
Madame Verdurin et madame Bontemps sont devenues les reines du Paris de la Première Guerre mondiale et les côtés de Swann et de Guermantes finissent par se confondre. Pendant ce temps, le narrateur, rongé par la maladie, prend conscience de sa vocation d’écrivain.
Bouquet final grandiose pour « la recherche du temps perdu ». Robert de Saint-Loup meurt à la guerre tandis que le plus que douteux Morel en sort glorifié. Charlus fréquente un lieu de perdition construit par Jupien, grossier simulacre d’un enfer qui ne parvient pas vraiment à satisfaire les fantasmes du baron. Toujours soucieuse de lui maintenir la tête sous l’eau, madame Verdurin fait courir le bruit que Charlus est un espion à la solde de l’ennemi. La reine du Paris de la Grande Guerre finit ensuite par épouser le prince de Guermantes, devenant la belle sœur de l’ex flamboyante Oriane qu’elle fait elle aussi descendre du piédestal sur lequel elle s’était hissée.
L’irrésistible soif d’ascension sociale de madame Verdurin la conduit cependant au sommet d’une société qui n’existe plus. La jeune génération étant toute disposée à accepter un passé trafiqué pour peu que le récit soit attrayant, se désintéressera d’une vérité portée par un vieillard confus et radoteur. Deux personnages pour illustrer la disparition de ce Monde : mademoiselle de Saint-Loup, petite fille de Swann par sa mère et Guermantes par son père ; l’image du prince de Guermantes âgé de 83 ans, vacillant sur ses jambes à la dernière page du volume.
On me l’avait dit, mais j’en suis maintenant convaincu, « La recherche » n’a pas à être nécessairement lue dans l’ordre ; « le temps retrouvé », où le narrateur prend conscience qu’il va écrire « la recherche » pourrait tout aussi bien en constituer le commencement.
Après avoir pris conscience de ses capacités psychologiques hors norme…
[…] ce que racontaient les gens m’échappait, car ce qui m’intéressait, c’était non ce qu’ils voulaient dire, mais la manière dont ils le disaient […] parce qu’il me donnait un plaisir spécifique, le point qui était commun à un être et à un autre.
…le narrateur comprend que seule la création artistique permet de reconstruire le passé,
Par l’art seulement nous pouvons sortir de nous, savoir ce que voit un autre de cet univers qui n’est pas le même que le nôtre […]
…et retrouve le temps alors que la mort le guette.
Je savais très bien que mon cerveau était un riche bassin minier, où il y avait une étendue immense et fort diverse de gisement précieux. Mais aurais-je le temps de les exploiter ?
Edouard
Le temps retrouvé
Marcel Proust
Bouquins
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