DAESH est en nous

Comme notre société de consommation, DAESH se nourrit de nos frustrations. Il donne un sens à la vie de tous les détraqués de la planète, tous ceux qui n’ont plus de repères, qui n’ont plus rien à perdre. Comme notre société de consommation, DAESH se nourrit du spectaculaire, des clichés faciles et présente la vie comme un jeu vidéo. Certains chassent les Pokémons, d’autres chassent les infidèles. Le concept est juste un peu différent et ceux qui jouent à DAESH sont juste un peu plus fêlés que les premiers.

La machine est lancée et on ne sait plus comment l’arrêter. Je doute que DAESH en soit capable. Il continuera à revendiquer les attentats et finira par ne plus connaître ses « amis DAESH », ne pourra plus les contrôler, fera semblant et se contentera de les « liker ».

A-t-on déjà perdu le pilote de l’avion DAESH? Peut-être. On l’a d’abord cru avec le chauffeur de Nice puis il s’est avéré que l’ « islamisation rapide » était moins évidente. A ce titre, les médias se sont bien gardés d’insister sur leurs contradictions. Ceci dit, l’attentat était prémédité, mais y a-t-il un lien avec DAESH ? Et l’égorgement du prêtre de Saint Étienne de Rouvray, qu’a fait DAESH ? Ce qui me semble clair, c’est que ces jeunes paumés cherchent un label DAESH qui leur donnera quelques minutes de « gloire » posthume.

Je ne vois pas quel pourrait être l’intérêt de DAESH à commanditer l’égorgement d’un prêtre dans une petite ville de province. Ce qui est clair, c’est qu’à chaque étape dans l’horreur, il se coupe de plus en plus de la communauté musulmane qui, je l’espère, va enfin se soulever pour écraser ce cancer qui la ronge. Aurait-il pu dire « Ah non, celui-là, c’est pas moi » ? Pouvait-il se taire ? Je ne pense pas. Avec un meurtre d’une telle puissance symbolique, DAESH était obligé de revendiquer sous peine de reconnaître implicitement qu’il ne maîtrisait plus rien.

Je veux m’opposer à tous ceux et toutes celles qui vomissent sur « les gouvernements successifs ». C’est bien français de tout faire porter par le gouvernement quand les choses ne vont pas, ça permet de ne pas se remettre en question, de ne pas se demander si nous n’avons pas notre part de responsabilité. Les gouvernements successifs, qui ont su très bien aussi nous faire croire qu’ils maîtrisaient une machine emballée, ont bien entendu eux aussi leur part de responsabilité, mais ne leur mettons pas tout sur le dos.

Ce n’est pas uniquement aux dirigeants de combattre DAESH, mais à nous tous, musulmans, chrétiens, juifs, bouddhistes, agnostiques, athées ; quelles que soient nos professions, nos convictions et nos origines.

Quand le label DAESH ne sera plus, quand tous les désorientés de la Terre s’apercevront que leurs crimes ne garantira plus la « Une » au JT du 20h, quand DAESH ne rendra plus « populaire », sans doute arrêteront-ils.

Edouard

9 réflexions sur “DAESH est en nous

  1. Nadia 26 juillet 2016 / 21 h 20 min

    Bonjour Edouard,
    La lecture de votre post me conforte dans l’idée que nous sommes nombreux à penser comme vous. L’interview de Richard Rechtman (que je ne connaissais pas avant aujourd’hui), parue dans le dernier Telerama, va dans le même sens. Je vous en conseille la lecture.
    Je m’interroge. Que faut-il faire ? Qui faut-il convaincre ?
    Pensivement,
    Nadia

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    • Doud 26 juillet 2016 / 22 h 20 min

      Bonjour Nadia et merci pour ton commentaire. Je n’ai pas lu l’article de Télérama dont tu parles mais je vais regarder. Sur FB, il y avait un lien vers un article d’un intellectuel musulman qui suggérait de ne pas diffuser les noms des terroristes. Ca va tout à fait dans ce sens. Tout le monde ne peut bien entendu agir de la même façon et avec la même intensité mais se convaincre et convaincre que tout ça n’est qu’une mascarade macabre et grotesque qui n’a rien à voir avec la religion, ce serait déjà beaucoup.

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  2. Christian de Lary 26 juillet 2016 / 21 h 32 min

    Remarquable analyse; tout est dit de façon limpide.

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  3. Martine BERRY SEVENNES 26 juillet 2016 / 22 h 24 min

    Merci beaucoup pour cette analyse

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    • Doud 27 juillet 2016 / 21 h 47 min

      Merci pour cet article. En tout cas, le débat est lancé. Les médias prennent conscience de leurs responsabilités, c’est énorme.

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  4. Berto 28 juillet 2016 / 21 h 41 min

    Pour ma part, je ne regarde pas les média visuels, et je me concentre sur la diffusion audio et papier; et chaque fois qu’un événement tragique intervient, je suis exempt d’images; pourtant je compte inconsciemment le nombre de jours où je serai contraint de voir le visage du plus récent terroriste car immanquablement il apparaitra dans les journaux et les hebdomadaires; et certains journaux nous présentent en double page les photos des terroristes comme on marquerait les positions d’une équipe de football sauf que les légendes sont , mort, en prison, recherché, Fiché S, etc…
    Nous demandons le droit à la Non image de ces héros négatifs; le terrorisme ne doit pas devenir le feuilleton de l’été, passionnément négatif, mais tellement corrosif, car le pire ce serait de s’habituer subrepticement au pire

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  5. Joëlle Pétillot 30 juillet 2016 / 3 h 18 min

    Je suis cette analyse en tout point. Je me permets juste de rebondir sur ceci : « Je ne vois pas quel pourrait être l’intérêt de DAESH à commanditer l’égorgement d’un prêtre dans une petite ville de province. »
    DAESH à l’heure actuelle sur le plan strictement géographique perd du territoire et d’une certaine façon de l’influence. Revendiquer après-coup des actes isolés qu’ils n’ont en rien prémédités les rend omniprésent en « personnalisant » à outrance leur dangerosité: hydre hyper organisée et communicante, ils n’ont même plus à commanditer. Les voici référents sans avoir à fournir quoique ce soit, car enfin, un camion, un couteau, c’est accessible, direct, et se trouve en dehors de tout trafic… L’intérêt de DAESH dans ce cas précis, est de dire au monde « nous créons la peur, votre peur, par les moyens les plus simples et pas seulement des opérations exigeant de la logistique et des moyens. » Rien de plus déstabilisant que cette immédiateté de l’horreur. Quel gouvernement peut mettre un policier derrière chaque citoyen ? Aucun, et les politiques si indignes et pathétiques soient-ils quand ils instrumentalisent des morts dont les cadavres sont encore tièdes, sont dans l’incapacité totale à trouver une parade qui rassure. Par contre, il est une chose qui désormais va coller aux basques de tous les citoyens: en langage courant, on appelle ça la suspicion. Le moindre homme un peu barbu et mat, avec une valise lourde, aura du souci à se faire. Et comme la peur malsaine va chercher son antidote auprès de l’extrême droite, nous allons vers des jours difficiles de ce point de vue là aussi…

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