Une bavure bien baveuse

L’inspecteur Garenni est dans de sales draps. Confit dans l’alcool, pas rasé, il se retrouve sur la scène d’un braquage au cours duquel l’un de ses subordonnés zélés est abattu. On tente de lui faire porter le chapeau. Son accorte épouse demande à Canardo de lui venir en aide.

Sokal monte d’un cran dans la noirceur. On entre cette fois-ci dans la veine mafieuse. L’inspecteur aux pattes palmées, qui s’était arrêté de boire dans le dernier album a replongé, mais il tient bien l’alcool (il a chez lui un arsenal assez impressionnant). Comme dans le voyage des cendres, il tombe sur une femme qui succombe à son charme et qu’il met sans difficulté dans son lit…bref, Canardo devient un dur. Il gagne en virilité, mais, en contrepartie, il perd peut-être un peu son sens de l’humour et de l’autodérision.

Sa partenaire de passage, le lieutenant Manta, est une chienne brune qui travaille à la police des polices. Un matou mafieux prénommé Goran l’entretient. Les fans y verront sans difficulté une variante du couple Clara/Raspoutine des premiers albums. Comme, Clara, Manta est une femme fatale qui utilise un fume-cigarette et comme Raspoutine, Goran est un gros chat qui fume le cigare.

Quid de Garenni ? Il est tellement pitoyable qu’il perd toute humanité (déjà qu’avec une tronche de lapin, ce n’est pas facile…). On sait maintenant qu’il se prénomme Eugène et qu’il appelle sa femme « maman ». Sokal devrait à mon sens lui donner un peu plus d’intelligence pour qu’il ne soit pas uniquement un faire valoir de Canardo.

Madame Garenni est toujours aussi matrone. Elle fait une apparition fracassante à la fin de l’album qui, je trouve, vient un peu comme les cheveux sur la soupe.

Dans l’avant-dernière case, il y a une coquille. Garenni dit « une voie professionnelle… » au lieu d’ « une vie professionnelle ».

Bref, je trouve qu’« une bavure bien baveuse » n’est pas un très bon cru. Je le trouve même un peu bâclé.

Cela m’embête bien, parce que j’ai acheté l’album aujourd’hui à Angoulême, parce que je vais le faire dédicacer par l’auteur demain et parce que je voulais lui dire que j’avais fait une super critique sur mon blog. Elle risque de ne pas lui faire plaisir d’autant plus qu’il figure dans la sélection polar (Palmarès dimanche à 16h00).

Enfin, je ne vais pas dire que j’ai aimé si je n’ai pas aimé. Et puis…qui aime bien châtie bien.

Edouard

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Kate à l’assaut du Castle

Si j’écrivais un jour mes mémoires, je pourrais écrire un chapitre entier sur la deuxième chaîne. Mon enfance s’est articulée autour de RécréA2, cela fait 27 ans que je me réveille avec William Leymergie, je suis un inconditionnel de « N’oubliez pas les paroles » et j’ai même suivi les aventures exotiques et délicieusement régressives de « Rani ». Il n’y a guère qu’avec « Nicolas le Floch » que j’ai du mal. C’est sans doute l’exception qui confirme la règle.

Je n’étonnerai donc personne en avouant que je suis fan de « Castle » : la série policière du lundi soir un poil surréaliste avec une flic super sexy (le lieutenant Kate Becket) accompagnée d’un écrivain « toutou » (Richard Castle) qui se promène sur les scènes de crime avec un gilet pare-balles sur lequel on peut lire l’inscription « Writer ».

Deux ressorts principaux dans la série :
– Le mystère du meurtre de la mère de Becket ;
– La relation entre Becket et Castle.

Cela faisait un moment qu’on savait qu’il y aurait forcément un lien entre les deux thématiques et que le dénouement de l’une conditionnerait celui de l’autre. Restait à savoir quand et comment ? Il eut été tentant pour le réalisateur de faire durer éternellement le petit-jeu à la « Tom et Jerry » de Richard et Kate. Si Tom avait dévoré Jerry, Hanna Barbera aurait nécessairement dû mettre la clef sous la porte. À ma connaissance, la relation entre John Steed et Emma Peel, les héros mythiques de « chapeau melon et bottes de cuire » n’a jamais vraiment évolué (a l’époque, c’est vrai que je ne donnais pas autant d’importance à ces aspects du scénario).

Toutefois, imperceptiblement, au fil des épisodes, on sentait une progression du lien qui unissait Richard et Kate. Peu à peu, la « conclusion » est apparue comme étant incontournable.

Mais alors, s’ils sortent ensemble, que va devenir la série ? Pourra-t-elle survivre aux ébats de la superflic et de l’écrivain ?

Ce soir, le dernier épisode de la saison trois était diffusé à l’heure habituelle. Je l’ai attendu sans trop croire à un dénouement. J’ai été bluffé. Tout à explosé en même temps en un gigantesque feu d’artifice. Les meurtriers de la mère de Becket sont apparus en pleine lumière et Castle s’est enfin décidé à déclarer sa flamme.

Le dernier plan de l’épisode peut laisser penser que tout est fini. Heureusement, Télérama a mangé la grenouille en annonçant une saison quatre pour septembre.
Toutefois, rien ne sera plus comme avant : le capitaine Montgomery est mort et Tom va dévorer Jerry. Et si Télérama s’était trompé ?

Edouard

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Les hommes qui n’aimaient pas les femmes

Mikael Blomkvist, reporter chez Millenium, un grand journal d’investigation suédois, est temporairement mis au tapis par un homme d’affaires auquel il s’est attaqué. Un soutien inattendu va lui arriver du nord du pays. Henrik Vanger lui apportera les éléments qui lui permettront de refaire surface s’il accepte d’enquêter sur la disparition de sa nièce. Dans ses recherches, Blomkvist sera assisté par une hackeuse : Lisbeth Salander.

Moins de trois ans après la première adaptation cinématographique de la saga de Stieg Larsson (publiée entre 2005 et 2007), David Fincher propose sa version du premier volet de la trilogie. On pouvait reprocher à l’adaptation très nordique de Niels Arden Oplev un manque de moyens, une fidélité peut-être un peu trop appuyée au roman original et une certaine lenteur dans l’action.

Fincher prend ses aises. On sent en effet plus de moyens et peut être une plus grande maîtrise du scénario.
Le titre en anglais est « The girl with a dragoon tatoo ». Le personnage principal pour le réalisateur américain n’est donc plus Mikael Blomkvist, mais Lisbeth Salander.

Rooney Mara fait ce qu’elle peut, mais trois obstacles l’empêchent de monter sur la première place du podium.

Le scénario d’abord. Larsson avait fait le choix de ménager son importance (dans le premier volet), ce qui la mettait en valeur sans trop l’exposer. En la poussant au-devant de la scène, Fincher lui met d’emblée la barre très haute.

Daniel Craig ensuite. J’avais un peu du mal à imaginer celui qui incarne en ce moment James Bond à l’écran dans le rôle de Blomkvist. Craig a beau faire tout ce qu’il peut pour s’effacer, on ne peut s’empêcher de lui trouver un air de 007. Pour couronner le tout, le générique très sophistiqué du début semble un copier/coller de ceux qui introduisent chacune des aventures du célèbre espion britannique.

L’ombre de Noomi Rapace enfin. La Lisbeth de l’adaptation de 2009 avait un charme animal extraordinaire, proche de celui de Milla Jojovitch dans le Cinquième élément.
Rooney Mara, en dépit de l’immense dragon tatoué sur son corps et de ses nombreux piercings, semble plus sage. Dans certaines prises, je lui ai trouvé des faux airs de Julia Roberts et avec la perruque blonde qu’elle porte à la fin, elle m’a fait penser à Mélanie Laurent.

Globalement, la version de Fincher reste tout de même un très bon divertissement. Pour la suite, j’aimerais bien qu’il réalise la scène de l’ouragan décrite par Larsson au début du deuxième tome. Peut-être faute de moyens, le réalisateur de 2009 l’avait escamotée.

Edouard

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L’hermine était pourpre

L’épouse d’un avocat est sauvagement assassinée. Bien évidemment, le mari a des problèmes donc, il devient le suspect N° 1 pour le juge, mais ses collègues ne l’entendent pas comme ça. Police, bâtonnier et avocats mènent l’enquête. (Beaucoup de monde pour pas grand-chose !)

Un polar bien français, bien gentillet et plein de prétentions qui survole un tas de sujets : la police, la justice et l’injustice, la bavure, l’information qui manipule, les manifs et comment les juguler après que les voitures ont flambé, les roms, le vélo, etc. Beaucoup de poudre aux yeux pour une enquête tirée par les cheveux et cousue de fils blancs.

Bien évidemment, l’auteur ne casse du sucre sur personne ce qui lui a permis d’obtenir le « Prix du Quai des Orfèvres 2012 » (tiré en novembre 2011).

Un livre très policé. Trop pour moi. Il en devient naïf et insipide.

À lire quand on ne veut pas réfléchir, pour se préparer au sommeil, par exemple.

L’hermine était pourpre
Pierre BORROMEE
Fayard, 2011, 378 p.
La Martine somnolente

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Deux sœurs pour un roi (Philippa GREGORY)

« Introduite au palais de Westminster, à l’âge de 14 ans, Marie Boleyn séduit le roi Henri VIII auquel elle donnera deux enfants. D’abord éblouie par le souverain, elle comprend qu’elle sert d’appât au milieu des complots dynastiques. Quand l’intérêt du roi pour elle s’émousse, Anne est chargée de le séduire à son tour.

Désir, haine, ambitions, trahisons. Se déroulant sur quinze ans, cette fresque historique, racontée à la première personne par Marie Boleyn, dépeint les rivalités au sein de la dynastie des Tudor. Une histoire qui se terminera dans le sang. »

« Véracité des dialogues et souci du détail propulsent le lecteur jusque dans les appartements privés de Henri VIII. » The Times.

Compte tenu de ce que l’on sait exactement de cette époque et de ces deux dames (fort peu de choses, quelques suppositions), il est évident que pour remplir 660 pages, il a fallu beaucoup d’imagination et de cancans.

Le livre commence, continue et finit dans le sang. (Beaucoup de fausses couches). Ces dames passaient leur temps en bal, repas, chasse (tout gibier), frivolités, messes, broderie et perfidies.

Quant à la traduction, elle tient des mots croisés et des mots muets. Un petit boulot supplémentaire. J’adore !

Pour les amateurs du genre ! Il se laisse lire.

La Martine

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