« Un tueur en série terrorise la campagne picto-charentaise ». Merci Télérama, je n’aurais pas su aussi bien situer le petit village. Toutefois, il manque à ce bout de phrase un élément essentiel sans lequel on ne peut pas vraiment tout comprendre. Il est vrai qu’il n’est pas facile à débusquer le 1975 (d’autant plus qu’en ce moment tout s’inscrit de droite à gauche sur ma télé, sans doute un coup d’Al Qaïda).
Pas de pattes d’éléphant, pas de papier peint avec des fleurs marrons sur fond orange, pas de musique disco, pas de coupes de cheveux à la Bernard Thibault, pas de pull moulant rouge à col roulé qui gratte porté par un intello barbu à grosses lunettes et qui fume la pipe. Bref, aucun indicateur qui nous permette de dire : là on est bien dans les années 70. Pour couronner le tout, le film date de 2010. Les habitants semblent un peu vieillots, mais bon, à peine différents des gens d’aujourd’hui.
On tâtonne : pas de téléphone portable, pas d’ordinateur, pas de tests ADN. Il y a aussi les voitures qui ne sont pas de la première fraîcheur, une allusion à la guillotine… et enfin, on trouve la date au coin d’une affiche vers les deux tiers du film.
1975 ? Le titre ne renverrait-il pas à la célèbre phrase de Roger Gicquel « La France a peur » prononcée un an plus tard.
« Sa cible, les jeunes femmes brunes ». Là, c’est imparable. On sent que le critique a compris l’intrigue.
« Coup de bol, l’inspectrice Anne Ketal (Sophie Quinton) est blonde ». Bon, je ne dis rien sur la tournure de la phrase, je ne veux pas éreinter ce critique qui est peut être un jeune en CDD. J’ai bien aimé Sophie Quinton qui fait penser à Miou-Miou, époque « valseuses ». Un autre indice qui aurait dû me mettre la puce à l’oreille.
« L’on suit donc son enquête dans ce thriller à la française non dénué d’humour». Pour moi, ce film est une parodie des séries B françaises militantes de gauche des années 70. Il aurait à mon sens fallu plus de grosses ficelles pour qu’on le comprenne plus rapidement. On s’attend pas à voir ce genre de film un vendredi soir sur France 2. Je l’imagine plutôt dans un « Thema » d’Arte sur les 70’s.
« Un souci tout de même : sa peinture des mœurs provinciales. Pas vraiment du Flaubert ». Oui alors là, c’est complètement à côté de la plaque.
C’est plus une satire de la France de l’époque qu’une satire provinciale. Évidemment, tout est archicaricatural, mais la société ne s’est pas transformée en mai 68, d’un simple coup de baguette magique. Ce film est à mon sens bien plus proche des années 70 que la représentation que nous nous en faisons aujourd’hui. Sommes-nous prêts à voir cette réalité ? Visiblement pas Télérama en tout cas. Le film est certes plein d’imperfections, mais mérite plus qu’un « on n’aime pas » dédaigneux.
Edouard
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Très intéressant! Merci pour cet excellent post.
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