La Société des jeunes Pianistes

« La Société des jeunes Pianistes, c’est le nom que s’est donné un groupe d’adolescents passionnés, à Oslo, à la fin des années 1960. À la fois amis et rivaux, ils ont en commun l’amour de la musique ; pourtant, un seul remportera le concours du « jeune Maestro ». Tous vont subir une terrible pression de leur entourage, mais surtout d’eux-mêmes. C’est un roman initiatique, grave et subtil qui évoque le désir, la vie, la mort. »
« Un drame familial, un roman sur la musique et un portrait captivant des amours et des obsessions d’un jeune homme. »
Aksel, le narrateur, nous parle de sa famille et de leurs problèmes de communication. En même temps il nous fait part de ses questionnements, ses angoisses, ses amours impossibles, ses rêves trop grands, ses espoirs de pianiste « virtuose qui n’a pas de chance ». C’est surtout un adolescent qui se cherche et commet quelques erreurs, un jeune homme instable qui n’arrive pas à se concentrer sur LA musique. Car le plus gros du livre est consacré à la musique classique, le piano, les performances stylistiques, la manière de concevoir son jeu, etc. C’est d’ailleurs pour cela que j’avais choisi ce livre. J’ai eu la surprise d’avoir, aussi, les problèmes d’adolescents « hors-norme ».
Tout m’a paru intéressant sauf le mélo final, mais c’était le prix à payer pour qu’Aksel se retrouve libre.
Bjornstad, auteur, compositeur et musicien, a été découvert à l’âge de 14 ans lorsqu’il a gagné le Grand Concours des Jeunes Pianistes, à Oslo.
Ceci explique, peut être cela ; l’instabilité d’Aksel.
Martine
BJORNSTAD Ketil
Poche, 2008 (2004), 443 p.

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Gravity (bilingue)

At 600 kilometers above the Earth, two astronauts – George Clooney and Sandra Bullocks – are lost in space.

It’s difficult to miss the film posters or the clips which are broadcasted on the media for a fortnight. I would say that this movie is “Copernican” or revolutionary in its essence. This movie, indeed, upsets our own vision of things and forces us to see differently our condition of human beings.

I will not elaborate (focus) further on breath cutting images – like the Earth viewed from space – and on this infinite space, (this vast range) – where life is impossible – that surround it. I let you admire it while the 3D emphasizes the sensation of infinity.

For me, Gravity is not really a science-fiction movie. Obviously, the space station described in this movie is not completely conform to what it is today, but one can imagine it could be in a few years.

So, in this movie, there are no hostile landscapes – that Mr. Spoke or Captain Kirk could have discovered -, no worlds homed by sympathetic creatures where Yoda could have hidden himself, no Millennium Falcon for a Han Solo in transit, no planet where a apes dictatorship could have settle up, no fabulous landscape for an avatar lacking strong sensations.

No, there is nothing like that in the movie (but no worries for the Kubrick’s supporters, there is a glimpse to “2001, a space odyssey” in the last scene), just the sad reality, it means an orbital zone where only the huge steel “meccanos” can shelter human beings, where not all asteroids are “bio” and sometimes, look like old abandoned satellites. Are there other human beings in the surroundings ? Not at all, or only the dead astronauts of a former expedition doomed to float in deep, inhuman space for eternity. But there are voices, terrestrial voices, which travel through deep space, the only links between the astronauts and the Earth. Then, for them, dogs barking or babies crying have a real importance.

From the beginning till the end of the movie, I was so astounded I couldn’t find any words. I never knew such a situation.

There are two messages in this movie. The first one deals with the overcoming of oneself – a typically well-known American theme – but in such circumstances, it sounds absolutely impressive. The second one is ecological. The Earth takes another dimension when one realizes its status of “prodigious natural construction”. Protecting this planet is not only protecting the endangered species like the white bear, nor Indian tribes hidden in the deep Amazonian forest. Protecting the Earth is our only solution to survive. Of course, there are other life forms in the universe, and may be another planet equivalent to the Earth… but we may never find it.

Stéphane (16/11/2017)

À 600 km au-dessus de la Terre, deux astronautes (George Clooney et Sandra Bullock) sont perdus dans l’espace.

Difficile de rater les affiches ou les extraits diffusés aux infos, depuis une quinzaine de jours. Pour qualifier ce film, j’utiliserai l’adjectif copernicien. Un film qui bouleverse notre vision des choses, qui nous oblige à voir autrement notre condition d’êtres vivants.

Je ne vais pas m’attarder sur les images à couper le souffle, la Terre vue de l’espace et cet espace infini, ce néant, cette vaste étendue où toute vie est impossible dans laquelle flotte notre planète. Je vous laisse le plaisir de les déguster et la 3D ne retire bien entendu rien au charme du lieu.

Pour moi, Gravity n’est pas vraiment un film de science-fiction. Certes, la banlieue terrestre décrite n’est peut-être pas tout à fait conforme à ce qu’elle est aujourd’hui, mais on imagine qu’elle pourrait l’être dans quelques années.

Donc, ici, pas de contrées hostiles qu’auraient pu visiter Spoke et le capitaine Kirk, pas de mondes habités par de sympathiques créatures où Yoda aurait pu se cacher, pas de Faucon Millenium pour un Han Solo de passage, pas de planète où une dictature simiesque aurait pu s’installer, pas de paysage fabuleux pour un Avatar en manque de sensations fortes.

Non, rien de tout ça (que les fans de Kubrick se rassurent, il y a tout de même un clin d’œil à « 2001 l’odyssée de l’espace » dans la dernière scène), juste la triste réalité : une banlieue où seuls quelques grands mécanos d’acier peuvent servir de refuges aux humains, une banlieue dans laquelle les astéroïdes ne sont pas tous bios et prennent parfois la forme de vieux satellites abandonnés. D’autres êtres humains ? Il n’y en a pas, où alors, ce sont les cadavres d’une précédente expédition condamnés à flotter pour l’éternité dans ce liquide invivable. Si, quand même, il y a les voix terrestres qui arrivent par radio, seul lien des astronautes avec la Terre. Alors, forcément, pour eux, des aboiements de chiens, les cris d’un bébé…tout ça prend une autre envergure.

J’ai passé tout le film la bouche ouverte et les yeux écarquillés, ça ne m’était jamais arrivé.

Deux messages. Le premier est le dépassement de soi, thème très américain et archi rebattu, mais traité dans ces conditions, c’est quand même scotchant. Le second est écologique : la Terre prend une autre dimension quand on réalise mieux son statut de mécano naturel. Protéger la planète, ce n’est pas seulement pour faire plaisir à l’ours blanc de service ni à un quelconque chef indien planqué au fin fond de la forêt amazonienne. Protéger la planète, c’est parce qu’il n’y a pas d’autre alternative. Certes, il y a sans doute d’autres formes de vie dans l’univers, et peut-être un monde comparable au nôtre… qu’on ne trouvera jamais.

Edouard (28/10/2013)

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Le second souffle

 

Le livre qui inspira le film ‘Intouchables’, fort drôle surtout grâce au sourire éclatant de Omar Sy.
L’auteur,héritier d’une grosse fortune française, est devenu tétraplégique à la suite d’un accident de parapente.
Abdel, un jeune beur de banlieue devient son ‘diable gardien’.
Le film, bourré de scènes ‘à faire’, est de loin plus amusant que le livre.
Le vécu quotidien de la paralysie est un véritable enfer.

La joie de vivre d’Abdel sauve Philippe de la dépression.
Mais on se rend vite compte que le garçon est un véritable psychopathe.
Quant aux talents poétiques de l’auteur, je reste plutôt réservé.

Amitiés dubitative.

Guy

Le cinéma ne m’intéresse pas. Les « amitiés dubitatives » de Guy m’ont incitée à me pencher sur le livre. Après le livre je suis allée voir une interview sur Google et… le film.

Un fil ténu les raccorde. Et… J’ai relu le livre sous un jour nouveau…

Le livre : un ensemble de souvenirs, arrachés à la douleur, nous parlant de sa jeunesse, du « avant » et « après ». Le « après » est surtout après le décès de sa femme adorée plus qu’après sa chute en parapente. C’est là qu’il fait vraiment une dépression et qu’Abdel le sauve. Je me suis autorisée à sauter les délires, les citations et la poésie. Il est très cultivé mais assez « m’as-tu vu ».

Reste une très belle histoire d’amour à la façon d’un homme. C’est-à-dire avec égoïsme et fuite dans les moments trop difficiles d’où l’accident de parapente. Pourtant, il est sincère à sa façon et rend un très bel hommage à Béatrice.

Et puis l’histoire d’un mec qui souffre mais a d’onéreux caprices ne m’a pas très émue. Pas moyen d’éprouver la moindre compassion.

Le reportage : est-ce l’effet de l’image, du langage plus légato, de la réflexion plus murie ? Là, il fait amende honorable de son passé et plonge dans la religion et la philosophie. Difficile à croire.

Le film : plus marrant que le livre, certes. Le plus dur est à peine évoqué.

J’ai souri par moment. Le film ne raconte QUE ses rapports avec Abdel/Kriss et les frasques de ce dernier. Et encore, pas tout ou exagéré. Oui, Abdel était un voyou mais de là à dire qu’il est psychopathe, non !

On sent plus dans le livre le chemin parcouru par les deux hommes pour atteindre une certaine sérénité. J’ai encore préféré le livre…

 Extraits :

 P. 11 – « La souffrance tue la mémoire. »

P. 129 – « Le handicap, la maladie sont fracture et dégradations. [Et la vieillesse, donc !] Dans ces instants où l’on perçoit l’échéance de la vie, l’espérance est un souffle vital qui s’amplifie ; sa juste respiration en est le second souffle. » (??? !!!)

 P. 151 – « Des écrits de Marc Aurèle, j’ai lu : « Donne-moi la force de lutter contre les souffrances que je peux supprimer ; donne-moi la patience de consentir aux souffrances que je ne peux pas changer, et n’oublie de me donner la sagesse de savoir faire la différence. »

La Martine

POZZO DI BORGO Philippe

 Poche, 2012, 254 p.

Philippe Pozzo di Borgo – Poche 252 p.

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L’Écrivain de la famille

Quand je ne trouve pas les mots pour le dire, je copie la 4e de couve.
 » À sept ans, Édouard écrit son premier poème, quatre rimes pauvres qui vont le porter aux nues et faire de lui l’écrivain de la famille. Mais le destin que les autres vous choisissent n’est jamais tout à fait le bon…
Avec grâce et délicatesses, Grégoire Delacourt nous conte une histoire simple, familiale, drôle et bouleversante. »
« Un texte délicat, écrit sourire en coin… l’auteur dit la difficulté de s’extirper des rêves que les autres on formulés pour vous, d’échapper à l’identité qu’ils vous ont assignée. Ça ne l’empêchera pas de devenir écrivain. Mais en cessant de laisser la vie et les autres décider à sa place.
R. Leyris, le Monde des livres. »
Ce livre est plus personnel que « la liste de mes envies ». C’est son tout premier livre où il a mis beaucoup de lui-même, sans détour, sans critique pour ses proches, juste leur difficulté à vivre et l’amour qui les unit.
Un livre poignant.
Par contre, si l’auteur a enfin réussi à « apprendre » à écrire, il semble qu’il n’ait pas appris à éviter les procès, les pensions alimentaires et autres dommages et intérêts y afférant. Voir son dernier roman ; « La première chose qu’on regarde. » Sera-ce un destin imposé par les autres ???
Si l’auteur vire à la plampougnette people, je crois que je ne lirai pas la suite…
La Martine qui n’aurait pas dû aller sur Google.
DELACOURT Grégoire Poche, 2012 (Lattès 2011), 235 p.

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Athènes

L’instant que je retiendrai est mon arrivée à Roissy: 13° ! Aznavour avait sans doute raison, la misère doit être moins pénible au soleil. Car de la misère, il y en a beaucoup là bas. On ne peut peut être pas tout imputer à la crise, mais quand même, les commerces indiqués dans mon guide qui ont fermé depuis sa publication, cet énorme personnage dégoulinant de graisse tagué sur un mur et sur le ventre duquel sont tatoués, un €,un $ et deux mots sans appel « always hungry »…il y a des signes qui ne trompent pas.

Donc, le soleil est là, la mer aussi, bleue, comme le ciel, Le Pirée, ce port du bout du monde que le soleil inonde, de ses reflets d’argent…et puis il y a la méditerranée, sa culture, sa cuisine, alors forcément, c’est moins pénible. Ça, c’est la carte postale, c’est le petit rab d’été que viennent chercher les Européens de l’ouest (beaucoup de Français) en octobre.

Mais bien entendu, la culture grecque ne se limite pas à son économie, à sa météo et à sa gastronomie. Athènes, pour l’occident, c’est tout d’abord l’antiquité, celle de l’Acropole, du Parthénon,  celle des mythes importés par les Romains et de la philosophie, les fondements de notre civilisation occidentale.

L’Ouest ne pense pas immédiatement à l’Empire byzantin et à la religion orthodoxe. Pourtant, cette dernière, très éloignée du catholicisme triomphant de l’Ouest, est très présente. Une religion en résistance, comme en témoignent ces microéglises qui pullulent un peu partout.

Avec la « résistance », on aborde une part de la culture grecque dont il est encore difficile de parler et sur laquelle mon guide prend bien soin de ne pas s’étendre : l’occupation ottomane.

Les Grecs ont-ils résisté pendant 400 ans sans être imprégnés par les Turcs ? Religieusement, ils ont résisté, c’est certain. Il y a bien la mosquée de Monastiraki, les bains des vents,  les pâtisseries orientales, quelques narguilés disséminés ici et là, mais…c’est plutôt discret pour la capitale d’un pays qui ne s’est libéré qu’en 1821. Peut-être que les ottomans n’accordaient pas beaucoup d’importance à Athènes, c’est bien possible. Cette influence ottomane, on la retrouve tout de même au musée des arts et traditions populaires, toute une gamme de vêtements et d’objets inspirés des cultures indienne et chinoise, importées par les Turcs. Ces 400 ans, on les retrouve aussi dans les 400 plis des jupes des gardes nationaux : la résistance à l’ottoman fait partie intégrante de l’identité nationale. Pas facile de régler le conflit chypriote ou d’admettre la Turquie dans l’Union européenne dans ces conditions.

La question de l’héritage ottoman ne concerne pas que la Grèce, mais une bonne partie de l’Europe de l’est. Qui, à l’Ouest, est disposé à reconnaître que nos bases culturelles romaines, catholiques et protestantes ne peuvent plus constituer à elles seules le référentiel culturel de l’Union européenne ? Et l’Europe de l’est, que fera-t-elle de cet héritage ? Peut-on vivre sereinement en escamotant son passé ? Un beau sujet de philo.

Edouard

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La folie Foucault

Un très étonnant roman commençant à Cambridge.
Un jeune étudiant se passionne pour Paul Michel, écrivain et philosophe français, homosexuel, prix Goncourt.
Ce personnage imaginaire est lui-même passionné par Michel Foucault, le provocant philosophe mort du sida en 1984.
Paul Michel a disparu de la scène littéraire depuis de nombreuses années, et l’étudiant le retrouve dans un hôpital psychiatrique, à Clermond-Ferrand.
Racontée comme cela, l’histoire semble fabriquée de toutes pièces.
Et pourtant, la description de la folie du personnage principal tient de la performance.
La violence et le manque de balises seront à l’origine du drame final.
Amitiés schizophrènes,
Guy.
P.S. Ce livre est cité dans ‘Les 1001 livres qu’il faut avoir lus dans sa vie’ un collectif dirigé par Peter Ackroyd, avec parmi d’autres Jean d’Ormesson. Comme toute compilation, celle-ci reste subjective. Mais elle permet de découvrir des lectures absolument inédites et de grande valeur.
Allons, la lecture a encore de beaux jours devant elle…
Patricia Duncker – Calmann-Lévy – 207 p.

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L’échange des princesses

 

« En 1721, Philippe d’Orléans est Régent de France. Surgit alors dans sa tête une idée de génie : proposer à Philippe V d’Espagne un mariage entre Louis XV, âgé de onze ans et la très jeune infante, Anna Maria Victoria, âgée de quatre ans. Il ne s’arrête pas là : il propose aussi de donner sa fille, Melle de Montpensier, âgée de douze ans, comme épouse au prince des Asturies, héritier du trône d’Espagne, pour renforcer ses positions et consolider la fin du conflit avec le grand voisin.
La réaction de Madrid est enthousiaste et les choses se mettent vite en place. L’échange des princesses a lieu début 1722, en grande pompe… »
Si l’idée est géniale, l’Histoire va en décider autrement et si ces jeunes princesses ont été réellement mariées, compte tenu du court laps de temps de leurs unions, l’Histoire n’a pas retenu leurs noms.
Le tout nous est raconté scrupuleusement avec courriers d’époque conservés aux Archives de Madrid.
Un style allégé pour nous narrer les petites histoires de la grande et l’ambiance de cour qui ne manquait pas de verdeur.
La Martine tète en l’air (doux et ensoleillé)

     THOMAS Chantal

 Seuil, 2013, 334 p.

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La puissance discrète du hasard

 

Ancien joueur de tennis et de squash professionnel, excellent joueur d’échecs, l’auteur cultive depuis longtemps un amour de la vie, de la philosophie, en un mot, de l’écriture.
Voilà un dilettante qui s’exprime avec brio.

Il parle au début de son livre de la grande, tendre et chaleureuse franc-maçonnerie de l’érudition inutile.
Il s’agit d’un voyage dans différentes manières de sentir le monde, d’où la pensée magique n’est pas exclue.
Notre synchronicité avec la vie qui nous entoure, n’est-ce pas là un beau thème de réflexion?
Que pensez-vous de ce haïku japonais ancien ?
« Quand je serai mort
sois la gardienne de mon tombeau
sauterelle. »

L’ouvrage fourmille de citations et de références.
Un chapitre entier est consacré à la sérendipité, dont voici une des définitions: l’art de trouver ce que l’on ne cherche pas en cherchant ce que l’on ne trouve pas. Ne vous est-il jamais arrivé, en cherchant, mettons, votre cravate jaune canari, de retrouver votre paire de bretelles passée au chapitre pertes et profits?
De nombreux exemples, à commencer par la célèbre découverte de la pénicilline par Alexander Fleming, attestent le rôle du hasard dans la progression des sciences.

Quelques titres de chapitres:
Au bon endroit, au bon moment.
Au mauvais endroit au mauvais moment.
Est-il encore permis de flâner?
L’effet placebo est-il un mythe?

Une promenade érudite, donc, mêlant avec humour l’anodin et le plus profond,

Amitiés hasardeuses,

Guy

Denis Grozdanovitch – Denoël – 321 p.

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La double vie d’Anna Song

« Ce roman est pour partie inspiré d’une affaire réelle, celle de la pianiste Joyce Hatto. Plusieurs des coupures de presse (fictives) qui rythment le texte (tout aussi fictif) sont ponctuées de clin d’oeil à celles véritablement suscitées par ce scandale qui a éclaté en 2007 ».
Celle d’une pianiste et de son mari qui ont falsifié des enregistrements pour les mettre à son nom. Le trucage est très bien expliqué dans le livre.
La très belle histoire d’amour nous est racontée par le mari, avec, intercalés, les différents articles de presse dithyrambiques au début puis de plus en plus sévères et soupçonneux.
Passe pour les revues people, mais pas pour des revues de musique classique huppées !
Las ! Les très nombreuses répétitions font remplissage et ont gâché une grande partie mon plaisir.
En fait, ce livre ne vaut que pour le dernier chapitre tout bonnement renversant. J’ai cru que j’avais la berlue. J’ai donc relu la fin et, non !, pas la berlue hallucination ? Rêve ? Là, oui, j’ai été bluffée et admirative.
Moralité : patientez jusqu’à la fin. Le reste est à lire en diagonale, en sautant les redites. J’ai bien aimé aussi les passages sur le Viet Nam et ses légendes.
Autre avantage : pas besoin d’une Loupe pour le lire ; l’écriture est énorme.
Martine
TRAN HUY Minh
Ed. de la Loupe, 2010, 270 p.

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Blue Jasmine

Jasmine (Cate Blanchett, sublime), rescapée du naufrage financier de son époux, un homme d’affaires véreux qui a fini par se suicider en prison, débarque à San Francisco pour se faire héberger par Ginger, sa sœur, caissière dans une supérette, qui mène comme elle peut une petite vie chaotique.

Woody est de retour. J’avais eu peur l’année dernière avec son opus romain qui dégageait des effluves de vieux brouillon retrouvé dans un fond de tiroir et recyclé à la hâte. Me voilà rassuré, il est encore capable d’innover. Ce dernier chef-d’œuvre aborde le thème cruel du « déclassement social ».

Les fans du réalisateur auront au premier abord un peu de mal à trouver la filiation avec le reste de l’œuvre. Pour ma part, je remonterais à « vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu » pour retrouver l’origine d’une noirceur qui ne faisait alors que pointer le bout de son nez. Autre similitude, l’absence de référence au psy alors que de toute évidence, Jasmine en aurait grandement besoin… peut-être consultait-elle lorsqu’elle en avait les moyens.

Je rapprocherais aussi « Blue Jasmine » d’un autre chef d’œuvre. Il faut pour cela faire abstraction de l’intrigue criminelle très scénarisée de « Match point » pour ne retenir que l’histoire de l’ascension sociale d’un jeune homme sans scrupules et sans morale, servi par une chance inouïe. Jasmine en est le miroir inversé, elle n’a finalement pas grand-chose à se reprocher même si elle est indirectement responsable de sa situation. Projetée un temps dans une jet set que sa présence illuminait, elle y perdra ses repères et en sera chassée pour avoir misé sur le mauvais cheval. Le voyage à San Francisco sera l’ultime soubresaut d’une lutte contre une déchéance dont elle ne se relèvera pas.

Jasmine était beaucoup trop fragile pour supporter la chute, peut-être l’était-elle aussi pour supporter sa trop grande beauté. Incapable d’abandonner son passé flamboyant, elle s’y réfugiera pour ne plus en sortir. Comme Scarlett Johansson dans Match Point, Jasmine a joué… et a perdu.

Sa sœur semble plus solide, mais il faut dire aussi que Ginger ne tombe jamais de très-haut. N’ayant jamais goûté au grand luxe, elle n’a pas vraiment conscience de son existence. Moins prétentieuse, moins naïve, moins superficielle, elle se contente de transpercer les carapaces poisseuses de ringards improbables pour y trouver un peu de tendresse.

L’élément clef du film est pour moi le « hasard », cet électron libre que l’on qualifie de chance ou de malchance. On aimerait que les méchants soient toujours punis et que les bons soient toujours récompensés, mais il n’en est rien: le hasard s’abat toujours à l’aveuglette, il n’est pas immoral, il est amoral.
Edouard

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