Moi aussi j’y ai cru à la diaspora des soldats de l’État islamique. Alors que celui-ci est moribond et condamné à la disparition à plus ou moins brève échéance, les « soldats » continuent à agir avec des moyens rudimentaires il est vrai, mais d’une efficacité médiatique incontestable.
Ces meurtriers s’intéressent-ils réellement à l’islam ? Ont-ils lu le coran ? Savent-ils lire et interpréter les sourates ? Je doute que cela les intéresse vraiment et que pour beaucoup d’entre eux, être musulman se limite à hurler « Allahu akbar » avec un couteau dans la main.
En ce début d’année, lassé de ne pouvoir m’immiscer dans les discussions de mes collègues, n’ayant jamais vu un seul épisode de « Game of thrones », j’ai décidé de prendre le taureau par les cornes et je me suis enfilé les sept saisons. Comme beaucoup, je me suis laissé séduire. Ce que j’aime, c’est le dosage très fin que la série fait du surnaturel qui monte peu à peu en puissance, cet usage de la magie qui ne marche pas toujours. Par contre, j’ai été frappé par la représentation ultraviolente et grotesque du pouvoir : on destitue, on égorge, on décapite, on émascule de manière impulsive pour un oui ou pour un non. Je pense que cet absolutisme dans l’ultra violence a largement fait le succès de la série qui nous permet de libérer nos instincts sadiques.
Heureusement, la plupart des gens, une fois la série terminée, redeviennent des citoyens normaux. Il existe cependant aujourd’hui un réseau international permettant à ceux qui le veulent de donner libre cours à leur haine de la société, à leur goût pour l’ultra violence. Une organisation qui permet à chacun d’accéder à une reconnaissance, quels que soient l’origine sociale et le niveau d’étude, permettant à tout un chacun de devenir un Lannister ou un Targaryen : Daesh. J’avais beaucoup ironisé quand l’EI avait revendiqué la fusillade de Las Vegas, mais ce que je n’avais pas alors compris, c’est que l’acte violent, sans doute bien plus que le message islamiste, justifie la revendication.
Je ne suis pas en train de démontrer que le djihadisme n’a rien à voir avec l’islam. Je sais bien qu’il y a en France des imams qui endoctrinent les jeunes. Je sais aussi que le succès de Daesh en France est largement dû au fait que les populations fragilisées qui pourront fournir des djihadistes en herbe sont bien souvent d’origines musulmanes. Je comprends aussi l’Histoire et la rancœur vis-à-vis de l’occident qu’elle a pu faire naître dans le monde musulman.
Les zonards évoqués par Starmania et les punks de Mad Max des années 80 ont fini par disparaître. Toute époque connaît ses groupuscules violents. Daesh est plus la créature de la mondialisation et d’internet que du Coran et, de ce fait, il est bien plus impressionnant que des groupuscules isolés. Que pouvons-nous faire ? Je pense qu’il y a un travail sur eux-mêmes que doivent poursuivre les musulmans, un travail de lutte contre l’exclusion que doit poursuivre la société, mais qu’il restera toujours une part d’impuissance que seul le temps saura résoudre. Dans quelques années, le djihadisme sera devenu « has been ». Peut-être l’est-il déjà. La société créera peut-être autre chose de plus violent, de plus fédérateur. On verra bien…ou pas si on à la malchance de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment.
Le chien aboie, la caravane passe.
Édouard