Edition et catch

Huit envois. Sept refus explicites et un implicite. Sur les sept, une réponse négative par mail et six par courrier. Sur les six, cinq refus plus ou moins sympathiques et un refus qui se détache nettement des autres. Que faut-il en penser ?
« Il vous arrivera peut-être de recevoir un courrier négatif accompagné d’une critique, constructive donc précieuse, de votre œuvre. Cet égard, dû au fait que le lecteur professionnel aura détecté un certain nombre de qualités dans votre écriture, doit vous conduire à reprendre votre ouvrage en corrigeant les défauts et scories inséparables de votre inexpérience littéraire. Profitez alors de cette chance pour combler vos lacunes, affiner vos points forts, vous épuiser à lire, vous échiner à écrire. Après plusieurs mois d’efforts, si votre cœur est toujours déterminé, vous pourrez utilement adresser votre nouveau tapuscrit, épuré, au lecteur professionnel qui avait eu la délicatesse de vous aiguiller. L’essentiel étant d’obtenir de sa part de nouvelles critiques. »
Si j’en crois mon guide fétiche, il n’y a pas de doute. Il faut reprendre l’ouvrage. Toutefois, si l’éditeur en question m’a bien fait des remarques positives et négatives, elles ne sont pas particulièrement limpides et je ne suis pas certain de pouvoir bien les interpréter. Mais peut-être qu’en fin de compte, le but de l’éditeur était en premier lieu de m’inviter globalement à retravailler mon texte.
Comment faire ? Tout d’abord, ne pas me précipiter. Il est certain à ce titre que le caractère sibyllin des remarques ne m’aura pas engagé à torcher en deux semaines une nouvelle version.
Seul le temps semble en effet capable de me faire prendre la distance nécessaire. La distance, c’est aussi un travail d’autocritique très fort. Dans cet exercice, l’aide de relecteurs peut aussi s’avérer efficace. Cependant, n’importe qui ne peut pas faire l’affaire. Le relecteur sympa et admiratif n’est pas le bienvenu. À ce niveau, le profil du bon relecteur est le relecteur teigneux, violent, injuste, fourbe, voire torve. Un lecteur impitoyable qui ne laisse rien passer, mais tout de même un lecteur constructif.
Au début de cette chronique, il y a deux ans, fier de la toute première version de mon roman comme un enfant l’est de ses premiers gribouillis, j’avais envoyé mon manuscrit à l’écrivain qui avait présidé un atelier d’écriture auquel j’avais participé quelques mois auparavant. Ca réponse, qui m’avait alors semblée terriblement violente et injuste, m’avait assommé pendant quelques jours. Je reconnais que sans elle, je n’aurai pas eu la volonté de me remettre au travail.
De telles personnalités ne courent cependant pas les rues. Il se trouve que j’ai eu il y a peu des remarques d’une ex-relectrice de scénarios qui va dans le sens de ce que je recherche. Je viens aussi de dénicher deux autres relecteurs qui se vantent d’être particulièrement féroces. À eux de le prouver.
Un seul mot d’ordre pour ces relecteurs « Frappez fort, mais frappez juste !! ».

Edouard

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