Au XIXe siècle, Augustine, 19 ans, domestique, a des crises impressionnantes dans lesquelles se mêlent cris et convulsions en tous genres. Conduite à la Salpêtrière, elle y fera la rencontre de Jean-Martin Charcot qui la diagnostiquera « hystérique » et la prendra sous son aile.
Film intéressant, mais avec une mise en scène un peu trop académique à mon goût. Trop lisses, Vincent Lyndon et Chiara Mastroianni (Charcot et sa femme) semblent complètement sous-exploités. On se serait attendu à un peu plus de profondeur dans l’incarnation du grand défenseur de l’hypnose. Mais peut-être était-il fade dans la réalité, je ne sais pas.
Augustine est pas mal par contre, rien à dire.
Ce film m’a fait penser à un reportage d’Arte, voix off didactique en moins. Alors, on essaie de reconstituer autant que possible le contexte de cette époque où le souci d’écarter les aliénées de la bonne société semblait au moins aussi important que leur guérison.
Mais comment parler de guérison à une époque ou l’idée de la possession démoniaque était encore très présent dans l’inconscient collectif et où ceux qui tentaient de s’écarter de la religion ne savaient pas trop quels noms donner à ses étranges manifestations : psychiatrie, psychologie, psychanalyse, neurologie, endocrinologie…tout ça ne formait encore qu’un magma informe et sans nom.
Charcot proposera l’usage de l’hypnose pour soigner l’hystérie. Ce mot, désormais entré dans le langage commun, n’est plus utilisé pour désigner un trouble psychiatrique depuis un certain temps. Le meilleur moment du film est peut-être la lecture par Chiara Mastrianni d’un article de Maupassant qui déjà à l’époque, était très réservé sur le contenu de l’hystérie qui, on le sait aujourd’hui, recouvrait en fait des pathologies extrêmement diverses.
L’hypnose aussi sera critiquée, mais elle reviendra à la fin du XXe siècle avec l’aide de l’imagerie cérébrale qui fera la preuve de son efficience. Elle est en particulier aujourd’hui utilisée pour soulager la douleur et l’anxiété lors des opérations.
La finalité thérapeutique de Charcot qui pensait soigner l’hystérie en faisant revivre sous hypnose les crises de la patiente n’est pas très explicitée. On a surtout l’impression qu’il l’utilise pour se faire mousser auprès de ses petits camarades qui regardent avec concupiscence se tortiller et haleter la jeune, belle et innocente Augustine : un peu cliché, tout ça…
Bref, le sujet n’était pas simple et il était peut-être un peu trop ambitieux pour le premier film d’Alice Winocour. Allez, c’est quand même bien de parler de ces choses-là. On lui souhaite bonne chance pour la suite.
Edouard
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