Porc à l’ananas Martine

Pour bien faire (chic) vous achetez un rôti de porc, vous le saupoudrez de sel, poivre, paprika, huile, vous y ajoutez votre ananas frais coupé en cubes, votre poivron coupé en lamelles et vous mettez au four, un certain temps en le tournant et en l’arrosant souvent…

Voilà qui a paru bien long, compliqué et salissant à la retraitée fainéante que je me plais à être. Donc :

Ingrédients :

 2 Filets de porc coupé en tronçons que vous faites dorer dans un faitout.
 2 poignées de poivrons (que vous avez au préalable lavé, coupés en lamelles et mis au congélateur pour que ça aille plus vite quand vous en avez besoin. Achetés par 4, il y en a pour un moment.)
 1 Boîte d’ananas en morceaux avec le jus. (Moi, j’en mets 2 parce que ce que j’aime dans ce plat, c’est l’ananas au paprika)
 Sel, poivre et 1 c. à soupe de paprika.

Temps de cuisson ??? Euh…, le temps que le jus réduise, mais prenez soin de lâcher, de temps en temps, l’ordinateur pour aller touiller et vérifier le niveau du jus.

Accompagnement : pour moi, c’est frites.
Mais alors, là, excusez du peu, la fainéante se rebelle, épluche ses pommes de terre à la main, les coupe à « l’emporte-pièce » dans n’importe quel sens, les laves à l’eau chaude, les essuient avant de les mettre dans la friteuse.

Martine

Rejoignez Azimut sur Facebook en cliquant ici et soyez prévenu de toute nouvelle publication.

Edition et refus

Le 8 octobre au soir, le compte à rebours était lancé. Combien de temps pour avoir une réponse ? 5 sur les 8 éditeurs donnaient un délai qui allait de 1 à 3 mois. J’évaluais en gros à 2 mois l’attente pour la première réponse. Il me restait donc jusqu’au 8 décembre pour profiter de cette parenthèse qui me permettait de rêver de succès rapide et de batailles entre éditeurs pour m’avoir dans leur maison.
Je m’voyais déjà en train de répondre aux sollicitations incessantes des maisons, les faire lanterner pour finalement contracter avec le plus offrant.
De toute manière, pensais-je alors, cette étape n’est qu’une formalité. Dans quelques mois, je serai projeté au sommet de la littérature mondiale.
À moi les palaces, yachts et jolies filles, à moi les prix littéraires, les cercles d’intellectuels parisiens. À moi les plateaux télé et le fric.
À moi Hollywood puisque l’adaptation de mon roman sur le grand écran ne manquerait pas d’intéresser rapidement les plus grands cinéastes. Je me voyais déjà discuter tel ou tel détail avec Spielberg.
Et puis ce matin, la parenthèse a commencé à se refermer. L’un des éditeurs me retourne curieusement mon manuscrit. Curieusement, car je ne lui avais pas donné d’enveloppe pour qu’il le fasse. Sur le site, il était bien précisé que « pas d’enveloppe, pas de retour ». Traitement de faveur ? Erreur de néophyte ? Panne de pilon ? Avant même d’ouvrir l’enveloppe, les questions fusaient.
Le refus était encourageant autant que surprenant. Un certain nombre de qualités et de défauts relevés par l’auteur de la réponse m’ont semblé pour le moins incongrus.
Un premier refus, c’est comme toutes les premières fois, quelque chose dont on se souvient longtemps et qui prend un parfum presque enivrant avec les années.
Finalement, je peux dire que je suis presque content de ce refus, d’autant plus que l’éditeur en question n’avait pas la première place dans mon cœur.
Et puis, un écrivain qui n’a jamais été refusé par une maison d’édition est-il vraiment un écrivain ?
Moi, j’ai été refusé…moi, j’ai été refusé…
Ah, comme je les ferai rire dans dix ans. Et vous savez quoi ? J’ai été refusé par untel. Il doit s’en mordre les doigts maintenant. Il y aura des rires et des applaudissements.
– Quoi ?
– …
– Vous trouvez que je m’y vois déjà ?

Edouard

Rejoignez Azimut sur Facebook en cliquant ici et soyez prévenu de toute nouvelle publication.

Drood

1865 : Charles Dickens se trouve dans un train qui s’apprête à franchir un pont. Quelques secondes plus tard, la locomotive déraillera et entraînera dans sa chute la plupart des wagons qui précédent celui de l’écrivain. Dickens apportera son secours aux blessés et descendra au fond du ravin. Il y rencontrera un être aussi étrange que fantomatique qui changera sa destinée : Drood. Wilkie Collins, un proche de Dickens, narrera dans les 850 pages qui suivront, les conséquences de l’accident.

L’écrivain Wilkie Collins, dont je n’avais jamais entendu parler avant d’ouvrir Drood, a bien existé. Son entrée sur Wikipédia est assez bien fournie. Curieusement, elle l’est beaucoup plus que celle de Charles Dickens.

C’est peu dire que Drood est une prouesse littéraire. C’est un véritable festival. Dan Simmons jongle admirablement avec tous les genres et bouscule les codes de la littérature sans les violer pour autant. Il innove même et invente le roman rétrofuturiste puisqu’il est censé être écrit en 1879 pour nous, lecteurs du XXIe siècle.

Le livre commence par un tableau assez académique de la société victorienne. Il se poursuit par une descente aux enfers au sens dantesque du terme : bas fonds, crypte, murs suintants, enfants déguenillés, vieillards décharnés, coupe-jarrets, cadavres en décomposition, sectes diaboliques, opium…tous les ingrédients du genre gothique sont là.

Qui est Drood ? Un homme de chair et d’os ? Un génie du mal ? Un magnétiseur fou ? Un ancêtre du docteur Mabuse de Fritz Lang ? Un fantôme ? L’âme du petit peuple de Londres qui vit dans les profondeurs de la capitale, prêt à se révolter à chaque instant (une très brève allusion à la « première internationale » créée à Londres en 1864 est faite) ?

Petit à petit, le narrateur prend le dessus sur les événements qu’il relate. On voit le vrai visage de Wilkie Collins. Drood devient un démon intérieur.

Est-ce Drood qui transforme le « bon vieux Wilkie » en monstre sanguinaire ou est-ce Collins qui crée Drood pour ne pas avoir à assumer sa propre déchéance ?
Quel peut être la place de Drood dans l’esprit d’un personnage rongé par la maladie (la goutte) et l’opium qu’il absorbe de manière immodérée, en particulier sous forme de laudanum ? Quelle crédibilité accorder aux propos d’un narrateur aussi délabré ? La réalité que le lecteur devinera derrière les délires de Collins n’en sera plus que saisissante.

Drood pourrait aussi être l’histoire de l’artiste dépeint par Aznavour dans « je me voyais déjà ». Un écrivain qui enrage de vivre dans l’ombre du maître Dickens. Un écrivain détruit tant par la fascination que par la haine qu’il éprouve pour l’auteur de David Copperfield. Un écrivain convaincu de sa médiocrité et qui espère néanmoins rester dans l’Histoire en s’adressant à des lecteurs du futur.

Drood, c’est en tout cas un livre poignant qui me marquera durablement.

Edouard

Rejoignez Azimut sur Facebook en cliquant ici et soyez prévenu de toute nouvelle publication.

Intouchables

Un riche aristocrate devenu tétraplégique à la suite d’un accident de parapente cherche un auxiliaire de vie. Après un casting laborieux, son dévolu va tomber sur un grand black au casier judiciaire bien fourni.

Réussite totale. Deux super-acteurs (François Cluzet et Omar Sy) pour un scénario d’une grande finesse. Premier passage derrière la caméra pour Omar qui fait un très bon usage de ses dons de comique. On rit beaucoup et François Cluzet aussi.
« Intouchables » n’est pas un film sur l’exclusion sociale, même si cette thématique sert de trame au déroulement de l’intrigue.
Le réalisateur n’est pas non plus tombé dans le scénario facile et un peu éculé du duo improbable qui, contre toute attente, finit par fonctionner.

« Intouchables », c’est l’histoire d’une rencontre entre deux hommes. En dépit des différences apparentes, ils se reconnaîtront immédiatement comme des semblables.
Une rencontre qu’on pourrait résumer par cette phrase de Bernanos: « Je comprends maintenant que l’amitié entre deux êtres peut éclater avec ce caractère de brusquerie, de violence, que les gens du monde ne reconnaissent volontiers que dans la révélation de l’amour ».

Cluzet voit immédiatement dans Omar le corps qui lui fait défaut et Omar voit dans Cluzet la tête qui va faire basculer sa vie dans une autre dimension.

Le tétraplégique et le grand noir sont deux personnages sans pitié et à l’humour mordant.

La pitié, c’est ce que redoute le plus l’aristocrate : le regard condescendant de ses proches qui le ramène à l’état de sous homme et à celui qu’il ne pourra plus être du fait de son accident. Il préfère de loin l’humour « pas de bras, pas de chocolat » de quelqu’un qui l’accepte sans essayer de lui cacher son infirmité que le flot de bons sentiments que lui déverse son entourage une fois par an, le jour de son anniversaire.

Avec le corps du sénégalais, l’aristocrate ne va pas retrouver la vie qu’il a perdue, mais il va en trouver une seconde, d’une tout autre nature, mais qui vaut bien l’ancienne.

Edouard

Rejoignez Azimut sur Facebook en cliquant ici et soyez prévenu de toute nouvelle publication.