Inferno

Le mouvement brownien existe 😉
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mouvement_brownien
On peut se demander si Dan Brown se fout du monde dans ce ‘page turner’ invraisemblable.
Grand bien lui fasse: voilà au moins une retraite confortable assurée.
http://fr.wiktionary.org/wiki/se_faire_des_couilles_en_or
Tout le monde s’agite de la première à la dernière page.
L’alibi culturel y est: le lecteur visite Florence, Venise et Istanbul.
Si on vous prête le livre, ou si vous disposez de l’édition électronique – piratée si possible – jetez-y un œil.
Cela vous donnera peut-être envie de retourner en Toscane.
Amitiés gigoteuses,
Guy

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Budapest

L’instant que je veux garder est ce petit sourire échangé avec un touriste dans le bus qui allait à l’aéroport. L’objet de ce rapide échange provenait de la défectuosité du composteur. Je ne m’attarderai pas sur l’aspect comique de la situation, qui est d’ailleurs difficile à expliquer. Ce qui m’intéresse, c’est le fait que quand le système D prend le pas sur l’ultra sécuritaire, les rapports entre les touristes évoluent. Une complicité et une solidarité implicite se mettent en place. On se donne des conseils, on se salue discrètement quand on se croise, on ne s’évite pas trop. Je comprends pourquoi certaines personnes âgées ayant connu la guerre regrettent la disparition de ce climat d’entraide consécutive au retour de la paix. On s’autodiscipline un peu plus aussi. Je n’avais plus aucune envie de traverser quand le petit bonhomme était rouge, mais, bien souvent, les passages cloutés n’avaient pas de feu et parfois, les feux n’avaient pas de passages cloutés. Je ne voudrais pas que mes propos soient mal interprétés, mais quand on arrive de Vienne, le contraste est saisissant. Le climat d’insécurité est aussi très inégalement réparti dans la ville. Certes, les abords de la gare de Kelenföe où arrivent les trains de Vienne ainsi que ceux de l’aéroport font un peu penser aux films de Kusturica, mais on ne ressent aucune insécurité dans le centre de Pest (partie est de la ville).
Bon, voilà, c’est dit. Maintenant, c’est une très belle ville. Ceux qui ont un peu voyagé en Europe s’amuseront à essayer de faire la comparaison avec d’autres villes. Le centre-ville fait beaucoup penser à Vienne. Le Danube qui sépare les deux anciennes villes de Buda et Pest est gigantesque et effectivement bleu, bien plus large que la Seine ou la Tamise, on pense au Bosphore, toutes proportions gardées. Pest, chrétienne depuis le XVIIe, n’a pas conservé grand-chose de son passé ottoman et la ressemblance avec Istanbul ne va pas plus loin. Le parlement, immense lui aussi, fait beaucoup penser au Hieronimos de Lisbonne. La rue des seigneurs, dans le quartier du château, côté Buda, fait penser aux quartiers de vieilles villes commerçantes prospères comme Amsterdam ou Bruxelles. S’agissant de l’extraordinaire musée des arts décoratifs construit par Odon Lechner qui est à Budapest ce que Gaudí est à Barcelone ou de la gigantesque synagogue du centre-ville… je n’avais jamais rien vu de tel.
Pour tout dire, j’ai été complètement déconcerté par cette ville et je regrette de ne pas y avoir passé plus de temps pour essayer de mieux la comprendre. J’étais prisonniers de mes clichés sur ce que l’on appelait avant « les pays de l’Est », rebaptisés « nouvelle Europe » par Georges Bush. À côté de Kusturica, ma perception culturelle des pays de l’Est se limitait à M. Preskovitch, au Bratisla Boys et à « je vous trouve très beau ».
Sur le trajet Vienne-Budapest, j’ai été presque surpris de me rendre compte que le « rideau de fer » était constitué d’une nature d’une grande beauté. Finalement, je connais mieux la géographie des États-Unis que celle de l’ex Saint-Empire. J’ai aussi fini par comprendre que le mot « Carpates » ne désigne pas seulement la région d’origine du comte Dracula, mais que c’est aussi une chaîne de montagnes (à l’est de la Hongrie). Budapest se développera encore, les travaux que l’on voit un peu partout dans le centre-ville en témoignent. Jusqu’où ? Cette nouvelle Europe reste un lieu incertain.

Edouard

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Eux sur la photo

« Une petite annonce dans un journal comme une bouteille à la mer : Hélène cherche la vérité sur sa mère, morte lorsqu’elle avait trois ans. Son seul indice : deux noms sur une photographie retrouvée dans des papiers de famille. Une réponse arrive : Stéphane a reconnu son père.
Commence alors une longue correspondance, parsemée de détails, d’abord ténus puis plus troublants. Patiemment, Hélène et Stéphane remontent le temps, dépouillant des archives et cherchant dans leur mémoire. Peu à peu, les histoires se recoupent, se répondent, formant un récit différent de ce qu’on leur avait dit. »
Un roman épistolaire palpitant puisque les éléments nous sont donnés petit à petit, crescendo jusqu’à la fin. Le tout entrecoupé de la description d’une photo avec une telle profusion et précision du détail qu’il me semblait l’avoir sous les yeux.
Un livre très bien écrit qui m’a passionnée au point de ne pas sauter une ligne et même de le relire 3 fois pour bien m’imprégner de la situation et pour le plaisir de lire. Voilà qui ne m’était pas arrivé depuis longtemps !
Je vous en dévoile un peu plus. Il s’agit de deux histoires d’amour. Celle malheureuse des parents dans les années 68 puis celle des deux jeunes, 30 ans plus tard, plus décontractés, avec de l’humour parfois, mais lente et pleine de pudeur, de respect et d’amour des autres. Il n’est pas facile d’admettre la trahison des autres. Mais, Chuttttt !
Un vrai bain de jouvence et un grand plaisir de lecture.
La Martine « in restauro »
GESTERN Hélène
Arléa, 2011, 274 p.

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Crépuscule

Lu après un séjour à New York, j’espérais retrouver un peu l’ambiance de Manhattan.
Las.
Ce lourd pensum raconte le retour de Mizzy chez sa soeur Rebecca, mariée à Peter.
Et figurez-vous que Peter tombe amoureux de Mizzy.
Michael Cunningham fait, semble-t-il, partie des auteurs dans le vent.
Encore faudrait-il savoir de quel vent on parle. Celui-ci est fétide.
Un livre décadent se passant dans une société sans balises.
Du pipeau.
Amitiés travesties,
Guy
Michael Cunningham – 10/18 – 286 p.

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Vienne

La première partie du voyage touche à sa fin. Je me donne une demi-heure. Qu’est ce que je retiendrai de Vienne ? En arrivant de l’aéroport, ce qui m’a frappé, c’est que tout m’a semblé super clean, il y avait une petite rivière avec des galets et je me suis dit que les galets paraissaient incroyablement propres, qu’un employé municipal devait certainement les frotter la nuit. Je ne peux pas dire que le coup de foudre ait été immédiat. En plus, je me suis fait engueuler par un flic en arrivant parce que j’ai traversé une rue alors que le petit bonhomme était rouge. Je ne lui ai pas répondu qu’il n’y avait pas de voitures et je me suis platement excusé, j’avais trop peur qu’il m’emmène à la kommandantur. J’ai pensé que c’était parce que j’avais les cheveux trop longs et que je n’étais pas rasé. Je me suis rasé en arrivant à l’hôtel et effectivement, je n’ai plus eu de problèmes après.
Tous ces énormes palais pleins de touristes du centre-ville m’ont semblé pour le moins indigestes. En plus, j’y suis allé le premier jour, alors que je n’avais pas encore vraiment coupé le cordon ombilical avec mon guide.
Les trucs « à faire » que j’ai faits :
– Prendre un café viennois dans un vieux café typique du centre. Heureusement, il ne faisait pas trop chaud;
– Schönbrunn. J’y suis allé en traînant les pieds, mais ça vaut quand même le détour, très joli parc, c’est ce qui manque d’ailleurs aux palais du centre ;
– Klimt. Il y a une expo Klimt, Schiele, Kokoschka jusqu’au 10 octobre au Belvédère. Le chaland est attiré en centre-ville par de grandes affiches au titre racoleur : « dekadenz ». J’ai été un peu déçu, les œuvres sont exposées comme ça, sans explications, sans grands panneaux didactiques. Ceci dit, le parc, l’extérieur et l’intérieur du palais sont magnifiques ;
– Freud. Je suis passé devant sa maison, pas un grand intérêt. Je ne suis pas rentré, je n’avais pas pris rendez-vous.
Une fois les « à faire » faits, on commence à poser ses valises, on prend de la distance avec le guide et on se laisse porter. Ce que j’ai préféré de loin, c’est tout le quartier est de la ville, de part et d’autre du Danube. Bon, moi je l’ai vu plus vert que bleu, c’est peut être une question de luminosité ou alors, parce que « le beau Danube vert », ça fait moins classe. A l’est, il y a plein de gens qui traversent la rue alors que le petit bonhomme est rouge, ça m’a fait plaisir.
Je me suis assis à la terrasse d’un café sur schwedenplatz avec « le premier amour » de Sándor Márai, c’est la que j’ai trouvé l’instant, celui qui résume ce qu’on a ressenti dans une ville et dont on se souvient longtemps. C’est une odeur, une odeur exquise qui émanait de mon voisin qui fumait la pipe. Le tabac à pipe, ce parfum un peu désuet et au charme profond.

  Edouard

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Fausses pistes

« Modeste fonctionnaire de la municipalité de Nottingham, Peter Williams mène une vie fade et sans passion.
Sa vie tout entière va basculer le jour où une jeune femme qu’il côtoie tous les jours (sans lui adresser la parole) dans le bus perd son journal intime. Peter s’en empare et, dès lors, la vie de Sophie n’a plus de secrets pour lui.
Le jour même, la propriétaire du cahier disparaît et la police commence son enquête. »
Mais qu’ont-ils tous ces gens à jouer les fouilles merde en se mêlant de ce qui ne les regarde pas ? D’autant que ça finit par leur retomber sur le nez.
Une vie fade et sans passion, je me suis ennuyée. Celle de Sophie n’est pas mieux. Tous deux ont en commun de ne jamais savoir quoi faire, de prendre de grandes décisions et de faire le contraire ou de choisir la fuite.
Sa vie chamboulée avec toutes ces fausses pistes devient complètement paranoïaque. Comment connaître la vérité s’il en change toutes les 10 pages ? Je n’ai même pas compris la fin.
Bien évidemment : « Un premier roman étonnamment maîtrisé, salué par la critique d’outre-Manche, qui marque la naissance d’un nouveau talent : C. L. n’a pas encore 30 ans, mais à l’évidence, un brillant avenir devant elle. » Dans le fouilli ».
Encore un auteur A N P L (à ne pas lire)
Qu’est-ce que j’ingurgite sous prétexte que l’été est chaud et le neurone en bouillie !
La Martine anesthésiée
LITTLEFORD Claire
Sang d’encre, 2003 (2003), 292 p

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Le confident

Un homme averti en vaut deux: ma petite-fille m’a prêté le livre avec la mise en garde: « C’est un livre de fille(s) ».
Et me voilà embarqué dans une histoire de couple stérile sur fond de deuxième guerre mondiale.
La dame prénommée Élisabeth ne trouve rien de mieux que de demander à son mari de féconder une certaine Annie.
L’insémination aura lieu, avec ce que l’on peut imaginer comme conséquences.
Tout cela se passe avant les fécondations in vitro.
Le mari étalon est appelé sous les armes, et donne à sa machiavélique épouse l’occasion de déployer ses talents de manipulatrice. Cherchez la femme…et l’enfant.
La forme épistolaire tient la route.
L’agacement devant les attitudes insensées amenées par un désir d’enfant, difficiles à comprendre – pour un homme, faut-il le préciser – fait place à une histoire bien ficelée, et racontée par les divers protagonistes.
Amitiés dramatico-reproductrices,
Guy.
Hélène Grémillon – Folio – 311 p.

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Les voisins d’en face

« Annie a tout pour être heureuse ; un métier agréable, un mari aimant, un adorable petit garçon et un beau bébé. Jusqu’au jour où de nouveaux voisins emménagent dans la belle demeure en face de chez elle.
David, obstétricien de renom et sa charmante épouse Lesley, maman d’une petite fille, vont bientôt, à leur insu, ne plus avoir de secrets pour Annie. Celle-ci découvre par hasard que, en réglant la fréquence de son écoute-bébé, elle peut entendre tout ce qui se passe chez ses voisins.
Ce qui n’est au départ que simple curiosité devient vite une drogue d’autant plus que les conversations de David n’ont rien de banal. »
« Roman au suspense haletant qui nous plonge, en compagnie d’une héroïne intrépide, au coeur d’un univers cruel et angoissant. »
D’accord pour le suspense puisque je suis allée jusqu’au bout, mais pas vraiment haletant.
L’héroïne intrépide est surtout une mémère people, trop curieuse qui aime bien se mêler de ce qui ne la regarde pas et qui a une imagination délirante d’où son sens de la culpabilité exacerbé et ses hésitations à aller plus loin. À quoi bon toutes ses moralisations puisque nous savons qu’elle choisira ce qui n’est pas « bien » (à son avis), mais permet au livre d’avancer.
Petit à petit nous découvrons les travers de David et ses trafics qui eux, manquent totalement de remords. Lui, c’est le côté cruel de l’histoire.
Les personnages sont un peu caricaturaux et attendus. Mais, bof !
Très bien le coup de la télé dans la salle de bains.
Très lisible pour les vacances !
La Martine qui a des voisins beaucoup plus calmes (que des vieux tout sage)…
SORREL Ames
Serena, 2006 (1988), 319 p.

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Si c’est un homme

Si je devais finir ma vie sur une île déserte et n’en emporter qu’un, ce serait sans aucune hésitation celui-là. Je l’avais lu au lycée. J’avais bien entendu été bouleversé par le récit de la barbarie nazie, par la description de ce processus industriel d’anéantissement conté par un survivant d’Auschwitz, mais aussi par autre chose que je n’avais pas alors bien définie. J’y ai repensé pendant 20 ans, pas tous les jours, mais presque : Fred Vargas dirait que c’était « une mouche dans le casque ». J’ai fini par prendre ma tapette à mouches et me suis replongé dans l’ouvrage.

J’ai cette fois-ci essayé de reléguer au second plan le contexte historique pour faire ressortir la mouche. Une étude sociologique et l’auteur lui-même me sont alors apparus.

Parler d’étude sociologique pour Auschwitz fait un peu froid dans le dos, mais il s’agit des mots de l’écrivain. Ce qui l’intéresse, ce sont les systèmes de défense que mettent en œuvre ses condisciples pour survivre dans cet enfer. Il dit même que ses réactions devraient faire l’objet d’une étude approfondie. Au moment où il finit d’écrire le livre en 47, il ignore qu’un jeune garçon juif qui a réussi à échapper à l’horreur des camps, Boris Cyrulnik, réalisera son souhait quelques décennies plus tard.
Primo Levi catégorise deux populations: d’un côté, les soumis, les faibles (physiquement et/ou moralement), les dociles qui finiront immanquablement dans les chambres à gaz. De l’autre, les puissants, les rusés, les sans morale et sans pitié, ceux qui n’hésitent pas une seule seconde à écraser les autres prisonniers pour assurer leur propre survie. Il y a cependant un point commun entre élus et damnés qu’il évoque un peu plus loin : la déshumanisation. Si la déshumanisation des « damnés » est physique, celle des « élus » est psychologique. Certes les élus vivent toujours en apparence, mais ils n’ont plus rien d’humain.

Comment Primo Levi s’en est-il sorti ? L’écrivain met beaucoup l’accent sur la chance. Une chance inouïe, presque une chance à la Tintin. Et puis, il y a quelques indices étranges qui contrastent avec la rigueur de ses observations. Lorenzo en fait partie, c’est un personnage qui manque incontestablement d’épaisseur, un personnage quasi angélique, le genre de personnage qui semble cacher une autre réalité qu’on n’ose avouer et s’avouer.

A-t-il retrouvé son humanité ? C’est tout le mystère qui plane autour du suicide de l’écrivain en 1987, aujourd’hui contesté par certains. Admettre son suicide, ce serait admettre l’extermination « à retardement » d’un grand humaniste par une implacable machinerie nazie. C’est humain de ne pas vouloir y croire.

Edouard

Si c’est un homme
Primo Levi

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Roy Lichtenstein

À Beaubourg jusqu’au 4 novembre. Bon plan pour les Parisiens qui bossent au mois de juillet et/ou août et qui veulent éviter les queues et la chaleur, l’expo est ouverte tous les jours sauf le mardi jusqu’à 21h.

Longtemps, je n’ai pas eu conscience que Roy Lichtenstein pouvait exister et qu’une figure pouvait surnager de ce flot de couleurs acidulées et de personnages hyperexpressifs surgis de l’univers des comics américains des années 60.
Et puis, je me suis rendu compte que certaines images revenaient plus que d’autres, des images qui s’étaient échappées des griffes des Marvel et autre Strange pour dire autre chose, des images qui permettront à l’époque aux situationnistes de dénoncer la société de consommation, des images qui deviendront des archétypes du Pop-Art.

On ne peut pas limiter Roy Lichtenstein à ses jeunes femmes blondes au physique aseptisé, tout comme on ne peut limiter Andy Warhol à Einstein tirant la langue ou Piet Mondrian aux pubs de Loréal.

À notre décharge, on ne peut pas dire qu’ils s’échinent beaucoup à se distinguer du vulgum.
Évidemment se sont des pops-artistes dont l’objectif est de brouiller les frontières entre le «commun» et l’ «artistique», comme autant de profanateurs de nos vieux schémas simples.

Derrière le pop-art et en particulier derrière l’œuvre de Lichtenstein, se cache une théorie de qui pose la question du positionnement de l’art dans la société. L’expo est à ce titre très didactique, on suit les différentes étapes du mûrissement de la théorie de Lichtenstein et des différentes formes qu’il lui donne.

Lichtenstein, lui aussi transforme le commun, j’ai été à ce titre troublé par ces sculptures de tasse à café décorées qui ont la taille de tasses a café, mais qui, pour une raison que je ne sais pas l’expliquer ressemblent plus à des sculptures qu’à des tasses. Le mot « pop » prend avec lui un autre sens que « populaire », celui d’éclosion, d’instantané comme dans « pop-up » ou dans « pop-corn », comme un bouchon de liège qui s’échappe d’une bouteille de champagne. Ce n’est pas un hasard si l’artiste aimait peindre des explosions et magnifiait les coups de pinceau.

Après avoir tirés le populaire vers l’artistique, Lichtenstein tire l’artistique vers le populaire en revisitant tous les classiques : Monet, Cézanne, Picasso, Fernand Léger, Matisse, Brancusi, Mondrian… Difficile de ne pas être insensible à sa reprise de la cathédrale de Rouen de Monet. Ca marque de fabrique, ses grisés avec ses petits points qui renforcent cette impression de relief que l’on retrouve dans toutes ses œuvres.

Ses petits points, qui prennent toute leur force dans son impressionnante série sur les « miroirs », finissent par occuper toute la toile à la fin de sa vie (1997) quand il revisite les paysages zen chinois.
Edouard

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