Un petit polar sympa qui nous vient tout droit d’ex-Union soviétique. Quelques pages pour nous mettre en jambes et prendre nos marques par rapport à l’esprit slave, si proche de l’occidental et pourtant si particulier, et nous voilà embarqués dans les aventures de Victor, écrivain raté qui vit à Kiev avec Micha, un pingouin souffreteux et dépressif.
Parce qu’il faut bien vivre, Victor va accepter d’écrire des nécrologies de personnes bien vivantes pour le compte d’un mystérieux journal. On pouvait s’en douter, ce travail va le mener beaucoup plus loin qu’il ne l’imaginait et sa vie va en être profondément bouleversée, pour le plus grand plaisir du lecteur.
Autour de Victor et Micha, gravite toute une galerie de personnages originaux et hauts en couleur, allant du parfait salaud mafieux, jusqu’à l’attendrissante Sonia, petite fille de 4 ans (de la même taille que Micha) recueillie par Victor.
Au début, on a un peu l’impression d’être dans un roman de l’écrivain finlandais Arto Paasilinna : vie en harmonie avec la nature, plaisirs simples…
Et puis, par petites touches, à mesure que le sort s’acharne sur Victor, Andreï Kourkov va s’éloigner de ce schéma initial pour nous dépeindre le vrai visage de l’Ukraine postsoviétique avec sa pauvreté, son insécurité, sa fragilité, ses doutes, ses peurs et ses angoisses.
Il y a, en fait, plusieurs grilles de lecture du « pingouin », comme il y a plusieurs approches possibles du personnage de Victor. Le rêveur paumé du début du roman, manipulé et complètement porté par les événements, va évoluer pour finalement réussir à reprendre la situation en main, si bien que l’on se demande si on ne s’est pas fait rouler dans la farine par l’auteur et si Victor est bien le personnage que nous décrit Kourkov.
Bref, on a envie d’en savoir plus et justement, il y a une suite que je vais m’empresser de me procurer.
Edouard
Le pingouin
Andreï Kourkov
Points, éd. 2000
1ère éd. 1996
274p. , 7€
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