Sauve toi, la vie t’appelle

Pourquoi certaines personnes ayant subi des événements traumatogènes se relèvent et d’autres pas ? Boris Cyrulnik est devenu le pape du concept qui tente de répondre à cette question: la résilience.
Je n’avais rien lu de lui, mais le principe de la résilience m’intéresse depuis un certain temps. Aussi, ai-je voulu sauter sur l’occasion avec la publication de ses mémoires : nous allons enfin savoir comment Boris Cyrulnik est devenu Boris Cyrulnik. Le bilan est mitigé.

En 43, le petit Boris, âgé de six ans, s’est échappé de la synagogue de Bordeaux depuis laquelle il aurait dû être déporté.
La première partie du livre est passionnante, le neuropsychiatre décortique ses souvenirs et met en évidence la relativité de ses derniers. À l’époque, il n’avait pas vraiment conscience de ce qu’il faisait et de la raison pour laquelle il le faisait.

J’ai été tout particulièrement intrigué par le souvenir reconstitué de l’aide salutaire d’un officier allemand. Je n’ai pu m’empêcher de faire le lien avec le régime spécial dont a « bénéficié » Simone Veil lors de son arrivée à Auschwitz (décris dans son autobiographie « une vie »).

Et puis, après, le récit s’enlise un peu. Difficile de parler de narcissisme pour une autobiographie, mais bon, il parle beaucoup de lui et uniquement sous l’angle du traumatisme. J’aurais aimé en savoir plus sur les autres aspects de sa vie.

Il n’y a pas de plan chronologique. L’auteur précise que cela ne se justifie pas dans la mesure où la mémoire d’un traumatisme est anhistorique. Peut-être bien, mais on s’emmêle un peu les pinceaux. Il parle beaucoup des difficultés qu’il a eues à parler de tout ça et on sent qu’il avait besoin de le faire. Oui, mais nous on n’est pas psychanalystes, on veut un fil conducteur.

Ce qui m’aurait intéressé, c’est qu’il compare sa résilience avec celle des autres formes de traumatismes subis par d’autres individus. Il ne parle que des enfants juifs cachés pendant la guerre et encore ne parle-t-il que d’une toute petite minorité : Lui, Georges Perec et Roland Topor. S’il avait voulu se limiter aux célébrités, il aurait dû aussi parler de Marcel Gotlib et sans doute d’autres.

Le livre dérive ensuite sur la difficulté de la reconnaissance de la Shoah par la société française avant les années 80. Peut-être bien, mes souvenirs sont plus qu’ imprécis avant 80 et
je pense avoir été suffisamment informé dès mon plus jeune âge.

Bref, le livre ne m’a pas vraiment donné ce que j’attendais. D’ailleurs, à la dernière page, Cyrulnik semble s’excuser et expliquer que ce livre n’est pas celui qu’il aurait voulu écrire.

Edouard

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