Ecriture et orthographe

La relecture est l’antichambre de la démarche éditoriale. Relire, c’est tout d’abord relire soi-même, mais il y a un moment où l’on sent que ce n’est plus suffisant, un moment où on prend conscience de la frontière indéfinissable qui sépare l’auteur du lecteur. Quand le premier relecteur a terminé son travail, il devient par là même propriétaire d’une vision de l’ouvrage. Une vision que l’auteur pourra comprendre, mais ne pourra jamais vraiment partager. Chacun aura sa stratégie de relecture. Moi, j’en ai choisi une à trois niveaux.
Pour le premier niveau, j’ai trouvé une personne qui a de bonnes connaissances en orthographe. Avis à ceux qui comme moi, étaient abonnés au 0/20 en dictée quand ils étaient à l’école : prendre le taureau par les cornes !! De nombreux moyens existent et je ne saurais trop recommander la lecture de « se réconcilier avec l’orthographe » d’Eddy Toulmé, téléchargeable sur numilog, et qui est très bien fait.
Soigner son orthographe, c’est une question de respect pour son premier relecteur qui, d’ailleurs, verra mieux les fautes si elles sont peu nombreuses. C’est aussi commencer à penser aux maisons d’édition qui seront d’autant plus bienveillantes que le texte envoyé sera soigné. Une fois cette traque aux fautes achevée, il restera peut-être quelques coquilles qui seront corrigées au second niveau.

Edouard

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Une promenade magique dans Paris

Si vous êtes amoureux de Paris, si vous êtes intéressé par les sciences occultes sans vouloir toutefois leur donner plus d’importance qu’elles n’en ont et si vous pensez que Da Vinci Code est à l’ésotérisme ce que McDonald est à la cuisine, ce livre est fait pour vous.

L’ouvrage n’est pas un roman, mais une sorte d’essai-guide que l’on déguste en deux temps. L’essai tout d’abord vous initiera au BABA des sciences occultes : alchimistes, templiers, francs-maçons…ils sont tous là, remis dans leur contexte historique. Certes, les frontières entre ces différentes confréries sont poreuses et les symboles qu’elles utilisent sont souvent les mêmes, mais de là à imaginer une fille cachée du Christ ou un complot international des forces du mal, il y a de la marge.
Pour illustrer ces propos, l’auteur se réfère à un certain nombre d’édifices parisiens qui s’inscrivent dans un triangle (forcément) dont les côtés sont « Notre-Dame », « le parc Monceau » et « le Champ-de-Mars ». Ainsi, l’initiation aux sciences occultes ne passe pas par d’obscures ruelles de Belleville ou de Montmartre, mais par le Paris du tourisme, du luxe, de la consommation et du pouvoir.
Une fois la lecture terminée, maintenant armé pour jongler avec les différents concepts de l’univers de la magie, vous pourrez aborder la deuxième phase en utilisant le livre comme un guide touristique et en vous rendant à pied aux 12 (forcément) « stations ».
L’intérêt de cette deuxième partie n’est pas uniquement d’aller voir sur place les différents monuments cités dans l’ouvrage, mais de prendre conscience de l’environnement dans lequel ils s’inscrivent.
Ainsi, après avoir vu le diable de l’église Saint-Merri, les colonnes de Buren, l’Ouroboros du Louvre et les reliques d’une utopie morte au parc Monceau, vous prendrez conscience de l’hétérogénéité et de la relativité de ces symboles. Comme moi, peut-être vous laisserez vous charmer par d’autres symboles et entrerez dans une pagode l’espace d’un quart d’heure, pour voir une exposition photo sur les intérieurs chinois.
Ce qui vous marquera ensuite, c’est le peu d’intérêt accordé par les Parisiens à cette forêt de symboles. Si on peut comprendre que les enfants qui font de la voiture à pédale au champ-de- Mars ne s’intéressent pas à l’édifice révolutionnaire qui se dresse devant leurs yeux ; que penser de la foule stationnée devant l’entrée du 117 boulevard Saint-Germain, attendant dans le froid les dernières prouesses d’Harry Potter et ne voyant pas le compas et l’équerre au-dessus de la porte d’entrée de l’immeuble ?
Votre parcours se terminera à la fontaine Saint-Michel où, comme vous vous y attendrez, personne ne s’intéressera aux efforts déployés par l’archange pour maîtriser les puissances démoniaques. En rentrant chez vous, vous vous demanderez si tous ces symboles ne sont pas en fait les témoins du besoin universel de l’homme de croire en une autre réalité. Vous comprendrez alors que vous faites maintenant partie du cercle des initiés.

    Edouard     

      

Une promenade magique dans Paris

Philippe Cavalier

2010 Anne Carrière

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Potiche

1977 : Robert Pujol (Fabrice Luchini), PDG d’une usine de fabrication de parapluies dans une petite ville de Seine-et-Marne (77), mène ses employés avec une poigne de fer. Il délaisse sa femme (Catherine Deneuve), qu’il trompe avec sa secrétaire (Karin Viard). Sa fille (Judith Godreche) soutient son père corps et âme tandis que son fils, résolument à gauche, désapprouve totalement son attitude ultralibérale. Cette petite mécanique bien huilée se grippe lorsque les employés de l’usine décident de faire grève. C’est alors qu’apparaît un nouveau personnage : le maire communiste (Gérard Depardieu), ancien amant d’une nuit de la femme de Pujol.

Ne vous y méprenez pas, « potiche » n’est pas une critique sociale, mais un vaudeville, façon 21e siècle. L’originalité n’est donc pas à chercher dans le scénario. Ce n’est pas non plus dans les dialogues qu’on la trouvera : Ozon n’est ni Feydeau ni Guitry. Deux répliques de Luchini seulement font à peine sourire : « casse-toi pauvre con » et « travailler plus pour gagner plus ».

Reste le jeu des acteurs, l’esthétique et l’hommage à une époque.
Les acteurs semblent s’en donner à cœur joie et on est content de les voir s’amuser. La palme revient bien entendu à notre Gégé national et à Catherine Deneuve qui, en 1980, étaient déjà amants dans « le dernier métro ».
L’esthétique, c’est la marque du réalisateur depuis « 8 femmes ». Tous les décors sont aseptisés au maximum et viennent renforcer le côté « théâtre de boulevard » du film. On pense aussi aux comédies musicales et bien entendu : aux « parapluies de Cherbourg ».
L’époque, c’est les années Giscard, époque où les idéaux de 68, mis à mal par la crise pétrolière, commençaient à s’effriter. C’était aussi la grande époque des comédies sociales et l’on pense notamment à celles dans lesquelles jouait Pierre Richard (« le jouet » en 76, « le coup du parapluie » en 80) en éternel anarchiste rêveur et Bernard Blier en patron impitoyable.

Potiche est donc un film léger et agréable à regarder, sans plus.

Edouard

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Buried

Irak, 2006. Paul Conroy, 34 ans, employé d’une société privée de convoyage, reprend connaissance dans une grande caisse en bois qui a tout d’un cercueil. Pour communiquer vers l’extérieur, il ne dispose que d’un téléphone portable.

Le scénario est archisimple et l’idée est séduisante. Depuis « Kill-Bill », les scènes dans lesquelles le héros est enterré vivant sont devenues cultes et ne se limitent plus aux films d’horreur. L’idée de faire un film entièrement sur ce sujet était audacieuse.

La première minute du film, qui se déroule dans le noir, est particulièrement éprouvante. On est bien dans la veine de Tarantino et l’on est presque déçu de ne pas voir Uma Thurman lorsque le Zippo de Conroy finit par s’allumer.
Après le premier quart d’heure qui réussit à maintenir le suspens, on commence à se demander comment Rodrigo Cortès va s’y prendre pour nous tenir en haleine pendant les 80 minutes restantes. C’est alors qu’intervient le téléphone portable et le film se met petit à petit à quitter l’univers du thriller pour glisser vers une critique de l’intervention américaine en Irak. Plus on progresse dans l’intrigue, moins on pense à « Kill-Bill» et plus on pense à « No man’s land » du bosniaque Danis Tanović qui dénonçait en 2001 l’absurdité du conflit yougoslave.
Plus le film progresse et moins on sait plus sur quel pied danser, n’y où on est, au propre comme au figuré. En effet, les activités étant nécessairement limitées dans un cercueil, le réalisateur joue un peu avec les dimensions de la caisse pour servir le scénario.

L’idée de « Buried » est originale, mais la mise en scène souffre incontestablement d’un manque de savoir-faire (c’est peut-être aussi l’acteur qui est pas très bon). L’avant-dernière scène, à la limite du supportable, l’est d’autant moins que l’on ne comprend pas bien son utilité. Incapable de nous faire ressentir l’angoisse croissante de Paul, le réalisateur se sent obligé d’ajouter du trash au trash.

Bref, « Buried » sonne comme un pari raté au terme d’une soirée trop arrosée, à l’issue de laquelle Cortès aurait reçu le gage de réaliser un film dont l’intrigue se déroulerait entièrement dans une caisse en bois. En l’occurrence, je trouve le résultat très moyen. Il est vrai cependant qu’il est difficile d’avoir un avis définitif sur un genre qui, à ma connaissance, n’a d’égal que le vidéo-clip de « close to me » des Cure, qui se passe intégralement à l’intérieur d’un placard. Peut-être que d’autres réalisateurs tenteront l’expérience, donnant ainsi naissance à un nouveau genre cinématographique : le « close-movie ».

Edouard

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Edition et débroussailleuse

Bon, c’est très bien de savoir en quoi consiste le travail d’un éditeur, mais ce n’est pas ça qui va te dire qui sera ton éditeur. Pour le trouver, je ne saurais trop conseiller le guide « comment se faire éditer » de la revue lire avec lequel j’ai travaillé (le guide 2009, mais le 2010 pourrait bientôt sortir).
Au-delà de conseils pratiques et de témoignages d’écrivains et d’éditeurs, ce guide comporte un annuaire d’environ 80 pages recensant l’ensemble des éditeurs français et quelques un situés dans des pays francophones (Suisse, Belgique, Québec).
Pour élaborer une stratégie d’approche des éditeurs, il convient de rechercher ceux qui pourraient vous éditer. En effet, si vous écrivez un livre sur la physique quantique, inutile de l’envoyer à un éditeur spécialisé dans les guides touristiques.
Si comme moi, vous souhaitez faire éditer un « roman », vous trouverez 80 éditeurs de roman, sans compter ceux que le guide qualifie d’ « éditeurs de littérature générale ».
Il conviendra donc de s’interroger sur la particularité de son ouvrage pour y voir un peu plus clair.
Pour ma part, c’est un roman policier. Je retombe à 23 occurrences : chiffre nettement plus raisonnable.
Comment prioriser ? On entre dans la stratégie et c’est maintenant à chacun d’élaborer la sienne. Pour ma part, étant parisien, j’ai séparé les éditeurs parisiens (17) des éditeurs provinciaux (2), étrangers (1) et des éditeurs en ligne (2). À l’intérieur des 17, j’ai commencé par ma maison d’édition « coup de cœur » avant de passer aux grosses maisons d’édition (5) et enfin aux petites (11). En effet, ayant statistiquement 10 fois moins de chance d’être édité par une grosse maison (une chance sur mille) que par une petite (une chance sur cent), autant commencer par les grosses.
Ce classement doit permettre de planifier l’envoi des manuscrits (papier, c’est mieux), mais il conviendra de s’adresser aux maisons de manière personnalisée. À cet effet, chacune dispose d’un site internet.
Ce dont je viens de parler est la méthode officielle de recherche d’un éditeur. N’hésitez pas à activer les réseaux parallèles. Pour cela, parlez de votre projet autour de vous, intéressez-vous à l’univers du livre… Comme partout, et peut-être plus qu’ailleurs, les relations sont essentielles.

Edouard

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