
En ce début de XXIe siècle, l’homme blanc s’était enfin trouvé une place dans l’histoire de l’humanité. En réaction aux théories racistes qui voulaient faire de lui le représentant d’une race supérieure et qui en avaient fait la honte de l’humanité, il avait fini par accepter qu’il n’était pas différent des Africains et des Asiatiques. Du suédois au pygmée en passant par le canaque et l’Amazonien, nous étions tous les mêmes. Il y avait quelques différences physiques, c’est vrai, mais si peu…
S’il était un meurtrier, il en était de même pour ses cousins des autres continents. La génétique était là pour le prouver, l’homo sapiens était le seul survivant de la race homo.
Comment expliquer cette situation ? Pour la plupart des disparitions, il n’y était pour rien puisqu’elles avaient eu lieu bien longtemps avant qu’il hante les continents. Mais pour les autres, les contemporains de sapiens, comment expliquer ? Sans répondre, on pensait à une extermination perpétrée par nos ancêtres. En Europe, le débat tournait autour de Neandertal découvert en 1856. Ce cousin plus grand, plus fort et doté d’une volumineuse boîte crânienne avait disparu mystérieusement. Nous avions peut être échangé avec ce voisin, peut être même plus, mais en tout cas, selon toute vraisemblance, il n’y avait pas eu d’union fertile et les deux espèces ne s’étaient pas métissées.
Sapiens aurait-il exterminé Neandertal ?
Plusieurs relents bibliques dans cette hypothèse. Caïn et Abel, tout d’abord. Les Sapiens, enfants de Caïn, ne pouvaient être que des graines de meurtriers. David et Goliath ensuite. Si Sapiens avait survécu, ce n’était peut être pas seulement parce qu’il était un tueur, mais aussi parce qu’il était plus malin et qu’il avait su mieux s’adapter que son lourdaud de cousin.
Et puis, patatras, l’info est tombée dans Le Monde du 8 mai 2010, on a enfin la preuve que Neandertal et Sapiens se sont mélangés. Que penser ? Étant donné que les néandertaliens sont une espèce made in Europe, peut-on parler d’une race européenne ? Ca fait froid dans le dos, d’autant plus que cela fait 70 ans que l’homme blanc tente de penser le contraire. Et s’il y avait des races génétiquement différentes ? Et si les Européens appartenaient réellement à un même ensemble métissé qui les différenciait des autres humains ?
Dans les années 50, une telle théorie n’aurait pu émaner que de nostalgiques des chemises brunes, des claquements de bottes et des croix gammées. Mais aujourd’hui, que penser ? Le « tous pareils » difficilement tenable devra-t-il laisser la place au « tous différents » même si « les gens qui ne sont pas comme nous, ça nous dérange ».
Edouard
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Le « tous différents » est une notion tout aussi politiquement correcte (mais plus dans l’air du temps) que le « tous pareils ». En l’occurrence, la découverte relatée dans l’article est dérangeante, justement parce qu’elle n’étaye pas le « tous différents », mais une différence entre deux populations (« catégories », « races »?) de l’espèce humaine.
Vouloir proscrire, comme cela a été le cas depuis plusieurs décennies, l’idée qu’il y aurait plusieurs races au sein de l’espèce humaine, relève du dogme et pourrait s’avérer une contre-vérité scientifique (encore faut-il s’entendre sur la terminologie utilisée). Le combat moral nécessaire pour éviter que cette distinction, si elle était avérée, ne se transforme en racisme dans son acceptation péjorative, imposerait alors, non de nier ces différences, mais d’affirmer haut et fort qu’une hiérarchisation des races comme des individus ne doit pas être établie, et qu’elle ne peut l’être.
De même que le féminisme est revenu en grande partie de l’idée absurde de l’identité entre hommes et femmes pour défendre celle de l’égalité entre hommes et femmes.
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