
Je ne suis pas un
fanatique des prix littéraires. À ma décharge, j’avais commencé la lecture du
Goncourt 2019 le matin même
de son attribution, le 6 novembre.
Le touchant Dubois, surnom donné par un de mes
fils, a encore frappé.
Pour les non initiés, tous les héros de Jean-Paul
le Toulousain se prénomment Paul.
Paul Hansen est incarcéré à Montréal, dans le
pénitencier dit de Bordeaux. Il partage une cellule avec un certain Patrick
Horton,
membre d’un gang de motards, accusé de meurtre.
Quant à Paul, on ne saura que vers la fin du livre pourquoi il a été condamné
à deux ans de détention. Fils improbable d’un
pasteur protestant danois et d’une jolie Toulousaine, il raconte sa vie.
La maman exploite une salle d’art et essai à
Toulouse. Le jour où le pasteur apprend que la salle de cinéma projette des
films
pornographiques, son sang ne fait qu’un tour, il
claque la porte et perd sa fonction. Cela se passe après les manifestations de
1968.
Toute la famille part en vrille, père et fils se
retrouvent à Montréal, et le pasteur perd toute crédibilité quand il devient
accro aux
champs de courses. Paul a trouvé un travail de
concierge pour lequel il est apprécié. Il se marie avec Winona, une Amérindienne
pilote d’hydravion, et vivra avec elle les plus
beaux jours de sa vie. Et il nous régalera avec les pages les plus tendres du
roman.
Jean-Paul Dubois est un conteur extraordinaire.
Son regard désabusé sur le monde qui l’entoure fait mouche. Son humour
ravageur est resté intact. Une des phrases qui
traversent le livre: l’homme est un ours qui a mal tourné.
La phrase du titre est tirée d’un prêche du
pasteur qui a peu ou prou perdu la foi.
Pour moi, ceci est une des meilleures lectures de
ces dernières années.
Si vous n’aimez pas les gros cubes (je parle de
moteurs), vous pourrez passer certaines pages.
Si vous aimez les curés de toutes tendances, tenez
le livre avec des pincettes, il pourrait vous entraîner en enfer.
Avec toutes mes amitiés au nom du père, etc.
Guy Jean-Paul Dubois