Le Royaume-Uni n’est pas une île

« On s’en sortira mieux sans l’Europe », tel était le leitmotiv des Brexiters. Maintenant que les choses deviennent concrètes, les Britanniques doutent et les Européens vont se poser la question : « Et si l’Europe s’en sortait mieux sans le Royaume-Uni ? ».

Économiquement, les choses ne tourneront pas forcément à l’avantage du Royaume-Uni, en tout cas dans l’immédiat et les délocalisations des centres financiers sur le continent en témoignent. La réaction de la communauté internationale est intéressante aussi : « C’est bien joli l’Empire britannique comme au XVIIe qui redevient le maître du Monde, mais pour le moment, ça ne semble pas très clair donc, comme toujours, on préfère la sécurité et la sécurité c’est l’Union européenne ».

Nombreux étaient les pays européens tentés par l’EXIT, souvent vendu comme un produit miracle par l’extrême droite. Le fait qu’un pays décide de passer le pas, c’est intéressant, mais il ne s’agit pas de n’importe quel pays : l’un des plus vieux du continent qui détient en son sein une grande part du patrimoine culturel européen, un pays riche largement ouvert au libéralisme qui semble effectivement capable de s’en sortir seul.

Peu de pays européens ont cette capacité et même là, la mise en œuvre s’avère extrêmement complexe. J’ai du mal à croire que les Boris Johnson et autres populistes britanniques n’avaient pas pensé à l’Irlande du Nord, mais ils étaient tellement certains que le « Non » l’emporterait… Par contre, je suis persuadé que nombreux sont les partisans du « Oui » qui n’ont pas pensé une seule seconde à l’Irlande du Nord.  Quoi qu’il en soit, l’Européen moyen découvre aujourd’hui que le Royaume-Uni a une frontière terrestre avec l’Union européenne.

Ce simple constat et les considérations historico-politiques attachées à l’existence d’une frontière entre les deux Irlandes rend le « hard Brexit » impossible, sauf à réunifier l’Irlande, mais cela détruirait le Royaume-Uni dans sa forme actuelle. Va pour le soft Brexit ou plutôt, pour le seul Brexit possible (tant qu’on n’a pas démontré que cela était impossible).

Ce n’était certainement pas l’objectif qu’ils poursuivaient, mais en mettant en œuvre le Brexit, les Britanniques se sont attaqués au pire fantasme nationaliste du continent. Tout le monde sait maintenant ce que ça veut dire, sortir de l’Europe : beaucoup de complications, d’incertitudes et au final, un résultat qui, au mieux, ne ressemblera que de très loin à l’objectif initialement poursuivi. La pauvre Marine doit faire face à la plus grande vague de démystification de toute l’histoire de l’Union européenne : déjà que l’UMPS n’existe plus…

La deuxième phase des négociations en 2018 va être intéressante avec une Union européenne qui ne cherchera plus à retenir le Royaume-Uni et ce dernier qui, pour ne pas perdre la face, va essayer coûte que coûte d’aller jusqu’au bout. Wait and see.

Édouard