
« Sur toute la terre, on parlait la même langue, on se servait des mêmes mots ».
Il est saisissant de se rendre compte que le passage biblique concernant la tour de Babel semble renvoyer à la mondialisation. On y voit un Dieu méchant, avant tout soucieux de préserver son ascendant sur les hommes qui pourraient l’égaler en travaillant ensemble. Il sauve la face en semant la discorde entre les hommes qui ne se comprendront plus et ne pourront plus construire une tour allant jusqu’au ciel.
La langue commune aujourd’hui, c’est l’anglais et bien plus encore, le langage des GAFA.
Nous nous trouvions donc dans un monde « pré babélien » fin 2019. Doit-on en conclure que le coronavirus punit les ambitions démesurées des hommes ? Je ne pense pas, mais il est troublant de voir que cette maladie a ravagé les pays riches et semble avoir épargné les pays pauvres. Il est troublant aussi de constater que les deux pays les plus engagés dans l’ultralibéralisme que sont les « États-Unis » et le « Royaume-Uni » sont aussi les plus touchés.
De là à penser que le coronavirus a une conscience sociale, il n’y a qu’un pas que beaucoup n’hésitent pas à franchir. Didier Raoult, sous une apparence scientifique contestable, fait lui aussi transpirer le fantasme d’une maladie « Robin des bois ». La chloroquine serait ainsi le médicament des pauvres luttant contre l’industrie pharmaceutique mondialisée…les gilets jaunes ne sont pas loin.
Non, les noirs peuvent eux aussi attraper le coronavirus, contrairement à ce qu’avance un certain racisme aux États-Unis. Non, les Africains ne sont pas préservés du coronavirus parce qu’ils prennent de la chloroquine contre le paludisme.
Pour moi, l’explication est simple. Plus le pays est engagé dans le processus de mondialisation, plus il est infecté. Le business Man de Starmania rêvait d’être un artiste. Aujourd’hui, on ne sait plus très bien à quoi il rêve, ni d’ailleurs s’il arrive encore à dormir, mais par contre, c’est lui qui va transporter le coronavirus à travers le monde. Bien entendu, je ne stigmatise les hommes d’affaires que dans la mesure où ils symbolisent les voyageurs du XXIe siècle. Oui, voyager peut-être dangereux, pour soi et pour les autres. L’industrie du tourisme sera sans doute la grande perdante de cette pandémie…les autres suivront dans la mesure où tout est lié.
Le coronavirus nous rappelle que la mondialisation est mortifère. Beaucoup en étaient convaincus, d’autres s’efforçaient de se voiler la face. Aujourd’hui, nous en avons la preuve en image. Oui, la garantie du bonheur pour tous par la consommation, prônée dès les années 60 était une utopie. Nous n’en finissons pas d’en prendre conscience.
Et si la société de consommation avait atteint ses limites, tout comme la tour de Babel qui n’aurait pas dû dépasser une certaine hauteur ? Peut-être avons-nous atteint un plafond qu’il ne faudra pas dépasser, au risque de s’attirer les foudres de la nature. Peut-être allons-nous enfin réussir à appréhender l’économie autrement que dans une logique de croissance. Le temps du développement durable est peut-être enfin arrivé.
Édouard