Le détective Blacksad traque le meurtrier d’un ancien amour.
Il est rare de pouvoir résumer un scénario en une phrase, c’est pourtant possible avec cette BD au graphisme époustouflant qui nous vient d’outre Pyrénées.
Lecteur très occasionnel de BD, mon univers se limite aux albums de Benoit Sokal, le père de Canardo et à ceux de Jacques Tardi.
Les personnages anthropozoomorphes de Blacksad rappelant ceux de l’univers de l’inspecteur à tête de Canard, j’ai été naturellement attiré par l’album
Ici, fini la « ligne claire » de Canardo. Bienvenue au graphisme fouillé, aux personnages ultras expressifs, aux couleurs aquarellées, aux jeux de vignettes vertigineux…
Alors, out Canardo ? Graphiquement, il est certain que la « ligne claire » ne peut plus aujourd’hui prétendre régner sur l’univers de la BD.
D’un point de vue scénaristique, j’ai regretté de ne pas retrouver le sens de l’autodérision de Sokal, ici remplacé par un triptyque « sangre, lagrimas y corazὁn » un peu manichéen.
J’ai regretté que Blacksad soit un chat et non un canard, cet animal un peu stupide et si attachant. J’ai regretté le caractère trop parfait du héros de Canales et Guarnido, trop lisse, trop parfait, trop intègre, peut être un peu moins réussi graphiquement que d’autres personnages secondaires. J’aurais aimé le voir pisser, boire une bière ou manger un sandwich, histoire que je puisse un peu m’identifier à lui.
Blacksad reste quand même une prouesse graphique. Si je me souviendrai du sourire narquois d’une femme de chambre-souris et de l’air désabusé d’un orang-outan guitariste. Si je me souviendrai aussi de l’utilisation d’un filtre rouge pour signifier le flash-back ; je n’oublierai jamais cette vignette extraordinaire dessinée en contre-plongée sur la totalité d’une page, montrant le détective dormant dans un appartement dévasté, à côté du cadavre de son agresseur.
Blacksad
Guarnido-Canales
2010
Edouard
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