Pour en finir avec le snobisme

Il y a trois ans sur ce blog, je qualifiais de snobs, les visiteurs d’une exposition Giotto , blessant ainsi beaucoup d’admirateurs du peintre dont Pierre qui m’avait ce jour là fait sortir de ma caverne et Martine qui me renvoya l’ascenseur deux mois plus tard lorsque je faisais part de mon admiration pour Miró. Ceci dit, Martine avait tenu des propos en 2011 sur les lecteurs de Zweig qui n’étaient pas très éloignés du procès en snobisme.

Cette histoire de Giotto m’a beaucoup marqué et depuis trois ans, je me dis qu’il faudrait que je creuse cette affaire de snobisme.

Guy, mon cher coblogueur, me donne aujourd’hui l’occasion de m’exprimer sur le snobisme en art puisqu’il accuse Borges de snobisme, ce qui me blesse, étant moi-même un grand admirateur de l’écrivain.

Qui de Giotto, Miró, Zweig, Borges et de leurs admirateurs sont les plus snobs ? Bien entendu, la réponse à cette question ne peut être que subjective et je me garderai bien d’en donner une.

Il y a 3 ans, mon papa (comme quoi, il faut toujours écouter son papa) m’avait donné une piste en citant un vers de Paul Valéry (Paul Valéry était-il snob ?) « Voyageur! il ne tient qu’à toi que ce monument soit un tas de pierres ou un tombeau . Ami n’entre pas sans désir ! »

J’ai mis un certain temps à comprendre que tout cela ne tournait en définitive qu’autour d’une affaire de sensibilité personnelle. Je le reconnais, je n’étais pas préparé pour admirer Giotto et je le jure, j’ai été réellement bouleversé par Miró. Pourquoi ? Une psychothérapie me permettrait sans doute de trouver des réponses…une attirance plus prononcée pour l’Espagne que pour l’Italie, plus forte pour l’art abstrait que pour la peinture religieuse. L’incapacité que l’on peut avoir à ressentir une émotion devant une œuvre peut nous faire penser qu’il ne peut en être autrement pour ceux qui disent l’admirer et qui ne pourraient donc que simuler leur émotion.

Cependant, je ne dis pas que les vrais snobs n’existent pas, ceux qui simulent leur admiration pour telle œuvre ou tel artiste avec le seul objectif d’occuper une posture sociale d’élite ou populiste. Pour que la simulation soit parfaite, encore faut-il que le vrai snob ne ressente aucune émotion, ce qui le rapproche de l’inquisiteur ès snobisme. Peut-on dire qu’il faut être un peu snob pour accuser de snobisme ses semblables ? Je ne suis pas loin de le penser et je veux bien reconnaître que j’ai fait preuve de snobisme populiste en traitant de snobs les admirateurs de Giotto. Je m’excuse platement auprès d’eux. Cependant, tout en admirant Proust , je le trouve très snob, même s’il est lui même un grand pourfendeur du snobisme (et surtout pour cela peut être).

Edouard

5 réflexions sur “Pour en finir avec le snobisme

  1. Pierre 23 octobre 2016 / 8 h 57 min

    Très beau, ce vers de Paul Valery! Il faudra un jour que je me penche un jour sur ce poète duquel je me suis toujours craintivement tenu à distance. Sans doute par peur d’une pensée que je n’arriverais pas à suivre. Car il existe un autre faux ami du snob : celui qui persévère dans la fréquentation d oeuvres complexes, à la quête d’un sens qu’il souffre de lui voir échapper. Le vrai snob il me semble se complaît dans une posture qui lui confère une supériorité, souvent fantasmée, sur ses pairs. Quant à Giotto, rassure-toi, je ne me suis nullement senti blessé, mais garde au contraire le doux souvenir d’une des conversations les plus riches et intimes que nous ayons eues à la suite de l’exposition. Bien amicalement,

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  2. Henri 23 octobre 2016 / 18 h 15 min

    Le sujet est tantinet délicat , car il me semble que l’on s’envoie réciproquement et sans doute à la légère ces qualificatifs tournant autour du mot Snob, qui mettent en général fin au débat et laissent les interlocuteurs au mieux insatisfaits et au pire avec l’impression d’avoir reçu un camouflet et le désir de prendre une revanche à la prochaine occasion . Comme on l’a très, bien dit il s’agit d’une question de sensibilité et d’éducation au sens d’accoutumance. Pour moi , reprenant une citation de je ne sais plus qui : « Le snobisme c’est la cascade des mépris » et il peut prendre des formes très variées selon que l’on se sent l’objet du mépris ou que l »on en use, même sans véritablement s’en rendre compte à l’égard de quelqu’un et à plus forte raison d’un proche.

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  3. de Lary Jean 25 octobre 2016 / 0 h 00 min

    Personnellement, je trouve très étrange qu’on parle de snobisme pour ceux qui aiment la peinture de Giotto. Giotto est un des premiers peintres figuratifs italiens, un peintre du XIVe siècle dont la belle peinture colorée et la simplicité de la représentation humaine a inspiré tous les peintres italiens jusqu’au XVIe siècle au moins. C’est un précurseur de la Renaissance italienne. La peinture de Giotto fait partie avant tout de l’histoire de l’art. Etant à l’Institut national d’Histoire de l’Art, je ne peux que considérer que ce qui se rapporte à l’histoire de l’art concerne avant tout la culture et non le snobisme.
    Par ailleurs, l’opposition entre peinture abstraite et peinture religieuse me parait peu valable. La peinture abstraite s’oppose à la peinture figurative uniquement. La peinture religieuse, si elle est souvent figurative peut aussi être abstraite (les vitraux modernes dans les églises). Le contraire de la peinture religieuse est la peinture profane qui est le plus souvent figurative, voire ancienne, mais qui peut aussi être contemporaine et abstraite. Les choses ne sont pas si simples.
    Pour moi, le snobisme serait plus dans l’art contemporain, surtout si on aime une oeuvre contemporaine pour des considérations autres qu’esthétiques.
    Mon snobisme serait l’amour de la langue française, du bien parler français, et de la bonne utilisation des termes à employer quand on écrit.

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    • Nadia 27 octobre 2016 / 21 h 53 min

      Je ne connais rien à l’Art, ni à son Histoire, et je peux quand même apprécier (ou pas) une oeuvre… souvent je me sens snobée par ceux qui ont le Savoir.
      Par contre je sais lire. Et quand je lis « …ce qui se rapporte à l’histoire de l’art concerne avant tout la culture et non le snobisme. » puis « …le snobisme serait plus dans l’art contemporain », j’en déduis que l’art contemporain ne fait pas partie de l’histoire de l’art, alors qu’il couvre la période de 1945 à nos jours (une source sérieuse me l’a soufflé : Wikipedia). J’en déduis aussi que ceux qui voient du snobisme dans l’art contemporain, snobent cet art qu’ils considèrent comme hors de l’histoire de l’art et de la culture.
      Enfin, quand je lis « … bonne utilisation des termes à employer quand on écrit. », je pense qu’au-delà du bon vocabulaire, il faut faire attention à la cohérence du propos. Pour en finir avec le snobisme, on est toujours le snob de quelqu’un, non ?

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  4. Chanloup Franck 16 février 2018 / 11 h 22 min

    Ha la question du snobisme dans l’art , question ô combien délicate ! Pour ma part je pense que le succès de certains auteurs ou peintres est uniquement que le fruit d’un certain snobisme et pourtant il m’est arrivé parfois d’aimer des œuvres que d’autres trouvaient particulièrement ratés . Question de sensibilité, de vécu ,c’est tellement subjectif et personnel tout ça .Le principal pour moi est de prendre du plaisir, une notion à ne jamais perdre de vue . À mon humble avis .

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