Le mariage de plaisir

Chez les musulmans, le mariage de plaisir est un contrat provisoire pour ceux qui partent en voyage.
Cela leur évite la fréquentation des prostituées.

Amir habite Fès, il part au Sénégal, et il rencontre à Dakar Nabou, une sculpturale Peule, qui l’initie
à l’amour sans barrières.  Il tombe amoureux, et la ramène dans son pays, où elle aura beaucoup de peine à s’imposer dans une société où pourtant la polygamie est tolérée. Elle donnera naissance à deux jumeaux, un blanc et un noir.

Ceci pour l’anecdote. Mais ce beau livre va beaucoup plus loin. D’abord le texte, d’une simplicité poétique magnifique. Ensuite, la description d’une société où le racisme n’a rien à envier au nôtre.
La couleur de la peau se révèle une barrière presque impossible à franchir. La destinée des jumeaux, le Blanc et le Noir, présente de manière symbolique la césure entre la misère de l’Afrique, et la (relative) aisance du Maghreb. Un livre qui jette un éclairage inédit sur les événements récents en France d’abord, en Belgique ensuite. L’islam, ce ne sont pas quelques voyous s’envoyant en l’air avec des explosifs. Le contentieux remonte presque aux Croisades 😉 Ben Jelloun ne manque pas de parsemer son récit d’allusions à l’occupation française (et belge) de l’Afrique.
Voilà un homme cultivé, pratiquant une langue ciselée, qui peut nous en apprendre beaucoup, sur son pays, et les nôtres.

Amitiés envoûtées,

Guy.

Le mariage de plaisir – Tahar Ben Jelloun Gallimard – 261 p.