Goodbye Poutine

Alors que les Russes qui ont aujourd’hui moins de 30 ans ne connaissent l’URSS qu’à travers les propos de leurs aînés, Vladimir Poutine, ancien du KGB qui aura 70 ans cette année, déclare la guerre à l’Ukraine qu’il voit s’éloigner de son champ de contrôle.

30 ans sont donc passés. Les ex-pays de l’Est ont intégré l’OTAN et l’Union européenne et les pays tampons entre la Russie et la zone OTAN/UE lorgnent l’ouest. C’est un peu trop pour Poutine qui craint de voir son empire amputé une fois de plus. Cela explique a priori pourquoi il prend les devants et attaque l’Ukraine avant qu’elle ne bascule définitivement à l’ouest.

Tout cela peut paraître bien désuet. Le monde a bien changé en 30 ans. Dans l’immédiat, le comportement paranoïaque du président russe aura en tout cas permis de faire revivre l’ardeur d’un ancien volcan qu’on croyait éteint (merci, Jacques Brel) : l’OTAN et par là même, le leadership militaire américain.

Également vestige de la guerre froide, l’OTAN justifie son existence par l’agressivité potentielle ou réelle de la Russie. L’organisation se justifie également par l’absence de force militaire unifiée au sein de l’Europe, suffisamment forte pour pouvoir s’opposer à la Russie.

Mais l’OTAN n’est-elle pas devenue un boulet pour les États-Unis ? En agressant l’Ukraine, la Russie n’oblige-t-elle pas les Américains à porter leur attention sur l’Europe alors même qu’ils ne considèrent plus depuis longtemps l’océan Atlantique comme un axe stratégique majeur.

Comme chacun sait, les États-Unis n’ont aujourd’hui d’yeux que pour la Chine, en passe de devenir la plus grande puissance mondiale et par là même, pour la zone pacifique (voir le traité Aukus signé en septembre dernier).

Qu’adviendra-t-il si la Chine décide d’envahir Taïwan ? Les Américains pourront-ils être sur les deux fronts ? Assistera-t-on au commencement d’une troisième guerre mondiale ?

N’est-il pas temps d’admettre que l’OTAN est aujourd’hui devenue un cadre anachronique ? N’est-il pas temps de laisser à l’Union européenne le soin d’assurer sa propre défense en mettant en place une vraie armée européenne ?

Jusqu’à maintenant, le statu quo était de règle. d’une part, la volonté des Européens d’assurer seuls leur propre défense restait faible. D’autre part, la possibilité offerte aux États-Unis de garder via l’OTAN un contrôle sur des alliés devenus également des concurrents économiques présentait un certain intérêt.

L’histoire ne devrait cependant pas permettre éternellement à l’Union européenne et aux États-Unis de se satisfaire de l’ambiguïté confortable de l’OTAN. Les choses sont peut-être en train de changer, espérons qu’il n’est pas trop tard.

Vladimir Poutine restera peut-être dans l’histoire comme l’homme qui aura mis définitivement fin à la guerre froide.

Édouard Latour