Londres

La gare du Nord, puis l’Eurostar. 2h15 pour arriver à la gare de Saint Pancras. Je retrouve avec plaisir les Londoniens : ceux qui sortent des bureaux de la city à partir de 6h00, électrisés par un champ magnétique qui les ferait courir en tout sens ; ceux attroupés devant deux Rolls Royce sur le parvis de Saint Paul ; ceux qui regardent les acrobates et les chanteurs de Covent Garden ; ceux du métro qui s’engouffrent sans hésiter dans le boyau étroit et interminable qui permet de joindre « bank » à « monument » ; ceux de Smithfield Garden que je n’ai pas pu voir m’étant levé trop tard…

Ce que je suis venu chercher à Londres, ce n’est pourtant pas les Londoniens, ni Big Ben, ni la pluie, ni les touristes qui se font prendre en photo à Trafalgar Square devant la statue de Nelson, ni les vestiges des épreuves olympiques du Beach volley, ni 007.
Ce que je suis venu chercher, c’est l’esprit de l’époque victorienne qui a tant influencé la culture occidentale via Hollywood. J’ai voulu retrouver ce Londres de Dickens, de Stevenson, de Mary Shelley et de Bram Stocker.

Whitechapel a sans doute beaucoup changé depuis l’époque de Jack l’Éventreur. On ne peut toutefois pas dire qu’il soit devenu un quartier particulièrement riant et le fog, qui est toujours là, n’arrange pas les choses.

En me lançant à la recherche du petit musée du Royal Hospital où Joseph Merrick (Elephant Man) mourut en 1890, j’ai pu constater la pauvreté du quartier où la communauté musulmane est aujourd’hui très représentée.
En descendant jusqu’à la Tamise, j’ai aussi retrouvé execution Dock où fut pendu captain kidd, immortalisé par Stevenson dans l’île au trésor sous le nom de Long John Silver.

Mise à part la reconstitution du squelette du pauvre Merrick, je n’aurais vu aucun monstre à White Chapel, ni fantôme, ni vampire, ni loups garou.
Les monstres, je les trouverais à l’ouest, dans le très chic quartier de Holborn, au Hunterian Museum où toute une faune d’êtres difformes est conservée dans des bocaux : à l’époque victorienne, les frontières entre curiosité, science et art n’étaient pas très nettes. J’ai alors entrevu une société divisée où le malheur des uns pouvait servir le divertissement des autres.

Pour terminer en beauté sur l’imaginaire victorien, la Tate Britain propose en ce moment une très belle expo sur les préraphaélites qui révolutionneront à l’époque les codes traditionnels de la mythologie, de l’histoire et de la religion. Je suis resté interdit devant la beauté diaphane de ses personnages asexués représentés dans des scènes galantes moyenâgeuses et, songeur devant ces représentations de la femme : soit oie blanche, soit femme fatale. À leur manière, ces codes influenceront eux aussi l’histoire du vingtième siècle…pour le meilleur et pour le pire.

Edouard

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