Boris perd et gagne

Il y a deux ans, Boris Johnson, l’une des principales figures du militantisme pour le Brexit l’avait emporté après une intense campagne de démagogie pour son plus grand malheur. Que deviendrait-il sans l’Europe s’il n’avait plus de cheval de bataille ? Il s’était tout de même rassuré avant le référendum en se disant que les électeurs n’étaient tout de même pas assez fous pour faire passer le oui, mais l’impensable se produisit. Pour couronner le tout, Theresa May va le nommer ministre des Affaires étrangères, l’obligeant à laisser de côté son populisme pour entrer dans le dispositif de mise en œuvre du Brexit.
Au fil des mois, l’idée du « hard Brexit » est, comme on pouvait s’y attendre, apparue totalement irréalisable. Cela l’a rassuré un peu Boris, il pouvait continuer à militer pour le « hard Brexit », Theresa May n’était tout de même pas assez folle pour…au fond, il ne savait plus très bien. Si le choix du « hard Brexit » était fait et les conséquences étaient aussi désastreuses que le prévoyaient les experts, sans parler d’une probable réunification de l’Irlande entraînant un démantèlement du Royaume-Uni, qu’allait-il devenir? On l’aurait jugé responsable de cette catastrophe. Peut-être même l’aurait-on enfermé dans la tour de Londres.
Et puis, la semaine dernière, sous la pression du calendrier et des Européens, Theresa May a clairement fait le choix du « soft Brexit » en l’imposant à son gouvernement, laissant entendre aux « hard Brexiters acharnés » qu’ils pouvaient prendre la porte s’ils n’étaient pas d’accord. David Davis ne se l’ai pas fait dire deux fois. Boris a suivi. Que pourrait-il faire d’autre ? Être d’accord avec le « soft Brexit et avouer qu’il s’était trompé ou plutôt, qu’il avait trompé les électeurs et passer pour un Guignole aux yeux des rares qui ne le voyaient pas encore comme tel ?
Pour tout dire, le « soft Brexit » n’a pas le panache du « hard Brexit ». S’il se réalise, bien malin sera celui qui pourra différencier le Royaume-Uni d’avant de celui d’après. Ce que voulaient les partisans du oui, c’est un départ clair et net de l’Union européenne. Si on leur dit qu’ils sont sortis de l’Union, mais qu’ils ne voient pas la différence, quel intérêt? Encore, s’ils avaient abandonné l’Euro, cela aurait été visible, mais comme ils n’y ont jamais été…
Quelle que soit l’issue, la partie est perdue pour les partisans du « oui ». Le fantasme du « hard », comme tous les fantasmes, perd beaucoup de sa saveur quand il se réalise. L’Angleterre ne retrouvera jamais la place qu’elle avait dans le monde aux XVIIIe et XIXe siècles. L’Angleterre hors de l’Europe ne redeviendra jamais l’allié privilégié des États-Unis, comme pendant la Seconde Guerre mondiale. De l’autre côté de l’Atlantique, le Royaume-Uni peut avoir une utilité s’il sème la discorde dans l’Union, mais en dehors de l’Union, à quoi pourrait-il bien servir ?
Et Boris dans tout ça ? Et bien, il va pouvoir remettre sa veste populiste et crier à la trahison de Theresa May qui a peut-être déjà enterré le Brexit. Dans la bataille, l’ami Boris aura perdu quelques plumes, les Britanniques vont certainement l’écouter avec plus de réserve pendant quelques mois, peut-être un an ou deux. Ils oublieront, et Boris retrouvera toute sa splendeur…jusqu’au prochain référendum.
Édouard

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