Chixculub

Chixculub est le nom du cratère au Mexique témoignant de l’impact de la météorite à l’origine de la disparition des dinosaures.

L’année dernière au moment des « gilets jaunes », j’ai eu de longues discussions avec un collègue nettement plus âgé que moi concernant notre société de consommation.

L’ayant vu grandir et s’épanouir dans son enfance pendant les années 60, il avait aussi vu apparaître sa critique dans les années 70 (la grande bouffe en 1973) et vaciller avec la crise de 74 pour aboutir sur l’énorme désillusion des années 80. Elle s’était tout de même relevée peu à peu pour aboutir aujourd’hui à l’emballement d’un monstre froid que personne ne semblait pouvoir arrêter qu’il ne reconnaissait plus et dont il se sentait étranger.

Pour ma part, né après 74 et ayant grandi avec l’informatique comme tous ceux de ma génération, j’avais forcément une vision des choses un peu différente.

Nous sommes tout de même tombés d’accord sur l’existence de ce monstre froid que personne ne pouvait plus arrêter.

Pour moi, il y avait quelque chose de touchant et de naïf chez les gilets jaunes. Beaucoup de désespoir, de la résignation sans proposition d’alternative précise et surtout un espoir inouï, celui de croire que Macron allait pouvoir tout changer. À l’évidence, quand bien même il l’aurait voulu, il ne pouvait rien faire.

J’en étais persuadé, seul un cataclysme majeur était susceptible de casser la machine. Les climatologues le martelaient, il allait arriver, c’était certain même si on ne savait pas quand et sous quelle forme.

Et puis, un cataclysme est parti en décembre 2019 d’un marché de Wuhan, de manière anodine sans doute, peut être par cette phrase prononcée par un chinois.

– Il a un drôle de goût ce pangolin.

Le coup était parti et voila qu’aujourd’hui, je me retrouve confiné chez moi pour une durée qui sera très certainement supérieure à deux semaines.

L’empreinte laissée par le coronavirus quand l’épidémie aura été étouffée sera-t-elle comparable à celle de Chixculub ? Le pangolin contaminé arrêtera-t-il la machine emballée. J’en doute, mais il laissera une trace, rien ne sera plus tout à fait comme avant, il y aura eu cette expérience du confinement qui marquera les esprits, de cette menace incontrôlable qui n’entre peut-être pas dans les codes traditionnels de la guerre, mais qui en a le goût. Peut-être que le coronavirus n’est en fait qu’une forme atténuée de la catastrophe qui changera réellement la face du monde et le fera passer à un nouveau chapitre.

En attendant, me voilà confiné chez moi, m’informant fébrilement tous les soirs du nombre de morts de la journée, attendant que ça se passe et condamné à jouer les Philpipulus de l’étoile mystérieuse, faute de pouvoir être le tintin de service.

Prenons patience

Édouard

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