Il y a trois catégories de Woody Allen :
– Les perles, comme dernièrement « match point » et « Vicky, Cristina, Barcelona » ;
– Les comédies, comme « le sortilège du scorpion de jade » ou « meurtre mystérieux à Manhattan » ;
– Les Woody, qui sont une éternelle variation sur des couples qui se font et qui se défont et que l’on confond un peu tous.
Comme « Whatever works » l’année dernière, « vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu » appartient à la dernière catégorie. Comme je n’ai retenu aucun des prénoms des personnages, je vais désigner chacun d’eux par une lettre :
A est marié avec B. Il a décidé de plaquer la médecine pour l’écriture. Après un premier grand succès, il sèche et passe ses journées à attendre le coup de fil d’un éditeur en regardant C, sa belle voisine, par la fenêtre de sa chambre. Pour faire bouillir la marmite, B travaille comme secrétaire dans une galerie d’art où elle rêve d’un amour défendu avec D son patron.
E et F, les parents de B, sont divorcés. E, son père, se berce d’illusions dans les bras de G, une call-girl qui dilapide son immense fortune. F, sa mère, s’est réfugiée dans l’alcool et l’occultisme. H, sa voyante, lui prédit une rencontre avec un bel et sombre inconnu…
Bref, du concentré de Woody qui s’autoparodie en épurant les scènes de tout suspens concernant les sentiments et les intentions de chacun.
Alors, rien de nouveau ?
Si, car deux Woody ne sont jamais exactement les mêmes. La première grande nouveauté, c’est l’absence de toute référence à un personnage qui constitue habituellement l’un des éléments indispensables de la catégorie : le psy.
L’autre nouveauté est une profonde mélancolie. On est loin du joyeux libertinage des premiers Woody et des interminables digressions des suivants. Le précédent opus pouvait se traduire en français par « du moment que ça marche… » ; le titre de « vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu» aurait pu être « ça ne marche plus ».
Et si la recherche du conjoint idéal était un exercice stupide et vain, semble-t-il nous dire ? Et si les charlatans dont parle B à sa mère étaient en fait les psychanalystes et non les voyants ?
Alors, c’est le dernier de la catégorie ?
Peut être pas, la dernière scène nous suggère que tout n’est peut être pas fini. Nous verrons bien l’année prochaine. Peut être que Carla Bruni-Sarkozy, qui jouera dedans, aura le rôle d’une femme s’épanouissant dans la fidélité…Sacré Woody.
Edouard
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