avais moins de 10 ans lorsque mon frère Antoine, de neuf ans mon aîné, me surprit en train de rédiger un texte qui débutait par la phrase ‘Je suis né le 2 octobre1917 dans une famille modeste’. Il me fallut longtemps pour survivre à la risée générale suscitée par ce texte dans la famille, avec qui mon frère n’avait pas manqué de le partager. »

Dès le prologue, le ton est donné.
Contrairement à son affirmation dans cette première ébauche d’autobiographie, Christian de Duve est né dans une famille de la grande bourgeoisie catholique. Ses parents avaient fui la Belgique pour l’Angleterre pendant la Première Guerre mondiale.
La langue anglaise lui est administrée avec le biberon, ce qui lui sera fort utile pendant sa carrière de grand scientifique.
Sans fausse modestie, il nous parle de ses talents multiples, au point qu’à l’âge des choix, il ne doit qu’au hasard de choisir la médecine. Rapidement, il s’orientera vers la recherche, et il terminera ses études de médecine dans un laboratoire de l’ UCL (université catholique de Louvain). Passionné par la biologie, puis par la biochimie, il se lancera sur la piste de l’origine de la vie. Ses grandes découvertes (lysosomes , peroxysomes, corpuscules intracellulaires porteurs d’une part de notre hérédité), vont le mener au prix Nobel de médecine en 1974. Partageant son temps entre l’université Rockefeller de New York et son laboratoire de Louvain, il a continué ses recherches jusqu’en 1985. Depuis lors, il a écrit plusieurs livres, traquant nos ancêtres monocellulaires, et s’éloignant de plus en plus de la religion de son enfance.

Ce livre m’a passionné. Il ne peut se lire intégralement que par ceux qui possèdent un solide bagage scientifique. Peu importe, les chapitres ‘profanes’ sont suffisamment nombreux pour séduire un public fort large.

Un très grand monsieur nous donne ici une magnifique leçon de vie.
Et je suis fier d’avoir pu, fort modestement, faire partie de ses élèves.

Amitiés reconnaissantes,

Guy
Christian de Duve – 328 p. – Odile Jacob

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