Edition et naissance

Il y a un peu plus de trois mois, j’évoquais un futur imprécis, un jour où je pourrai me dire « Ça y est, j’ai fait mon possible ». Ce jour est arrivé lundi dernier, neuf mois après avoir commencé cette rubrique. Le 13 juin restera donc pour moi la date anniversaire de mon roman.
Que c’est il passé pendant ces neufs mois ?
Tout d’abord, j’ai décidé d’essayer de faire éditer un jour mon roman (l’univers impitoyable de l’édition), j’ai compris le déchirement que cette démarche impliquait (faire sortir le petit oiseau). Après avoir pris quelques précautions (édition et chatterton), j’ai envoyé mon manuscrit à ma première relectrice qui a corrigé le gros œuvre orthographique (édition et orthographe). En parallèle, j’ai essayé de comprendre qui j’allais avoir en face de moi (qu’est-ce qu’un éditeur ? édition et débroussailleuse). Dans cette démarche, j’ai reçu l’aide complètement inattendue d’un éditeur allemand (édition et destin, édition et rectangle).
Le lancement de la deuxième phase de relecture a été accompagné de beaucoup d’incertitudes (édition et relecteurs). J’ai tout de même fini par comprendre que le roman ne commençait à vivre et à devenir indépendant de l’auteur, il doit avoir circulé dans d’autres têtes. Le travail de prise en compte des remarques des relecteurs a été très long, mais aussi incroyablement enrichissant. Il m’a obligé à prendre le recul nécessaire pour transformer le récit d’origine en un véritable roman avec une âme, un souffle…sans relecteur, impossible de faire marcher Frankenstein. J’ai aussi compris que ce travail de recul n’avait pas un lien exclusif avec l’éventuelle future publication du roman (édition et écriture). L’éditeur est en fait le véhicule qui le fera voyager.
Donc, le voilà. Il pourrait être plus beau, mais bon, je l’aime comme il est. Je pense qu’il est prêt à vivre sa vie. En tout cas, je pense avoir fait tout ce que je pouvais pour lui donner le meilleur de moi-même.
Maintenant, il ne me reste plus qu’appuyer sur le bouton rouge qui le fera partir vers les éditeurs. Il y aura aussi le retour des proches qui n’ont pas tous été intégrés au cercle très étroit des relecteurs, ce qui ne m’a d’ailleurs pas empêché de les bassiner pendant deux ans avec mon roman.
À coup sûr, la rubrique éditions n’est pas terminée. Toutefois, je vais prendre quelques congés romanesques/romantiques/littéraires avant de poursuivre l’aventure.
Rendez-vous en septembre.

Edouard

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Scénario pourri…succès planétaire !!

Sujet de rédaction : Dans un hôtel new-yorkais, l’un des hommes les plus influents du monde chante sous sa douche. Au même moment, une femme de chambre d’origine sénégalaise entre dans la chambre pour faire le ménage. L’homme ayant fini sa toilette sort entièrement nu de la salle de bain et se trouve nez à nez avec la femme de chambre. Imaginez la suite…
Il faut bien l’avouer, le commencement de l’affaire DSK a tout d’un scénario pour film porno qu’aurait pu imaginer le dernier des simples d’esprit.
Première rédaction :
Choquée en voyant l’animal, la femme de chambre se met les mains sur les yeux.
– Cachez ce … que je ne saurais voir.
Rougissant, DSK fait un pas en arrière et referme la porte de la salle de bain.
– Vous me direz quand vous aurez fini !?
– Oui, oui…
Après avoir terminé de passer l’aspirateur, la femme de chambre s’éclipse.
– C’est bon maintenant. Vous pouvez sortir!
Note : 2/10
Observation du professeur : Ce scénario manque incontestablement d’inventivité, aucun suspens, aucun sel. Vous n’avez pas su exploiter les éléments de l’énoncé.
Deuxième rédaction :
L’homme se jette sur la femme de chambre et tente de la violer. Elle se débat et réussit à sortir de la chambre.
Note : 3/10
Observation du professeur : Ce scénario est beaucoup trop court. Un peu bestial aussi. Il suppose un homme psychologiquement déficient qui n’a aucune maîtrise de lui-même. N’oubliez pas qu’il s’agit là de l’un des hommes les plus influents de la planète ! L’attitude de la femme de chambre semble en revanche plus crédible. Je vous invite donc à reprendre la première partie après avoir creusé la seconde et après avoir détaillé la psychologie du personnage masculin.

Edouard

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L’armée furieuse

Double enquête pour le commissaire Adamsberg. À Paris, il traque le meurtrier d’un industriel retrouvé carbonisé dans sa voiture. Au cœur de la Normandie profonde, il est confronté à une armée de spectres.

Les fans auront attendu 3 ans la suite des aventures du « pelleteur de nuages » et de son équipe.
Depuis ses premiers romans, on trouve des incohérences dans les intrigues de Fred Vargas. Elle a fini par en faire un art. Dans « l’armée furieuse », l’écrivain nous explique que cette incohérence fait partie du mode de pensée du commissaire rêveur.

Le titre du dernier opus de l’écrivain-archéozoologue aurait en effet pu être « dans la peau de Jean-Baptiste Adamsberg ». La double enquête semble un prétexte. On n’en sait pas beaucoup plus sur les personnages secondaires. L’écrivain s’attarde uniquement sur la rivalité entre Danglard et Veyrenc dans le rôle de l’ami fidèle du commissaire. Une rivalité qui ne m’a pas semblé très crédible. Est-ce une volonté de Fred Vargas d’écarter Danglard ? Serait-elle lassée, comme Abelsberg, par l’érudition du personnage. Risquait-il de faire de l’ombre à Abelsberg comme Jacques Spiesser qui incarne l’adjoint dans la série télévisée fait de l’ombre à Jean-Hugues Anglade ?

En tout cas, elle ne semble s’intéresser vraiment qu’à se qui se passe dans la tête du commissaire. On y découvre un personnage à l’orthographe douteux qui fait taper ses rapports par ses subordonnés. Un personnage qui a du mal à comprendre des jeux de mots simples. Un personnage tout en intuition qui se focalise sur des microdétails sans trop savoir pourquoi et qui finissent par devenir les clefs de voûte de ses raisonnements. Un personnage à la réputation médiocre finalement un peu comme l’inspecteur gadget, qui réussit ses enquêtes presque par hasard.

Tout ça ne manque pas de charme et est un brin surréaliste (comme l’était le père de Fred Vargas). On a le sentiment qu’elle se concentre aujourd’hui sur l’essentiel, sur son univers cotonneux et flottant, détaché de toute réalité sociale ou politique. Un idéal personnel peut-être.

Est-on toujours dans du roman policier ? Et si l’auteur se détachait peu à peu du cadre contraignant du polar pour aborder une autre forme de littérature ? L’avenir nous le dira.
Charles-Edouard

L’armée furieuse
Fred Vargas
Viviane Hamy, 2011
425p. , 19,5€

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