Tout d’abord, c’est à 3 heures du matin, un mail de mon frère actuellement en Thaïlande qui me dit regarder les infos et que je ne comprends pas trop. Ensuite, c’est une amie qui parle sur Facebook de bruits de mitraillette pris pour des feux d’artifice. Alors, je découvre l’horreur sur le site du Monde.
Un peu plus tard dans la matinée, je vois un militaire posté non loin de chez moi, mais je me dis qu’il est plus là pour rassurer les populations que pour prévenir un quelconque danger. Et puis, encore un peu plus tard, ce sont des types en civil avec des badges « ministère de la Défense » qui m’expliquent que le Pathé Beaugrenelle est fermé. C’est seulement à ce moment que j’ai commencé à réaliser. La guerre, ce serait donc cette peur sournoise qui s’installerait en chacun de nous, ce côté obscur de la Force qui se déploie comme une onde de choc et qui envahit l’intimité de tout un peuple ?
Comme beaucoup de Français, je n’ai jamais connu la guerre sur le territoire. Comme tout le monde, j’en ai entendu parler et j’ai beaucoup écouté les témoignages de ceux qui ont vécu la Deuxième Guerre mondiale. Je pensais cependant que la guerre était une maladie, un peu comme la lèpre ou la peste qui, dieu soit loué, n’existait plus en France. Il y avait bien eu l’ attentat à Charlie Hebdo en janvier, mais un attentat, ce n’est pas une guerre, surtout s’il est organisé par des jeunes illuminés en quête de reconnaissance sociale. C’était un drame des banlieues, une histoire triste de jeunes sans avenir. La France a bien réagi, on touchait à la liberté d’expression, une valeur fondamentale, elle en est sortie renforcée. Ensuite, ça à été la Syrie, c’est loin la Syrie. Il y avait bien la question des réfugiés qui était préoccupante, mais ça restait une conséquence collatérale d’une situation lointaine.
Six attaques aussi violentes qu’aveugles, au moins 128 morts, une centaine de blessés…on est passé dans une autre dimension, il y a forcément une tête pensante derrière tout ça. Et puis, ce n’est plus un symbole qui est attaqué, c’est une nation.
Et après ? Peut-être d’autres attentats. Après, en tout cas, ça va être la riposte. EI veut la guerre et il l’aura puisqu’il faudra bien réagir, tout comme Bush ce devait de réagir après le 11 septembre. Bercé dans ma jeunesse par les chansons de Renaud, indigné par les docteurs Folamour qui pullulent sur la planète, profondément convaincu de l’efficacité très relative des conflits armés, je reconnais aujourd’hui que l’agresseur ne nous laisse pas toujours le choix de la solution pacifique. Sans doute aussi qu’en vieillissant, j’ai fini par admettre à contrecœur que la réponse à la violence ne pouvait parfois être que la violence.
François Hollande chef de guerre, ce sera lui, on n’a pas le choix, puisse-t-il être éclairé. Première aussi pour le ministère de la défense regroupé à Balard (inauguration par le président de la République la semaine dernière), un regroupement qui devait impliquer une meilleure coordination de nos armées…pourvu que ça fonctionne. Heureusement, nous ne sommes pas seuls, on se demande même qui s’aventurera à soutenir EI. Cette série d’attentats semble un peu suicidaire. Et si c’était un chant du cygne ?
Edouard
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Illustration un peu douteuse.
Et si j’espère que les évènements confirmeront ton optimisme sur le chant du cygne, l’expression me parait fort inappropriée. Le vilain petit canard a plutôt l’allure d’un krakoukass.
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Je pense que Deash va mourrir bientôt et que cet attentat est son arrêt de mort mais l’EI est né de la mort d’Al-Qaïda dont l’arrêt de mort a été le 11 septembre…donc, pour rester dans les métaphores ornitologiques on pourrait malheureusement comparer l’islamisme au phénix.
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Tout d’abord Daech n’est pas un État : si il a un territoire et une population ,son » gouvernement », qui n’est reconnu par aucun autre, se borne à menacer ses voisins ainsi que les États Occidentaux auxquels il envoie ses « hommes bombes ». Il ne recule pas , ne négocie pas, ignore les compromis et, dans une démarche désormais suicidaire, n’a rien d’autre à proposer que la défaite du reste du monde . Boualem Sansal , auteur du livre 2084, disait ce matin à la radio que Daech est une branche morte de l’Islamisme. Ce dernier lui survivra et continuera à nous préoccuper.
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