En tant qu’Européen convaincu, j’ai toujours été hostile à ce qui semblait pouvoir déstabiliser l’Union européenne et donc, au Brexit. Je suis donc dans la fièvre depuis deux ans les péripéties de la Première ministre britannique. Alors même que le dénouement se profile, je me demande si cette « fièvre » n’a pas été entretenue par les médias, y compris par Le Monde qui est ma source principale d’information dans le seul but de créer du buzz et de captiver un auditoire en abusant des mots « impossible », « impasse », « hard Brexit », « no deal »…
La seule chose vraiment extraordinaire dans cette histoire serait à ce moment l’honnêteté politique de Thérésa May, caractéristique que les citoyens européens n’ont pas l’habitude de voir chez leurs dirigeants.
Au départ, il y a eu le coup de poker raté de James Cameron aboutissant sur la victoire du « leave ». Cette victoire n’aurait pu se faire sans l’irresponsabilité de la classe politique britannique et en particulier, sans les populistes (Boris Johnson et cie) qui jouèrent sur la fibre sentimentale des électeurs pour les convaincre sans visiblement se soucier des modalités pratiques de mise en œuvre.
Depuis deux ans, Thérésa May s’escrime donc à faire le travail qui aurait dû être fait par son prédécesseur avant de lancer le référendum. Il eut été étonnant dans ce cas que le résultat final soit identique à ce qui était initialement prévu dans la mesure où rien n’était prévu.
J’ai un peu cherché sur internet et je n’ai pas trouvé si Thérésa May était à l’origine une pro « leave » ou une pro « remain ». Elle n’a sans doute jamais été favorable au hard Brexit.
Et puis, la voilà avec un accord avec l’UE aussi sexy qu’un relevé de compte, mais qui a le mérite d’avoir l’aval des 27. Évidemment, personne ne l’aime au Royaume-Uni, les Britanniques avaient voté avec passion, on leur sert une bouillie technocratique indigeste. Ben oui, mais c’est ça, sortir de l’Union européenne, on ne vous l’avait pas dit ?
Je ne suis pas certain que les parlementaires aient vraiment envie de voter pour un truc pareil et Thérésa leur a peut-être fait un cadeau en les en dispensant. Elle est certaine maintenant que son projet ne sera pas accepté par le parlement. Les Européens en ont marre de négocier, on peut les comprendre. Le vote de défiance s’est transformé en vote de confiance, Thérésa a les mains libres pendant un an et peut compter sur son parti, quoi qu’elle fasse. Il semble enfin difficile de mettre en œuvre le projet sans accord populaire puisque les Britanniques ont à l’origine été trompés sur la marchandise.
Il n’y a qu’une possibilité, un second référendum avec un « remain » qui veut dire « on reste dans l’Union européenne et un « leave » qui voudra dire, on prend l’accord conclu avec l’UE. Le débat autour du second référendum sera certainement aussi houleux que le premier, mais ses conséquences seront claires et nettes. Bien entendu, la victoire du « leave » sera très hypothéquée, mais est-ce vraiment ce que recherche la Première ministre ? Quelle que soit l’issue du référendum, elle aura parfaitement fait son travail.
Bien entendu, je ne suis pas devin, mais c’est ce qui pourrait se passer de mieux. Wait and see…
Édouard
Très bonne analyse.
Je ne suis pas sûr que Teresa May soit plus honnête que ses comparses conservateurs. Elle se révèle par contre plus persévérante.
L’Europe a autre chose à faire que s’adapter aux états d’âme des Britanniques.
Alors ,Teresa, tu veux ou tu veux pas?
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