Un vol de bijoux et un assassinat sont commis le même Jour à Rome dans un immeuble de la rue des Merles. Le commissaire Ingravallo enquête.
J’avais acheté ce livre au début des années 90 parce qu’un des personnages de la saga Malaussène de Daniel Pennac en parlait tout le temps. Après plusieurs tentatives, j’avais jeté l’éponge, tant le style me semblait impropre à la consommation. C’est rare que je ne termine pas un livre, je déteste ça. Généralement, les livres non terminés me hantent, mais celui-là, j’avais fini par l’oublier…jusqu’à ce qu’on m’en parle il y a un mois. C’est alors que je me suis rendu compte avec stupeur que « l’affreux Pastis de la rue des Merles » était toujours dans ma bibliothèque, qu’il m’avait suivi ni vu ni connu dans tous mes déplacements depuis 25 ans. J’ai décidé d’en finir une bonne fois pour toutes.
Le goût indigeste des 20 premières pages de l’époque m’est revenu tel quel, mais, ayant élargi ma gamme de lecture depuis les années 90, j’ai décidé de poursuivre. Dans la catégorie des romans policiers incompréhensibles, mais pas si mal en définitive. J’ai lu il y a quelque temps « Vice caché » de Thomas Pynchon qui m’a fait comprendre qu’on pouvait trouver autre chose dans un polar qu’un classique « who done it ? ». Cependant, nous ne sommes plus ici dans les communautés hippies du Los Angeles de 1969, mais 40 ans plus tôt à Rome, ce qui fait que 95% des références m’ont échappées (je n’ai retenu que celles relatives à Mussolini et aux fascistes). L’orthographe est très approximative, en particulier dans les dialogues, ce qui nuit beaucoup à la compréhension globale de l’intrigue. Cela est sans doute plus sympa à entendre. Les Italiens, ou ceux qui connaissent mieux l’Italie que moi trouveront certainement une saveur particulière dans cette diversité d’accents, mais moi, j’avais l’impression d’être perdu au beau milieu d’un élevage de volailles, essayant péniblement de trouver un sens à tout ça. À partir de la page 200, j’ai pris la décision de laisser tomber toute tentative de compréhension et de me laisser porter par les mots. Chez Celine, c’est une musique. Chez Pynchon, c’est une odeur. Chez Gadda, c’est un goût, celui d’une espèce de potée paysanne peu digeste, mais qui tient au corps, avec quelques rares bons morceaux particulièrement réalistes qui donnent un peu de couleur à l’ensemble.
J’ai tout de même compris qu’on retrouvait les bijoux cachés dans un panier rempli de noix, que plusieurs chapitres se passaient dans la campagne romaine et qu’au bout des 317 pages, on ne savait toujours pas qui était l’assassin. Ou alors, je n’ai pas compris, ce qui est fort probable. Avis à la population : moi, Édouard, actuellement à Paris, j’invite tous ceux et toutes celles qui ont lu l’affreux Pastis de la rue des Merles et qui ont compris quelque chose, à prendre contact avec moi. Je veux bien qu’on m’explique un peu ce qu’il y avait dans la potée.
Carlo Emilo Gadda
1957. Point ed.1983
Zdouard
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