
Dans les années 20, le jeune David Martin tente de survivre avec sa plume. Après s’être beaucoup ennuyé au journal « la voz de la industria » et après s’être fait exploiter pendant des années par des éditeurs véreux, il se voit enfin proposer un contrat en or par un étrange personnage.
Deuxième volet de la saga du « cimetière des livres oubliés », l’action du « jeu de l’ange » se déroule avant le premier opus. On croise le père du futur Daniel Sempere, déjà dans sa librairie avec son propre père.
Il n’y a pas à dire, le style est attrayant, cela faisait longtemps que je n’avais pas dévoré un livre avec une telle boulimie. Mais le charme de « l’ombre du vent » avait été si fort que je ne pouvais qu’être un peu déçu, oscillant tout au long de ma lecture entre « Zafon fait du Zafon » et « Zafon n’est plus ce qu’il était ».
Le roman se déroule en trois actes :
– L’acte I se place ostensiblement dans la veine du premier volet de la saga. C’est celui que j’ai le plus aimé. L’intrigue, qui navigue entre Faust et « illusions perdues » de Balzac, est plus que prometteuse ;
– Le second acte est surprenant. Il apparait comme une mixture peu homogène avec beaucoup de grumeaux. Les travaux d’entremetteursde Martin pour essayer de décoincer Sempere fils sont assez amusants mais semblent plus relever d’une pièce de Molière, voire de Goldoni que d’un roman. Isabella est pas mal dans le rôle du personnage secondaire pittoresque bien que son « amitié » avec Martin soit un peu trop fleur bleue à mon goût.
– Le troisième volet m’a carrément déçu. Nombreuses invraisemblances, manque de cohérence dans l’intrigue, production industrielle de cadavres… Zafon a sans doute voulu faire dans le style des romans de gare qu’écrivaient Martin dans la première partie. Si c’était sa volonté, ce n’est pas amené très subtilement.
Pour finir, l’épilogue est tout de même très beau, on pense à « la jetée », le court métrage de 1962 dont « l’armée des 12 singes » est inspiré. Changement d’époque pour l’Espagne. Sous la houlette du franquisme, le génie du mal Andreas Corelli ne passe plus que pour un vulgaire pantin et jette l’éponge. Bon, c’était pas mal quand même, je lirai les autres volets de la saga.
Edouard
Le jeu de l’ange
Carlos Ruiz Zafón
2009
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