Il y a peu, je suis tombé en arrêt devant une photo de cet auteur allemand totalement inconnu de moi. Un visage rayonnant une rare intelligence, et des yeux exprimant une triste et insondable interrogation. Il y a des façons plus classiques d’aborder un auteur, j’en conviens. S’il fallait se baser sur les seuls portraits d’ Alexandre Dumas père ou de Jim Harrison, il est fort probable que ces messieurs ne connaîtraient aucun succès.
Winfried Georg Maximilian Sebald (1944-2001) détestait ses prénoms, qu’il qualifiait de nazis.
Fils d’un sous-officier de la Wehrmacht qui participa en 1939 à l’envahissement de la Pologne, ce Bavarois a passé sa vie à conjurer les démons de son passé allemand. Mais avec quel talent…
Professeur de littérature, il a terminé sa vie à Norfolk, en Angleterre.
Le titre original de ce livre « Schwindel, Gefühle » (Vertiges, Sentiments , mais aussi Sentiments trompeurs) indique mieux la tonalité de cet essai passionnant .
Sur les traces de Henri Beyle (Stendhal), le lecteur passe les Alpes avec l’armée de Napoléon en 1800 pour affronter les ennemis de l’empire à Marengo. Près de 200 ans plus tard, l’écrivain retrouve l’Italie à Vérone, à Venise, puis au Lac de Garde où il rencontre le Dr K(afka) qui y prend les eaux.
Le pélerinage se termine à W. en Bavière, où il retrouve une parcelle de son enfance.
Un texte d’une extraordinaire érudition et d’une clarté de cristal.
L’écrivain fait étalage d’une empathie telle que l’on se demande s’il ne souffrait pas de dédoublement de la personnalité.
Amitiés mélancoliques,
Guy
W.G. Sebald – Babel – 233 p.
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