L’imprévisible

Anne-Catherine Hugues (épouse du Hugues qui s’est tiré avec une soprano dans « Victoria Hall ») convoque Guido Gianotti, professeur d’histoire de l’Art à la retraite pour estimer « une croûte » dont elle veut se débarrasser.

Ladite croûte n’est autre que le couvercle d’un tableau de Bronzino.

Et nous voilà voyageant dans la peinture du XVIe siècle florentin sous Cosme 1er. Une enquête rondement menée qui m’a passionnée.

Las ! L’entre filets m’a paru bien triste et obsessionnel.

Le Guido commence à ressentir la faiblesse de l’âge et voit sa coquette sur alternateur. Rien ne nous est épargné de sa honte, de son martyre et de ses rêves libidineux.

Il doit prendre du Viagra pour « satisfaire » la Catherine. (Plus jeune que lui, évidemment) Il passe de 2 à 4 pilules et de vie à trépas. Une valve… Une histoire de coeur !!! Pas d’amour ! Où alors, d’amour propre, d’orgueil !

Pfffffff ! Dur, dur les problèmes des vieux mecs qui ne savent pas passer à autre chose !!!

Faut-il vraiment s’obstiner à en péter une durite ? !

La Martine lessivée

ARDITI Metin
Babel, Acte Sud, 2006, 204 p.

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Cosmopolis

Eric Packer, golden boy de 28 ans, déambule en limousine dans Manhattan à la recherche d’un coiffeur.

Si David Cronenberg, le pape du film poisseux, a décidé d’arracher Robert Pattinson aux crocs de la sirupeuse saga Twilight, ce n’est pas un hasard. S’il n’incarne plus Edward, le vampire bio romantique, le nouveau personnage campé par Pattinson n’en est pas très éloigné. Le moins perspicace des cinéphiles l’aura perçu, ne serait-ce que du fait qu’il ne semble pas avoir été démaquillé en quittant la série.

Eric est un vampire des temps modernes. Arrivé en haut de l’échelle sociale, au bout du rêve américain, il a le monde à ses pieds, mais n’a plus goût à rien.

Les deux premiers tiers du film se passent à l’intérieur de sa limousine blindée et insonorisée décorée comme un jeu vidéo.
Le golden boy ne bouge presque pas et parle beaucoup. Quelques hommes lui rendent visite et beaucoup de femmes plus ou moins tarifées parmi lesquelles on reconnaîtra notre Juliette Binoche nationale dans un rôle à contre-pied de celui de la femme exemplaire qu’elle campe habituellement…les fans risquent d’être choqués.

Mais le sexe, pas plus que les discussions autour du yuan, pas plus que les des deux ascenseurs qu’il s’est fait installer pour se rendre dans son bureau, ne semble à même de le ranimer. S’est donc un vampire rassasié qu’on voit petit à petit se déliter psychologiquement. On pense à « la grande bouffe » et à l’ « envie d’avoir envie » de Johnny.

En arrivant chez son coiffeur, un père spirituel qui vit dans un quartier chaud de la grande pomme, il décide de se passer des services de son garde du corps pour aller au-devant de tueurs potentiels.

La dernière scène est du concentré de Cronenberg. Une tension lancinante et écœurante entre un meurtrier qui n’a pas le courage de passer à l’acte et une victime qui semble espérer trouver dans la mort le délice d’une ultime sensation.

Cosmopolis est une variante visqueuse et psychologique de Margin Call, film actuellement sur les écrans sur le cynisme d’une banque d’affaires à l’origine de la crise des subprimes. On sent qu’Hollywood a un peu la gueule de bois ces derniers temps.

Bref, un film qui vous retourne l’estomac, au propre comme au figuré. Un film que je ne regrette pas d’avoir vu, mais que je ne conseillerai qu’aux fans de Cronenberg.

Edouard

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Leporello

Comment peut-on, diantre, « MASSACRER » de façon aussi éhontée le sublime opéra, Don Giovanni de M. Amédée Mozart !!!??? Un de mes préférés ! La puriste s’étouffe.

. Oui, mais de rire !

Beppo Rello qui fut le serviteur de M. Giovanni pendant 14 ans remet les choses au point. Ce Da Ponte n’y connaissait rien. En premier lieu il a fait un raccourci sur le nom du serviteur en l’appelant Leporello.

Ensuite, dans l’air du catalogue il lui fait dire : « E in Spania, mille e tre »

Si vous calculez bien, la chose n’est pas possible. A raison de 2 h par femme, compte tenu du temps passé en voyage ou les semaines au lit à soigner « les glorieuses blessures de Vénus » (tréponème) ce n’est pas possible. Tout a été exagéré.

Le Commandeur, un vieil imbécile, n’était pas une statue. L’épée de M. Giovanni l’avait bien transpercé de part en part, mais il s’en était remis et jouait depuis les fantômes. Un fantôme ayant un bon appétit qui s’empiffre au fameux dîner et s’aide de 2 bouteilles de Tokay pour le faire descendre. Quant à Melle Elvire c’était une « redoutable pécore », complètement dérangée par son besoin absolu de vengeance. Elle fera tuer par 2 assassins de métier Don Giovanni qui l’avait déflorée . Bien entendu, personne ne l’a su puisque pour ne pas aller en prison, Leporello l’a lavé et habillé de frais en laissant croire à une crise cardiaque, mais en mourant il a poussé le même cri que dans l’opéra. Aaaaaaaaah !

Au fil des pages, nous rencontrerons d’autres personnages célèbres dont le fameux M. Maisonneuve, autrement dit, en italien, Casanova.

M. Jean Dutourd, de l’Académie française, est un fameux écrivain qui a oublié d’être ennuyeux tout en pratiquant le français du XVIIIe siècle.

Relisez le livret de Don Giovanni après ça. !!!

La Martine chantante… « La ci darem la mano »

Tiens, j’entends le crapaud ! Il va pleuvoir !

DUTOURD Jean
Plon, 2007

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Dernière nuit à Twisted River

Le magicien John Irving a encore frappé. Pourtant cette histoire de draveurs (flotteurs de bois) dans le nord des USA commence plutôt lourdement. Dominic le cuistot, et son fils Danny, 12 ans, s’occupent de la popote des bûcherons. Leur ami Ketchum, braconnier, grande gueule et coeur d’or, les protège dans ce monde impitoyable (!). La mise en train est assez longuette. Dès l’exil du père et du fils au Canada, le livre monte en puissance, pour se terminer en feu d’artifice. On connaît le goût de Irving pour les ours. On connaît son talent pour la description de scènes baroques (Le monde selon Garp, une prière pour Owen…). Ici, l’on assiste à l’atterrissage d’une parachutiste nue dans une auge à cochons. Danny la surnommera ‘Tombe du ciel’, et elle finira par jouer un rôle dans sa vie d’écrivain. John Irving a peu connu son père. L’amour d’un père pour son fils est un thème récurrent dans ses livres. Il semble avoir mis beaucoup de lui-même dans celui-ci.

Amitiés braconnières,

Guy

 Seuil 562 p.

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Edition et catch

Huit envois. Sept refus explicites et un implicite. Sur les sept, une réponse négative par mail et six par courrier. Sur les six, cinq refus plus ou moins sympathiques et un refus qui se détache nettement des autres. Que faut-il en penser ?
« Il vous arrivera peut-être de recevoir un courrier négatif accompagné d’une critique, constructive donc précieuse, de votre œuvre. Cet égard, dû au fait que le lecteur professionnel aura détecté un certain nombre de qualités dans votre écriture, doit vous conduire à reprendre votre ouvrage en corrigeant les défauts et scories inséparables de votre inexpérience littéraire. Profitez alors de cette chance pour combler vos lacunes, affiner vos points forts, vous épuiser à lire, vous échiner à écrire. Après plusieurs mois d’efforts, si votre cœur est toujours déterminé, vous pourrez utilement adresser votre nouveau tapuscrit, épuré, au lecteur professionnel qui avait eu la délicatesse de vous aiguiller. L’essentiel étant d’obtenir de sa part de nouvelles critiques. »
Si j’en crois mon guide fétiche, il n’y a pas de doute. Il faut reprendre l’ouvrage. Toutefois, si l’éditeur en question m’a bien fait des remarques positives et négatives, elles ne sont pas particulièrement limpides et je ne suis pas certain de pouvoir bien les interpréter. Mais peut-être qu’en fin de compte, le but de l’éditeur était en premier lieu de m’inviter globalement à retravailler mon texte.
Comment faire ? Tout d’abord, ne pas me précipiter. Il est certain à ce titre que le caractère sibyllin des remarques ne m’aura pas engagé à torcher en deux semaines une nouvelle version.
Seul le temps semble en effet capable de me faire prendre la distance nécessaire. La distance, c’est aussi un travail d’autocritique très fort. Dans cet exercice, l’aide de relecteurs peut aussi s’avérer efficace. Cependant, n’importe qui ne peut pas faire l’affaire. Le relecteur sympa et admiratif n’est pas le bienvenu. À ce niveau, le profil du bon relecteur est le relecteur teigneux, violent, injuste, fourbe, voire torve. Un lecteur impitoyable qui ne laisse rien passer, mais tout de même un lecteur constructif.
Au début de cette chronique, il y a deux ans, fier de la toute première version de mon roman comme un enfant l’est de ses premiers gribouillis, j’avais envoyé mon manuscrit à l’écrivain qui avait présidé un atelier d’écriture auquel j’avais participé quelques mois auparavant. Ca réponse, qui m’avait alors semblée terriblement violente et injuste, m’avait assommé pendant quelques jours. Je reconnais que sans elle, je n’aurai pas eu la volonté de me remettre au travail.
De telles personnalités ne courent cependant pas les rues. Il se trouve que j’ai eu il y a peu des remarques d’une ex-relectrice de scénarios qui va dans le sens de ce que je recherche. Je viens aussi de dénicher deux autres relecteurs qui se vantent d’être particulièrement féroces. À eux de le prouver.
Un seul mot d’ordre pour ces relecteurs « Frappez fort, mais frappez juste !! ».

Edouard

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Kyoko

J’avoue ne pas trop aimer ce qui est japonais. À part les jardins si zen et si bien alignés, je trouve les films ou les livres un peu trop violents, même si les images sont belles.

C’est donc du bout des doigts que j’ai pris ce livre puisque la 4e de couverture disait : « Murakami a voulu écrire un roman sans drogue, sans violence et sans sexe, sur la renaissance et l’espoir. »

Ouf, c’était vrai !

Kyoko est orpheline à 4 ans. Élevée par sa tante et son oncle, pour aller à l’école, elle passe devant le grillage en fil de fer barbelé d’une base militaire américaine. Elle se sent enfermée (« le grillage de barbelés que je portais en moi en permanence. ») et n’arrive pas à être heureuse.

A 8 ans, elle fait la connaissance d’un G. I. qui lui apprend à danser les danses latino. C’est ainsi qu’elle trouve un exutoire pour s’évader du quotidien et l’encourager à continuer. Ses études terminées, elle passe son permis poids lourd et travaille jusqu’à ce qu’elle ait la somme nécessaire pour faire le voyage à New York, revoir José, lui dire merci et danser avec lui.

À 21 ans, elle arrive à N. Y. Elle commence par se faire arnaquer par un chauffeur de limousine « super stretch » (???)

Kyoko est un ange, une brise légère, un papillon, toujours souriante, gracieuse, etc. Elle séduit tous ceux qu’elle croise dans sa quête de José.

Le chauffeur, Ralph, qui n’est pas si mauvais bougre que ça va même l’aider.

Oh, son José, elle va le retrouver, mais dans quel état : phase finale du sida, il a perdu la mémoire et ne se souvient pas de Kyoko. Il vit des rêves qu’il a inventés pour embellir sa vie. Il ne se rappelle que sa jeunesse à Miami et sa maman qu’il voudrait revoir. Qu’à cela ne tienne Kyoko va l’y conduire en minibus aménagé. Moult péripéties l’attendent. Mais stop !

Tous les personnages qu’elle rencontre ont eu des problèmes enfant (orphelins, immigrés, victimes du racisme…) voire, en ont encore. Tout pour faire un livre glauque. Et non ! Le miracle de l’écriture est là, à chaque page.

Cette histoire est racontée par plusieurs narrateurs ; un par chapitre.

Un premier raconte une scène, le deuxième raconte la même scène, mais en parle autrement en rajoutant des détails qu’il n’y avait pas dans la première narration. Répétition ? Pas vraiment, non ! « Tastignouse » comme je suis, vous pensez bien que je n’allais pas accepter de lire 2 ou 3 fois la même histoire sans broncher. Tout le talent de l’auteur est là, dans sa façon de changer de personnage, de ton et de langage. On ne peut détester aucun des personnages, quoiqu’il ait fait. Dans le livre, personne n’aime José. Il n’y a que Kyoko. D’un récit à l’autre, nous arrivons à connaître son histoire, à comprendre pourquoi il mentait et à vouloir le voir arriver à Miami. Même la fin n’est pas triste et rebondit dans le positif, l’avenir. C’est le miracle Kyoko, jolie jeune fille gracile, aérienne, qui sait ce qu’elle veut et ne déroge pas au but qu’elle s’est donné.

« Kyoko est une fable sur l’espoir et la renaissance. »

« J’ai compris que le futur, c’est être en route vers quelque chose. »

Mais attention ! Il y a Murakami et Murakami. Ne vous trompez pas !

Il dit lui même :

« Dans ce roman-ci, il n’y a ni sexe, ni sadomasochisme, ni drogue, ni guerre. Depuis l’œuvre de mes débuts, ces éléments ont été des motifs récurrents, utilisés comme moyens d’éclater ma conscience de soi, mais dans ce roman, c’était inutile. »

Uffa !!! J’ai choisi le bon !

J’ai la même sensation de bonheur qu’après « une odeur de gingembre » … alors que ça n’a rien à voir, que c’est totalement différent, que… sais pas ! Et je ne cherche surtout pas à savoir !!!! Des fois que ça me gâcherait le plaisir… Ah non alors !!!

La Martine flottante, un sourire aux lèvres.

MURAKAMI Ryû R
Picquier Poche, 2000 (1995), 228 p.

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Ouest

Une photo ancienne, une autre à la une des journaux. Ça alors, c’est le même chien !!!

De là part une histoire de garde-chasse et de son baron de maître, de 1848 (environ) à Napoléon III.

Le garde-chasse a des idées bien arrêtées sur la place qu’il doit tenir et le maître est bien pervers. Il ne sait pas tenir son rang.

Faut-il en déduire qu’il s’agit d’un livre sur le rapport maître/valet, comme je l’ai lu ? Pourquoi pas ! Encore que tous les maîtres ne tuaient pas leurs maîtresses en « jouant ». Et que tous les valets ne séquestraient pas forcément leur patron. Rapport de chantage mutuel serait plus juste.

Le baron, un peu halluciné tout de même, se disait révolutionnaire et s’était pris d’une violente passion pour Victor Hugo qu’il voulait kidnapper à Guernesey et ramener en France pour le mettre à la tête du pays, en se servant de son garde chasse pour les « basses manœuvres ».

L’écriture est bizarre (comme je l’avais lu, aussi). Pensées, narration et dialogues sont à la suite sans tiret. Il faut avoir envie de démêler l’écheveau. Un rien pénible.

Ah oui, vers la fin, il y a un suspense terrrrrrible. En gardant son baron en « résidence surveillée », le garde-chasse se trouve prisonnier aussi puisqu’il ne peut aller à la chasse avec sa meute. La folie monte. Aaaaah !

Victor Hugo l’a échappé belle ! Moi pas et je l’ai lu jusqu’au bout (en diagonale, quand même.)

Livre Inter 2007. (?) D’ailleurs, l’auteur accumule les prix. (France télévision, Académie du Maine, Culture et Bibliothèque, etc.)

La Martine qui, elle, accumule les navets.
François Vallejo
Viviane Hamy, 2006
267p

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Histoires de comédies musicales

12 mai 2012, 20h15, métro Bonne-Nouvelle. Le Grand Rex est bien l’endroit où j’ai vu « 2001 odyssée de l’espace » il y a …un certain nombre d’années. Je n’y étais pas retourné depuis. Lieu grandiose pour spectacles grandioses. Ce soir, c’est « comédies musicales » chantées par les chœurs de France. Une première pour moi qui suis super nul en comédies musicales. C’est pas trop mon truc à la base : des gens qui s’agitent à la radio sur des airs rabâchés des milliers de fois, des paroles simplistes… Mais il se trouve qu’une collègue de bureau fait partie des chœurs et que je me suis engagé à venir l’écouter.
J’arrive dans l’immense salle de spectacle. Le rideau se lève sur 200 choristes (hommes et femmes) habillés en blanc. Au milieu, un petit orchestre composé de 6 musiciens donne une touche jazzy à l’ensemble.
J’essaie de trouver ma choriste, pense l’avoir vue en bas à droite avant de me rendre compte que ce n’est pas elle. Finalement, je la repère au fond à gauche. En même temps, j’essaie de mémoriser des noms et des titres qu’égraine le monsieur loyal de la soirée et qui me parlent plus ou moins : « Show boat », « Porgy and Bess », « Gershwin »…
Ah ! « West side story ». Je connais, ça. « Maria, Maria… », « I feel Pretty… ». Oui, oui, ça me rappelle des vieux 45 tours et des vacances chez mes grands parents.
Et puis, petit à petit, je lâche prise, me laisse envoûter par la musique, les voix, la chorégraphie, les mouvements de ce grand puzzle mouvant de 200 pièces blanches qu’un jeu d’éclairages fait changer de couleur. Le rideau tombe à la fin de « let the sunshine » : c’est l’entracte.
Avec, la deuxième partie, je suis plus en terrain connu, mais finalement, connu ou pas connu je m’en fous pas mal. Le risque, serait plutôt le trop connu : « Starmania », «Notre dame de Paris », « Roméo et Juliette »…mais finalement, tout passe grâce à des medleys bien montés, quelques arrangements vocaux (pour « quand on arrive en ville » en particulier) et une très bonne articulation des chorégraphies et des lumières.
Je dois reconnaître que « les rois du monde » dans ces conditions, c’est quand même autre chose qu’à travers les ondes d’une radio ou au milieu des rayons d’un supermarché.
C’est quand la prochaine comédie musicale ?

Edouard

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Bruxelles

La gare du Nord tout d’abord, puis le Thalys. 1h15 pour arriver à la gare du Midi. Je vais rendre visite à un vieux copain. Mon guide indique que lorsque l’on est invité chez des Bruxellois, il faut apporter du chocolat. Passage obligé donc chez Marcolini. Première bière de la journée à la terrasse d’un café dans le quartier des Sablons en regardant les vieux Belges qui semblent tous surgis d’albums d’Hergé. Il faut dire que j’en ai eu des images : du graffiti le plus vulgaire aux murs qui sont de véritables planches, toute la ville est peinturlurée.

Flânerie autour de la Grand-Place et du Mannekenpis. Le journal « Le soir » se passionne pour la campagne électorale française et se moque de l’interdiction de la publication des résultats avant 20h que le pays tente d’imposer à ses voisins.

En fin d’après-midi, le canal Charleroi dégage une ambiance à la Simenon. En chemin, je tombe sur la sculpture d’un chien qui lève la patte. Le chien du Mannekenpis ? Vient ensuite une affiche signalant la fermeture d’un musée d’art moderne…en 1970 et la photo d’un club de danse sur laquelle s’égayent pattes d’éléphant, cheveux longs et chemises à fleurs. Un peu plus loin, une affichette collée en bas de la vitre d’un magasin de déguisement « non merci, j’ai déjà ri ! ». Pas de doute, on est bien au pays du surréalisme.

Retour aux sources. Le marché de la « place du jeu de balle » n’est-il pas celui où Tintin à acheté la Licorne ? Vieux meubles, objets non identifiables par milliers, masques et statuettes africaines, coffres au trésor, épées et sabres en tout genre, mauvaises copies et tableaux volés, renards que les Bruxelloises ne portent plus depuis des décennies : tout l’univers du reporter à la houppe semble ici rassemblé.

Et ce vieil homme qui donne à manger aux pigeons non loin du marché, je l’ai déjà vu, c’est certain, mais je ne sais plus dans quel album.

Je n’arriverai pas à revenir à la réalité. Pourvu que je ne me réveille pas !! Je me réfugie au musée Magritte, ouvert il y a trois ans. Peut-être mieux que tout autre, il aura su dessiner et théoriser la belgitude.

Après Magritte, je compte sur le centre belge de la Bande dessinée pour prolonger le combat. Il fait beau et les Bruxellois profitent du bleu du ciel qui n’est pas toujours au rendez-vous. Un jeune homme fabrique des bulles de savon géantes…c’est donc bien ici que l’on fabrique les phylactères. En arrivant, je retrouve la statue de Gaston auquel je n’ai pas donné de nouvelles depuis mon dernier passage, il y a de cela une quinzaine d’années, mais qui ne semble pas m’en vouloir. Refroidi par la foule, j’opte pour la librairie et achète un album.

Et puis, mon portable sonne. C’est mon vieux copain. C’est quand même pour le voir que je suis venu à la base. On se voit pour le déjeuner, on ira manger des moules-frites.

Edouard

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Ame rouge

Au début des années 50, alors même que la chasse aux sorcières se met en place, que l’URSS n’a pas encore la bombe atomique et que les cendres de la Deuxième Guerre mondiale fument encore, Blacksad se porte au secours d’un vieil ami au passé trouble.

L’année dernière, j’avais été déçu par le personnage de Blacksad, le détective à la tête de chat, mais charmé par le graphisme de Juanjo Guarnido. Je viens de renouveler l’expérience avec « Âme rouge », troisième opus d’une série qui en comporte maintenant 5.

Le dessin et les couleurs restent un ravissement et on comprend tout en voyant indiqué au dos de la BD que les auteurs ont écrit sur « l’histoire des aquarelles ». Il y a à côté du scénario, des histoires qui se voient, plus qu’elles ne se racontent, comme celle, au début de l’album, du manège de deux prostituées autour du portefeuille d’une vieille tortue. On peut aussi saluer l’astuce qui consiste à inscrire un épilogue imagé après le mot « fin », sur la face intérieure du quatrième de couverture où des dockers australiens (échidnés, kangourou, koala, ornithorynque, forcément) regardent interdits le contenu d’un étrange colis.

Pas grand-chose à dire sur le détective qui se fond pas trop mal dans le décore des fivties. L’année dernière, je l’avais comparé à Canardo et critiqué le manque d’incarnation du chat-noir. Depuis, j’ai été légèrement déçu par le dernier album de Sokal… Blacksad est « noir »,
il a un passé difficile et est peut-être victime de sa grandeur d’âme. Bref, il devient un personnage intéressant.

Ma réserve serait aujourd’hui à rechercher du côté du scénario. Autant, celui de « quelque part entre les ombres » était simpliste, voire inexistant, autant celui d’ « âme rouge » est particulièrement compliqué. Trop ? Ce n’est qu’a la fin de la première lecture que j’ai compris l’ancrage historique aidé par Wikipédia qui m’a apporté un certain nombre d’éléments sur une période de l’histoire que je n’ai pas connue et qui ne m’intéresse pas beaucoup. Ce n’est qu’ à la fin d’une deuxième lecture que j’ai enfin compris le récit.

Le problème d’une telle complexité de scénario, c’est qu’a trop le regarder on en voit les failles : petites incohérences et grandes invraisemblances.

Mes réserves sont donc plus pour Canales que pour Guarnido. Quoi qu’il en soit, me voilà conquis par la série et je vais m’empresser de me procurer les autres albums.

Edouard

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