Il y a un mois, je disais avoir perdu 77 amis FB depuis juin. Toutefois depuis 10 jours, j’ai refait le plein si bien que ce soir, je dépasse le nombre d’amis de juin 2016. Bien entendu, je dis ça pour les nouveaux qui liront ce poste, ils sont bien mieux que ceux qui sont partis 😊…à moins que ce ne soient les mêmes. Pour tout dire, si j’ai constaté que mon nombre d’amis diminuait, je n’ai pas pu savoir qui partait. En tout cas, ce n’était visiblement pas des familiers qui semblent toujours fidèles au poste.
Ça me plaît bien d’imaginer un complot de 80 amis Facebook qui, après s’être étiolés pendant 6 mois, décident de revenir groupés tout à coup. C’est malheureusement peu probable et je constate sur mon fil d’actualité que je ne suis pas le seul à être concerné par cette invasion amicale qui, je ne le cache pas, est plaisante au milieu de l’hiver d’autant plus que la plupart de ces amis semblent avoir des profils vraiment intéressants. Bon, sur le lot, il y a encore quelques blondes aux gros seins qui, saison oblige, sont beaucoup moins dénudées qu’au mois d’août ; quelques profils purement commerciaux et deux ou trois FN/UPR, mais globalement, ce sont des gens qui tournent autour de la littérature.
Je n’avais pas d’explication pour les départs espacés dans le temps, mais ça ne me semblait pas vraiment mystérieux : il y en a certainement eu qui n’aimaient pas mes posts, d’autres qui se sont fait pirater leur compte ou ont décidé de quitter FB pour une raison X ou Y et sans doute un certain nombre qui ont atteint le plafond des 5000 amis et qui décident de faire du tri. Par contre, l’arrivée massive de nouveaux amis est moins facile à expliquer. L’année dernière, j’avais pensé que c’était lié à l’activité sur mon blog, mais maintenant que je suis relié à Google analytic, j’observe qu’il n’y a pas d’activité anormale. La seule explication rationnelle est qu’on est en hiver et que les gens ont plus envie de créer du lien qu’en d’autres périodes de l’année.
En fait, j’ai une autre idée, mais elle est un peu floue. Je me demande si tous ces amis existent vraiment, s’il y a bien derrière ces photos de vrais individus en chair et en os qui leur ressemblent. Ce n’est pas simple de créer des vrais faux profils, mais ce n’est pas impossible avec un algorithme qui va créer un profil qui me plaira à partir de mes propres centres d’intérêt. C’est peut-être du fantasme, mais il serait possible d’imaginer que FB diffuse des faux profils uniquement pour me faire plaisir, pour me fidéliser, à l’heure où d’autres réseaux sociaux apparaissent et où certains désertent FB pour VK.
En attendant, je continue à accepter les profils qui me plaisent sans savoir s’il y a vraiment des gens derrière. Avec le temps, il y a tout de même quelques amis Facebook qui prennent une forme un peu humaine comme Necro Mongers, Christophe Adan, Véronique Morin, Hélène Vivi, Laurent Daniel, Franck Chanloup, Loredana Kahn… et je serais vraiment très surpris si on me prouvait qu’ils n’ont en fait aucune existence réelle.
Après mûre réflexion, je me demande si c’est vraiment important de savoir si je peux les toucher en vrai du moment qu’ils me font rire, pleurer, réfléchir ou m’énervent. La seule chose qu’on leur demande est de s’exprimer et sur FB, je préfère un robot qui s’exprime à un humain qui ne dit rien.
Édouard
Mois: janvier 2018
La grammaire est une chanson douce
Les bases de la grammaire française racontée aux enfants et aux adultes ayant oublié les bases de la grammaire et/ou leur âme d’enfant.
Il y a beaucoup de livres que j’ai lus trop jeune, mais celui-là, j’aurais aimé le lire à l’école primaire. Il ne date cependant que de 2003, ce qui est un peut tard pour moi. Je n’aimais pas la grammaire, n’y trouvant aucun intérêt. Je n’aimais pas non plus la conjugaison ni l’orthographe et j’écrivais comme un cochon. C’est venu plus tard, beaucoup plus tard…mais j’adorais la lecture et nul doute que si on m’avait fait lire à l’époque le livre d’Erik Orsenna, les choses auraient été différentes.
Je n’avais jamais rien lu de lui. Son style est d’une fluidité extraordinaire tant est si bien qu’au début de l’ouvrage, j’engloutissais les mots tellement vite qu’il m’était impossible de suivre l’intrigue. J’ai cru tout d’abord que c’était seulement une succession d’historiettes, de TTC comme ils disent chez Shortédition que je remercie au passage de m’avoir envoyé ce livre pour mon noël. Quand le débit s’est calmé, la structure a commencé à apparaître. Je n’avais jamais imaginé que le style pouvait être un régulateur de flux, le robinet des mots.
C’était aux environs des mots oubliés. Les mots, comme les dieux et les fées, meurent si on les oublie. Moi j’aime bien les mots « torve » et « chafouin », j’essaie de les employer dès que possible.
Après, les mots tant redoutés dans mon enfance sont apparus : nom, pronom, article adverbe, verbe…quelle horreur, je les avais maudits à l’époque, ils me rappellent des listes que je trouvais alors sans queue ni tête que je réussissais péniblement à apprendre pour les oublier à la sortie du contrôle. Elles étaient imprimées sur des stencils à l’odeur si particulière…l’encre bavait un peu. J’ai pensé alors que c’était le moment de faire un voyage dans le temps, de gommer de ma mémoire tous les enseignements grammaticaux dont il ne me reste qu’une vague souffrance et de les remplacer par tous ces petits personnages à l’allure si joyeuse se donnant la main, faisant des rondes et évoluant dans un paysage à la Candy Crush, guidés par les verbes donnant le tempo.
– Qu’est ce qui ne va pas la conscience ? Je vois bien ton petit regard chafouin. Tu vas me faire ensuite le coup de l’œil torve.
– C’est interdit. Le passé est gravé une fois pour toutes, il est sacrilège de vouloir le changer ;
– Oh, pour une fois. Je suis bien d’accord qu’il y a des choses du passé auxquelles on ne peut et on ne doit pas toucher, mais tout de même, les cours de grammaire de l’école primaire, c’est bien anodin.
– On commence par les cours de grammaire…
Edouard
Erik Orsenna
2003
Le livre de poche
Comment le peuple juif fut inventé
Le peuple élu passé au crible de l’histoire.
En 2002, j’avais été passionné par « la bible dévoilée » d’Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman. J’étais toutefois resté sur ma faim et j’ai attendu longtemps la suite et j’ai raté la publication de cet ouvrage en 2008.
Shlomo Sand va beaucoup plus loin que l’historien et l’archéologue de « la bible dévoilée » et s’attaque à une brique majeure de l’ADN du judaïsme : l’homogénéité ethnique.
La revendication d’une unité raciale découlant des récits bibliques semble exclure tout apport de corps étrangers dans la communauté. Si avec l’avènement du christianisme et plus tard de l’islam, le judaïsme s’est retrouvé minoritaire et bridé dans son action prosélyte, de nombreuses sources antiques témoignent de l’abondance des conversions au judaïsme.
Pour expliquer l’éparpillement des communautés juives à travers l’Eurasie, on évoquera l’exil suivant la destruction du second temple en 70 apr. J.-C.. Toutefois, aucune trace ne permet de confirmer la réalité de cet exil. L’existence de puissances juives loin de la Judée fait par ailleurs douter de l’unité raciale des exilés. Il s’agit notamment du royaume yéménite d’Himyar, des Berbères de la reine Kahina et des Khazars. L’auteur s’étend longuement sur cet empire médiéval caucasien converti au judaïsme et largement évoqué par les puissances de l’époque. Ethniquement, les Khazars étaient bien plus proches des Turcs que des Judéens, et sont peut-être les ancêtres des juifs ashkénazes qui peupleront l’Europe de l’Est. Faute de pouvoir effacer leur réalité historique, il semblerait que le jeune Etat Israélien se soit peu empressé d’entretenir leur mémoire.
Cette revendication raciale va s’intensifier à partir du XIXe siècle avec le mouvement sioniste de Theodore Erzl. Parallèlement, différents mouvements racistes non juifs vont en faire leur credo avant que l’idéologie nazie ne se l’approprie. Après la Seconde Guerre mondiale, elle constituera un pilier de la création de l’État d’Israël.
Bien que convertis à l’islam, les Palestiniens sont certainement bien plus proches ethniquement des Hébreux que les colons israéliens et les interminables recherches génétiques israéliennes tendant à prouver l’existence d’une race juive, font penser aux débats qui entourent l’authenticité du Saint-Suaire dans le monde chrétien.
Shlomo Sand ne cherche cependant pas à revenir sur la création de l’État d’Israël et sur la légitimité de ses coreligionnaires à l’occuper. Porte-parole de l’aile gauche du paysage politique Israëlien, il soutient que la survie du dogme racial qui accompagnait la création de l’État ne peut aujourd’hui mener qu’à l’impasse. Pour pouvoir faire face à une démographie défavorable et à un soutien de la communauté internationale qui n’a plus la puissance des années 60, l’État juif devra fatalement se réinventer et affronter son histoire.
Édouard
Shlomo Sand
Fayard
2008
Les heures souterraines
Deux personnages: Mathilde et Thibault.
Mathilde en veut. Elle travaille dans une entreprise qui ne veut plus d’elle.
Thibault est médecin, il travaille aux Urgence Médicales à Paris.
Mathilde s’opposera à Jacques, son chef, sans que le mot soit écrit ou prononcé. Elle s’écroule,
victime de burnout. Comme pour la majorité des victimes de ce syndrome, son entourage professionnel fera tout pour l’enfoncer de plus en plus profondément.
Thibault a dû renoncer à son rêve de devenir chirurgien, il fera lui aussi le constat de son échec professionnel, doublé d’un échec affectif.
Si le personnage féminin tient bien la route, le médecin m’a semblé peu crédible.
Et la question que chacun se pose: vont-ils tomber dans les bras l’un de l’autre?
Quelle est votre hypothèse?
Antérieur aux grands succès de Delphine de Vigan, cet ouvrage m’a déçu.
Lisez plutôt « Rien ne s’oppose à la nuit », ou encore « D’après une histoire vraie ».
Amitiés surmenées,
Guy
Delphine de Vigan – 326 p.
Cet été-là
Trois couples se retrouvent à Coutainville, en Normandie, pour fêter le 14 juillet.
Petite variation sur un canevas classique, avec les vrais et les faux secrets, les
rivalités cachées, l’ennui distingué, le bruit des vagues.
La dernière page tournée, le lecteur se sent heureux de passer à autre chose.
C’est bien écrit, rien d’autre à signaler.
Amitiés relâchées,
Guy.
Véronique Olmi – Poche – 296 p.