Laissez-passer

Le général a décidé d’accélérer la cadence : un article tous les deux jours. Guy et Martine peuvent faire les fiérots, ils ont plusieurs semaines d’avance, mais moi, je n’ai rien en réserve et c’est mon tour aujourd’hui. C’est Pâques, je ne devrais pas trop avoir de mal. Le chocolat, les œufs…je suis pas trop inspiré.

Je peux toujours vous parler de ce que j’ai vu cette semaine à la télé.

Il y avait « Un jour sans fin » sur « D8 ». Je trouve que c’est une drôle d’idée de donner un nom de cellule de tableau Excel à une chaîne de télévision, pas vous ? C’était peut être la quinzième fois que je voyais ce film, mais je ne m’en lasse pas: Bill Murray, la journée de la marmotte, Andie MacDowell et cette réplique culte au bowling « si je me réveillais chaque matin le même jour, ça ressemblerait drôlement à ma vie »…un délice.

Mercredi, j’ai regardé « Crapuleuses » sur France 2. Quoi ? Vous l’avez pas vu ? Bon, je vous raconte.
Violette, une ado très réservée, arrive dans une banlieue un peu chaude avec ses parents.
Au lycée, sa commence très mal : elle devient vite la tête de Turc d’une bande de filles qui la tabassent et la rackettent régulièrement. Violette aurait pu s’effondrer, mais va trouver une parade et se débrouille pour devenir copine avec l’une des grandes blacks de la bande qui va l’intégrer dans le gang des « Crapuleuses ».
Les Crapuleuses zonent, font des conneries et rient très fort pour ne pas entendre leurs angoisses. Dans ce microcosme, Violette n’est pas très à l’aise.
Yara Pilartz, la toute jeune femme qui incarne Violette, est absolument extraordinaire. On la voit tout au long du film, écartelée entre ses désirs d’ado (avoir des copines, se sentir forte au sein d’ un « gang », embrasser des garçons…) et d’autres chemins qu’elle ne perçoit que confusément, mais qui feront d’elle une adulte. Je ne vais pas vous raconter la fin, mais Violette, tout comme Yara Pilartz, relève le défi haut la main.

Finalement, « Un jour sans fin » et « Crapuleuses » racontent un peu la même chose. L’histoire du parcours initiatique d’un homme d’âge mûr et d’une ado qui s’ouvrent à la vie, l’histoire d’un passage, d’un « Pessah », tout comme celle des Hébreux qui traversent la mer Rouge ou celle de la crucifixion du Christ.

Évoluer, se transformer, n’est-ce pas l’opportunité la plus formidable qui nous est proposée par la vie ? Cela mérite bien une fête.

Joyeuses Pâques !!
Edouard

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Chronique d’une mort annoncée

« Le jour où il allait être abattu, Santiago Nasar s’était levé à cinq heures et demie du matin pour attendre le bateau sur lequel l’évêque arrivait ».
Plusieurs années après l’événement, un homme – le narrateur du récit – recueille les témoignages et raconte les circonstances du meurtre du jeune Santiago Nasar, son ami, dans un village des Caraïbes.
Acaso sea Crónica de una muerte anunciada la obra más «realista» de Gabriel García Márquez, pues se basa en un hecho histórico acontecido en la tierra natal de escritor.
Une perle, par un auteur colombien récompensé par le prix Nobel en 1982.
Il arrive à combiner tragédie et dérision dans cette pseudo-enquête policière d’une humanité et d’une densité étonnantes.
Dans la scène de l’autopsie, il sublime l’esprit carabin tel que je ne l’ai jamais rencontré.
Beso amistoso,
Guy
Gabriel Garcia Marquez – Poche

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La Liseuse

Il s’agit plus d’un livre sur l’édition que sur la Liseuse.
Robert Dubois, célèbre éditeur sur le déclin, se voit imposer une liseuse par son associé, plus jeune et plus moderne.
L’aventure commence mal. En s’endormant sur le texte, il reçoit la Liseuse sur le nez. 730 gr. le marquent pour un moment.
« Il y a une foule de livres qu’il faut avoir lus, que tout le monde a lus, que je n’ai pas lus, estimant sans doute qu’ils avaient été assez lus sans qu’ils aient besoin que je les lise : pendant ce temps-là, je lisais d’autres livres. » François Caradec.
Voilà une pensée qui me convient très bien.
J’ai eu l’impression d’avoir déjà lu ce livre ou du moins quelque chose sur l’édition avec de l’humour qui lui ressemblait.
« Massacre pour une bagatelle » de Brami Émile.
La Liseuse est mieux écrite. Il y a, peut-être, un humour plus fin, mais…
La Martine refroidie
FOURNEL Paul R Mars.-13
P. O. L., 2012, 218 p.

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Just follow me

Je vais bientôt avoir 3 ans et, malgré mon jeune âge, j’ai soif d’indépendance. Je viens donc de créer mon compte Twitter (tapez « ddelary » dans le moteur de recherche twitter) sur lequel vous pourrez suivre mes aventures, celles de Martine, d’Alexandra, de Guy, d’Edouard, de Georges et celles de toutes celles et tous ceux qui voudront bien apporter leur contribution à cette belle aventure. Il n’y a aucune limite de registre. Les passionnés de cinéma et de littérature sont les bienvenus, tout comme les passionnés d’astrologie, d’opéra, de cuisine, de tricot, de jardinage….

Je me présente :

– Mon nom est celui que m’ont donné mes parents qui étaient fans de « shérif fais moi peur », mais qui n’avaient pas pensé à la personnalité controversée du général sudiste.

– J’aime la culture sous toutes ses formes. Mon thème de prédilection est la lutte de l’individu écrasé par la société. J’aime les gens qui s’engagent et qui ont des personnalités marquées. J’aime les choses qui bougent.

– Je n’aime pas les bannières et le prosélytisme politique et religieux. J’ai une haine profonde pour toutes formes de discriminations. Je déteste les vieux schémas simples et, plus généralement, toutes formes d’entraves intellectuelles. Je critique beaucoup notre société de consommation, mais je ne suis pas un ermite et j’en profite finalement pas mal.

Voilà, je n’ai sans doute pas tout dit ; le mieux pour vous rendre compte est encore de venir me rendre visite.

Si vous êtes intéressés, envoyez-moi vos contributions en cliquant sur « écrivez-moi » en bas à gauche de la page d’accueil du blog.

See you later

Général Lee

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Les mystères de sainte Freya

Une histoire plutôt plaisante, mettant en scène un évêque confronté à un corbeau qui doute la sainteté d’une religieuse belge.
Il manque tomber de son siège quand il reçoit un e-mail ‘Freya était une salope’.
Un représentant du sinistre Opus Dei s’occupe des contacts avec le Vatican, et voilà le lecteur embarqué dans une enquête policière bien ficelée, quoiqu’un peu faiblarde vers la fin. Un livre bien écrit, régionaliste (tout cela se passe à Liège), avec des allusions politiques belgo-belges qui probablement passeront au-dessus de la tonsure des franco-français ou des Helvéto suisses.
Un bémol de taille: l’auteur est enseignant, et même directeur d’un petit séminaire (collège catholique), et me laisse un peu l’impression de cracher dans la soupe (ou dans le bénitier). Quelques réflexions intéressantes sur l’hypocrisie de la hiérarchie religieuse ne m’enlèveront pas l’idée qu’il s’est généreusement servi au passage.
Amitiés au nom du père, etc.
Guy
Armel Job – Robert Laffont – 282 p.

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Vous plaisantez monsieur Tanner

Un livre sans prétention si ce n’est celle de nous distraire et je trouve cela très bien.
« Paul Tanner, documentariste animalier, menait une existence paisible avant d’hériter de la maison familiale. Décidé à la restaurer du fond en comble, il entreprend des travaux. Tandis qu’il s’échine sur les sols, les corps de métier défilent. Maçons déments, couvreurs délinquants, électriciens fous. Tous semblent s’être donné le mot pour lui rendre la vie impossible.
Récit véridique d’un chantier, chronique d’un douloureux combat, galerie de portraits terriblement humains. Une comédie menée par un narrateur qui ressemble fort à son auteur. »
Par moment, le livre m’a paru un peu exagéré, mais si peu quand on pense à la galère que nous font vivre les artisans. C’est bien vrai que quand un vient vous réparer quelque chose, il en casse 5 autour de lui.
Ce livre m’a souvent fait rire.
Je le recommande à tous ceux qui ont fait faire de gros travaux chez eux et plus particulièrement à ceux qui ont en projet d’en faire. Ce livre ne les aidera pas à choisir un artisan (il y en a de sérieux, mais aucun gratuit), mais à mieux se préparer psychologiquement à la future catastrophe. Peut-être.
La Martine
DUBOIS Jean-Paul
Ed. de l’Olivier, 2006, 199 p.

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Le démon de minuit

Hervé Bazin (1911-1996), l’auteur de « Vipère au poing », « La tête contre les murs », « Au nom du fils », écrivit ceci sur le tard, en 1983.
J’avais gardé le souvenir d’un imprécateur, fort peu sympathique par ailleurs.
Le démon de minuit, c’est l’histoire de Gérard, 77 ans (mal) marié à deux reprises. Il se retrouve à l’hôpital après un infarctus. Par la suite, il se marie pour la troisième fois, avec une admiratrice comptant 40 ans de moins que lui. La pauvre…
Bof…
Tout cela a fort vieilli (forcément).
Que ceux qui lisent encore Hervé Bazin lèvent le doigt.
Voilà quelqu’un que je vais remiser parmi les semi-classiques.
Amitiés poussiéreuses,
Guy
Hervé Bazin – Poche – 287 p.

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Le jeu de la dame

Beth a 8 ans lorsqu’elle découvre les échecs, en « fraude », dans la chaufferie, avec le concierge peu loquace de l’orphelinat où elle vient d’entrer. Sans amies, les échecs deviennent vite toute sa vie. Elle est surdouée et a la grande faculté de voir, d’imaginer, l’échiquier dans son ensemble et les différents coups à jouer ou pas. Dans ce jeu, elle dépasse rapidement son maître qui fait appel à un homme venu de l’extérieur. Elle obtient de sa directrice l’autorisation d’aller se battre dans une autre école de la ville. Elle remporte haut la main tous les tournois. Las ! Les filles étaient droguées avec des petites pilules vertes pour qu’elles ne fassent pas de vagues. Beth avait pris l’habitude de les garder et d’en prendre plusieurs à la fois pour dormir quand elle était angoissée. Jusqu’au jour où elle est prise en flagrant délit de vol de ses fameuses pilules. Interdiction de jouer aux échecs pendant 3 ans. Beth est enfin adoptée et en volant dollar après dollar elle peut s’acheter des livres et un échiquier. Et puis, à 13 ans elle s’inscrit à un concours et le gagne. Son premier argent. Mineure, elle a besoin d’un adulte pour ouvrir un compte. Sa mère adoptive, délaissée par son mari, a besoin d’argent. Elle va devenir son agent et organiser ses voyages, la soutenir quand il le faudra et lui faire découvrir l’alcool.
D’abord ignorée parce que femme, elle va battre tous les champions, un à un jusqu’à l’inquiétant champion russe qui lui faisait si peur.
Un livre sur l’opiniâtreté, le courage, l’intelligence, la supériorité, le pouvoir de concentration, mais aussi les faiblesses d’une femme.
Un livre très positif puisque pendant 10 min je me suis sentie toute puissante, invincible et intelligente. Preuve que le livre m’a plu et que je suis bien rentrée dedans au point de faire un dédoublement de la personnalité.
Las ! Une lettre administrative incompréhensible m’a remise sur les rails. Non ! Je ne suis vraiment pas une surdouée !
La Martine dépitée.
TEVIS Walter
10/18, 1994 (1983), 330 p.

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Spring Breakers

Quatre copines décident d’aller faire un « spring break » en Floride, c’est-à-dire d’aller s’éclater pour fêter la fin des cours. Comme elles n’ont pas de fric, elles décident de braquer un petit commerce.
Le début de « spring breakers » fait penser à « Thelma et Louise » façon teen-movie. Cependant, cette impression laisse rapidement place à autre chose.
Arrivées sur place, elles vivent en bikini et se mêlent à une foule d’ados qui dansent, boivent et se droguent à longueur de journée.
Sans trop savoir pourquoi, elles sont embarquées par les flics mais rapidement libérées par un «gangsta» qui paie leur caution.
Les « gangstas », pour ceux qui ont oublié, c’est ces grands blacks des clips qui passaient en boucle sur MTV dans les années 90. Ils avaient des manteaux de fourrure, des chapeaux, des dents en or et des grosses bagouses ; comme Picsou, ils nageaient dans le fric et un troupeau de bimbos surexcitées leur tournait autour; ils prenaient des airs supérieurs tout en prohibant un pistolet automatique et en caressant un pitbull. Vous vous souvenez maintenant ?
Bon, le « gangsta » qui prend les filles sous son aile n’est pas bien méchant. Un peu paumé, il est surtout dans la représentation et à part se la péter, il ne fait pas grand-chose.
Les gamines sont là pour s’amuser et dans un premier temps, elles acceptent leur rôle d’objet sexuel, le seul que ce milieu très phallocrate leur propose. L’une d’entre elles se lasse rapidement. Une seconde s’en va aussi après avoir pris une balle dans le bras. Les deux qui restent sont bien décidées à faire durer le clip jusqu’au bout et plongent dans l’ultra violence, comme les filles de « Boulevard de la mort ». Toutefois, chez Tarantino, cette violence, dirigée contre un serial-killer, semblait légitime alors que là, la violence est gratuite : on reste dans la représentation, dans le « happening » : on se dit qu’elles vont se faire filmer et mettre leurs exploits sur YouTube, histoire d’épater les copines.
Sont-elles des femen ? C’est bien possible. Souhaitent-elles instaurer une domination féminine en créant un univers ultra-violent inversé ? Peut-être, mais elles ne semblent pas avoir de revendications bien précises. Ce qui semble clair par contre, c’est qu’en 20 ans, le genre « gangsta » a pris du plomb dans l’aile.
Edouard

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Le blé en herbe

Une lecture recommandée du bout des lèvres par nos maîtres spirituels.
Parue d’abord sous forme de feuilleton – en 1923 – la publication fut interrompue à la suite des protestations des lecteurs. L’histoire de Vica (nom latin de la pervenche) et de
Philippe se passe en Bretagne pendant les vacances d’été. Ils ont 15 et 16 ans. Ils sont promis l’un à
l’autre. Une ‘dame en blanc’ séduira Philippe et lui fera découvrir les plaisirs de la chair…
Ce roman naturaliste sent bon la mer. Il déborde des couleurs de la fin de l’été. Colette semble y avoir mis beaucoup d’elle-même. Elle fut l’initiatrice de son beau-fils, Bertrand de Jouvenel. Pas étonnant que les censeurs aient levé le sourcil.
Une grande dame de la littérature française.
Amitiés sensuelles,
Guy
Colette – Poche

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