Du manège dans les paroles

Il y a six mois, je faisais part à mes lecteurs de ma colère consécutive à l’arrivée de « chéri(e) fais les valises ! », la nouvelle émission de Nagui qui venait éclipser « n’oubliez pas les paroles ».
Aujourd’hui, j’ai toutes les raisons d’être satisfait puisque, comme je l’appelais de mes vœux, « chéri(e) fais les valises ! » n’est plus et que mon karaoké bien aimé est revenu.
Je trouve que la nouvelle formule est encore meilleure que celle qu’on pouvait voir avant les vacances.
Je dois le reconnaître, la formule initiale était sympa, mais un peu simpliste, le risque avec les émissions sympas, mais simplistes, c’est la sclérose, le risque de finir dans le placard des dinosaures télévisuels avec les chiffres et les lettres, l’eurovision, miss France et Michel Drucker.
Le coup des bonus/malus que voit le téléspectateur, mais pas le candidat, c’est sympa, ça met un peu de piment, un peu de suspense. Le nouveau joker qui permet de changer de chanson…pas très utile, mais sympa aussi. Il rappelle que le plaisir est d’entendre les gens chanter le plus longtemps possible.

Mais ce que j’aime par-dessus tout, c’est le changement de thème hebdomadaire. Ça, c’est vraiment bien, on sent qu’on est dans la créativité permanente, qu’on fait évoluer le concept.
À la rentrée, il y a eu les célébrités, puis les sosies…cette semaine, c’est les célibataires.
Un zeste de « tournez manège » dans « n’oubliez pas les paroles » ? Pourquoi pas si c’est expérimental, si ça ne continue pas 30 ans. Comme dit Johnny, « on peut juste essayer pour voir ».

Tout d’abord, il faut des célibataires, ingrédient qui a fait le succès de l’émission phare des années 80. Une femme choisit entre deux hommes qui chantent devant elle. Quels sont les critères de sélection de la candidate ? Très subjectifs, on imagine. Voilà le premier couple sur la piste. Quand ils ne chantent pas, on observe leur comportement. Que vont-ils faire quand ils vont répondre juste à une question ? Rien ? La bise ? Se serrer la main ? À la fin des deux premières chansons, la femme se tourne vers l’homme, mais celui-ci ne semble pas s’en apercevoir. À la troisième, l’homme se décide enfin à se retourner vers la candidate, mais elle ne le regarde pas. Le lendemain, la glace n’a pas vraiment l’air d’avoir été brisée. À 35000€, il attaque et décide de l’embrasser. Elle se laisse faire sans conviction.

La nouvelle candidate est une petite jeune frisée toute mimi avec chapeau et salopette. On retrouve le prétendant malheureux de la veille face à un petit jeune. Le malheureux chante « cœur de loup » de « Jean Jacques Lafontaine ». On a mal pour lui…elle n’était pas née en 89 ! Le petit jeune chante « machistador » de « M ». Elle a les yeux qui brillent en le regardant. L’animateur tente de faire durer le suspens, mais on sait déjà qui a gagné. Deuxième râteau en deux jours, le type est un peu secoué. Naguy s’en aperçoit et semble gêné : il aura une dernière chance. Après, c’est du sadisme. Il y a peut-être un truc à creuser pour consoler le lourdé ? À voir…on innove, on innove. Pourvu que ça dure !

Edouard

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Blackthorn

Butch Cassidy, le célèbre gangster américain, ne serait pas mort en Bolivie en 1908 comme le veut la version officielle. Le film se fonde sur des recherches ADN effectuées en 1991 qui tendaient à prouver que les restes présumés de Robert Leroy Parker (Butch Cassidy) et de son comparse Harry Longabaugh (Sundance Kid) ne pouvaient être les leurs (Parker avait 12 frères et sœur, ce qui facilite les comparaisons génétiques).
On retrouve donc Butch 20 ans plus tard, toujours en Bolivie, mais sans « le Kid », mort entre temps. Le vieux cow-boy qui se fait appeler James Blackthorn, fossile vivant de l’histoire de l’ouest (très bien incarné par Sam Shepard) décide de rentrer au pays. En chemin, il fait la rencontre d’Eduardo, un jeune ingénieur qui a volé un gros propriétaire minier. Eduardo sera le nouveau Kid de Butch avec lequel, l’espace d’une aventure, il va retrouver la vigueur qu’il pensait avoir perdu.

Le scénario n’est qu’un prétexte. L’intrigue se déroule avec la lenteur qui convient à l’âge du vieux Butch qui ne goûte plus que modérément le parfum de l’aventure, contrairement à Eduardo qui, ayant fini par découvrir la véritable identité de Blackthorn, n’en revient pas de faire équipe avec une légende vivante.

L’acteur principal de Blackthorn, c’est la Bolivie avec ses paysages à couper le souffle. En particulier, les scènes principales tournées au milieu du « Salar de Uyuni », le plus grand désert de sel du monde, sont époustouflantes.

Le plus beau plan qui, à mon sens, résume tout le film, nous montre Cassidy sur un cheval exténué qui ne se déplace plus qu’à tout petits pas, suivi à la même allure à quelques centaines de mètres par un homme parti à sa recherche.
L’issue de la poursuite ne dépend plus de l’habileté du vieillard, mais de sa capacité à résister à l’aridité des lieux irradiés par un soleil implacable.

Un beau film sur la relativité du mot « aventure », sur le vieillissement, sur ce qui compte dans une vie. Perdu dans un monde qu’il ne reconnaît plus et qui le considère comme un fantôme, Butch ne peut que mettre un point final à ses aventures. La rencontre avec Eduardo aura été le dernier soubresaut d’un temps qui n’est plus et qui n’a plus lieu d’être.

Edouard

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Edition et impression

Quel est le coût d’un livre ? Je ne parle pas du prix de vente en librairie ni du coût de fabrication de l’ouvrage par l’éditeur ou par l’auteur qui fera le choix de l’autoédition. Je parle de l’investissement que l’auteur doit effectuer pour réaliser son ouvrage.
Il y a tout d’abord le nombre d’heures passées à écrire. A cela, on ajoutera le coût de la documentation. Si l’auteur est tatillon et/ou que l’intrigue l’exige, il fera l’acquisition d’ouvrages d’une relative rareté qui ne seront forcément pas donnés. Si en plus, l’intrigue nécessite des déplacements sur le terrain, il faudra ajouter les coûts de transport et éventuellement d’hôtel. Ça grimpe, ça grimpe ! Les éditeurs se plaignent de recevoir trop d’autobiographies, mais pour un étudiant qui décide d’écrire le week-end, c’est encore ce qui est financièrement le plus raisonnable.
Pour écrire ce que l’on veut, mieux vaut être rentier ou salarié.
Une fois la première mouture réalisée, vous allez avoir envie d’une version papier. Si vous travaillez peut-être allez vous sortir votre roman entre midi et deux. Et la reliure ? Tant pis, y’aura pas de reliure, ça prend trop de temps. Si vous n’avez pas un complice sur place, ce sera effectivement un exercice difficile. C’est bon pour une fois, mais moralement, ça pose quand même des questions. Ne suis-je pas en train de voler le papier et l’encre de mon entreprise ou mon administration ?
Quand vous allez passer à la phase des relecteurs (qui, pour ma part, ont tous été bénévole), vous allez entrevoir la seule solution possible pour leur remettre à chacun un exemplaire : l’imprimeur.
Pour moi, envisager cette solution il y a un an a été terrible : comment ? Remettre mon ouvrage entre les mains d’un inconnu ? Un fichier Word auquel j’ai consacré deux ans de ma vie ?
Fébrilement, je me suis mis à la recherche de l’homme de confiance et, comme les personnes âgées qui acceptent de payer leur pain trois fois plus cher qu’ailleurs, sous prétexte que la jeune boulangère à l’air « bien gentille », j’ai confié mon fichier à un vieux grognard qui me semblait sympathique. Il n’était pas vraiment équipé pour faire ce genre de travail. Il lui fallait du temps et, sans doute pour cette raison, il demandait un prix élevé pour chaque exemplaire.
Et puis, viens le moment où on commence à penser aux envois aux éditeurs. Combien d’exemplaires ? 10? 20? Le devis du vieux grognard pour 20 exemplaires m’a laissé perplexe.
– Euuh, vous ne faites pas de prix dégressif ?
– Degré…quoi ?
Entre temps, l’eau avait coulé sous les ponts et le recul avait calmé ma paranoïa des débuts.
J’ai trouvé une adresse sympa que je recommande aux Parisiens. Ils sont très pros, pas chers et travaillent vite :
« de toutes les couleurs, 71bis rue Saint-Charles, 75015 Paris ».

Edouard

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