Ismaël rêve d’avoir un écran plasma dans sa chambre, mais sa femme ne veut pas en entendre parler. Il se demande si le devoir d’obéissance des femmes à leur mari prévu par le Coran ne serait pas un moyen de faire basculer la situation en sa faveur. Il en parle à son ami Rachid.
En 9 tableaux, le réalisateur Ismaël Saidi et l’islamologue Rachid Benzine passent en revue la pratique de la religion musulmane à la lueur du coran. Les tableaux ne brillent pas par leur finesse ni par leur originalité, mais ce n’est bien entendu pas le but poursuivi par les auteurs. L’ouvrage est un bijou didactique. Pour ma part, j’ai appris beaucoup de choses même si j’en connaissais quelques-unes (la dichotomie entre la partie mecquoise et la partie médinoise, l’importance d’un certain nombre de personnages bibliques…) et je me suis aussi rendu compte que certaines de mes certitudes étaient erronées (comme le sens du Djihad).
L’approche de Rachid Saidi est essentiellement exégétique, c’est-à-dire qu’il recherche l’essence du Coran en tentant de remettre les paroles du prophète dans le contexte de l’Arabie du 7e siècle où est apparu le livre saint.
Je ne sais pas si cette approche exégétique est très répandue dans le monde musulman, mais elle fait beaucoup penser à la démarche des pères du protestantisme en leur temps qui dénonçaient les dérives de l’Église catholique et souhaitaient revenir à la lettre des évangiles.
Je ne connaissais rien du 7e siècle en Arabie et j’ai découvert avec grand plaisir cet univers tribal fascinant et l’itinéraire de Mahomet au sujet duquel le Coran ne dit pas grand-chose en dehors de sa qualité d’orphelin et de son itinéraire mecquoise et médinoise. À titre de comparaison, le territoire de la France actuelle était alors christianisé depuis un peu plus d’un siècle (baptême de Clovis en 498) et le royaume mérovingien qui s’était disloqué après la mort de Clovis venait d’être réunifié par Clotaire qu’en 613.
L’itinéraire de Mahomet est fascinant, il a tout du self-made-man. Son histoire tient beaucoup du rêve américain et ferait un tabac à Hollywood.
La thèse soutenue par les auteurs est qu’il est tout à fait possible que les musulmans d’aujourd’hui vivent leur religion tout en demeurant en bonne intelligence avec ceux au milieu desquels ils demeurent et qui sont attachés à d’autres croyances. Tout est donc affaire d’interprétation et l’interprétation à donner aux sourates n’est pas forcément évidente si on n’a aucune idée du contexte dans lequel elles ont été écrites. Un musulman cultivé saura faire la part des choses, mais un musulman illettré pourra facilement se faire endoctriner par un imam radical, surtout s’il n’a aucun autre moyen d’accéder à la culture.
Édouard
Rachid Benzine & Ismaël Saidi
La boîte à Pandore
2017