Comment un livre aussi mal fait a-t-il put me séduire ? La traductrice oublie des mots
et ne traduit pas toujours ceux en japonais. Les dialogues sont parfois assez
succincts : « Vraiment ? -Vraiment. – Hmm. » Pourtant, c’est un très joli livre
d’amour. Pas l’amour à la Dallas. L’amour avec ses faiblesses, ses hésitations,
ses contretemps, ses pardons.
Il faut dire que Takumi (dit Tak-kun) n’a rien du preux samouraï. Il est
fragile, malingre, faible, la mémoire courte ce qu’il explique ainsi : « Elle
constitue bien la preuve que le mode d’emploi utilisé lors de ma construction
comportait des erreurs. Un segment en particulier. »
Peu importe ! Ce sont tous ces « défauts » qui font le charme de ce livre.
Depuis un an, Tak-kun élève son fils, Yûji, tout seul. Mio est partie pour la
planète Archive, une immense bibliothèque où tous les défunts réfléchissent et
écrivent un livre. C’est ainsi que Tak-kun explique l’absence de sa mère à Yûji,
6 ans. Mio avait promis à son mari de revenir avec les premières pluies. Donc,
en se promenant dans un bois, la pluie se met à tomber et que trouvent Tak-kun
et Yûji auprès d’une ruine ? Une petite Mio, trempée et ayant perdu la mémoire.
Ils la ramènent à la maison et lui expliquent qu’elle a été malade pendant une
semaine. Tak-kun se met à lui raconter comment ils se sont connus et leur vie
jusqu’à cette semaine « d’absence ». Pendant six semaines ils vont reconstruire
leur bonheur avec des petits riens, beaucoup de tendresse et de patience,
transformant les défauts de l’autre en qualité. L’écriture est pleine d’humour,
d’images pas toujours avantageuses, ou originales, ou très belles. Exemple,
l’explication du malaise vagal : « Un interrupteur a basculé avec un « clic », une
ampoule s’est illuminée, puis l’aiguille de ma jauge de niveau s’est affolée. »
Un livre plein de pudeur ou « Vraiment » et « Hmm » revêtent une grande
signification très explicite sur l’état d’esprit de celui qui le dit.
L’auteur dit : « Je reviendrai avec la pluie est un livre autobiographique. Que
dire de mon épouse, qui a pris la décision de partager la vie d’un homme comme
moi, un homme aux si nombreux défauts ? »
Ce que j’ai aimé, aussi, c’est que je me suis reconnue dans tous les malaises et
les impossibilités de Tak-Kun (sauf la cigarette et le café.) Mais il n’y a pas
que cela !
C’est un livre très positif et très doux.
Je vous le recommande très chaudement.
La Martine illuminée.
ICHIKAWA Takuji R
Flammarion, 2012 (2003), 321 p.
Traduction : Mathilde Bouhon.
Rejoignez Azimut sur Facebook en cliquant ici et soyez prévenu de toute nouvelle publication.