La familia grande

Camille Kouchner, fille de Bernard Kouchner et nièce de Marie-France Pisier, évoque sa culpabilité d’avoir gardé le secret familial concernant l’inceste dont son frère jumeau à été victime et d’avoir par là même protégé son beau-père, Olivier Duhamel.

Je n’aurais probablement jamais lu ce livre si on ne me l’avait mis entre les mains. Je ne regrette pas du tout la lecture, d’autant plus que l’ouvrage ne comporte que 140 pages et que l’écriture est fluide et agréable.

En fait, le buzz médiatique autour du bouquin m’a un peu énervé et je m’attendais à une de ces sempiternelles dénonciations familiales d’enfant de people comme l’a fait Alexandre Jardin il y a quelques années. Quant aux abus sexuels, on en a quand même beaucoup mangé depuis Me Too et Balance ton porc. Y a-t-il vraiment encore quelque chose à dire là-dessus ? Eh bien oui, peut-être qu’on atteint les limites de l’exercice avec la « familia grande ».

La première partie est très people et semble surgie d’un vieux Gala qu’on aurait oublié dans une maison de vacances au bord de la mer. Bernard Kouchner, Christine Ockrent…comme ça semble loin. Et que dire de Marie France Pisier ? En tant que fan de François Truffaut, j’ai tout de suite pensé à la jeune actrice de l’« amour à 20 ans » : 1962, la nuit des temps. C’est un peu du easy reading, mais ça se lit vite et bien. Tout semble harmonieux et la structure familiale semble incassable, même si elle est entachée par le double suicide des grands-parents.

Ensuite vient l’inceste. Victor, le frère jumeau de Camille fera le choix de l’oubli. Peut-être est-ce la meilleure solution. Camille sait. Est-ce la seule ? Elle le pense en tout cas. Elle se tait pour préserver la structure familiale, cette harmonie qu’elle veut immuable. Mais le temps passe et la structure s’use fatalement. En 2011, Marie France Pisier est retrouvée morte, coincée dans une chaise au fond de sa piscine. Comme pour ses grands-parents, Camille ne semble pas chercher les causes profondes du suicide et fait partager sa douleur. Les murs tremblent.

Et puis, les petits-enfants apparaissent et en même temps, les craintes de Camille qu’ils ne suivent le même sort que son frère. La panique l’emporte alors sur le besoin de préserver la « familia grande » qui n’est d’ailleurs plus que l’ombre d’elle-même. Camille évite son beau-père et sa mère par la même occasion. Elle prévient aussi sa belle-sœur, la femme de Victor, et tout finit par se savoir.

La réaction de sa mère est étrange. Elle semble plus en vouloir à sa fille qu’à son époux. Rattrapée elle aussi par le temps, elle meurt d’un cancer en 2017. Alors, la « familia grande » n’existe plus et il n’est plus nécessaire de préserver le secret pour protéger ses fondations. Et donc, Camille se lâche. Les faits sont prescrits juridiquement, mais d’un point de vue médiatique, ils restent imprescriptibles, le lynchage d’Olivier Duhamel peut commencer. Je ne vois pas trop à quoi va servir cette dénonciation sinon à libérer Camille du poids de son secret. J’espère que ce n’est pas juste pour se faire de l’argent facile et/ou pour détruire Olivier Duhamel. Mais elle écrit bien et j’espère qu’elle écrira d’autres romans…pour parler d’autre chose.

Édouard

Aux urnes!

Je vote toujours, mais s’agissant des municipales, je reconnais que c’est un peu par automatisme. Le maire était déjà là quand je suis arrivé dans mon arrondissement il y a 15 ans et visiblement, il n’y a pas raison que ça change. Je n’ai jamais très bien compris quelle était sa couleur politique et ça ne m’intéresse pas vraiment. Sinon, tout le monde sait qu’Hidalgo va être réélue alors… Mais cette année, j’y suis surtout allé par curiosité, pour la controverse.

Je ne sais pas si c’était une bonne idée de les maintenir, mais c’est un fait, elles ont été maintenues.

C’est donc décidé et quelque peu naïf que je suis rentré dans le bureau de vote de l’école maternelle.

– Pas plus de 6 électeurs en même temps dans le bureau de vote. Veuillez faire la queue.

– Ah, d’accord.

La queue, c’est les deux tiers de la cour de récréation. Les enfants jouent au milieu, il fait beau, les gens attendent patiemment leur tour en tripotant leurs portables. Franchement, c’est sympa de prendre l’air.

C’est un symbole fort de démocratie cette queue, celle qui tient contre vents et marées. Edouard Philippe a annoncé hier soir la fermeture de tous les lieux « non indispensables ». Bon, il fait un temps à déjeuner à la terrasse d’une brasserie, mais ce n’est effectivement peut-être pas indispensable.

En revanche, c’est fort de dire qu’un bureau de vote est un « lieu indispensable ». Aller voter aujourd’hui, c’est lutter contre la psychose ambiante. Voter, c’est faire confiance aux pouvoirs publics, ne pas jouer le jeu des crétins qui dévalisent en PQ et en pâtes les supermarchés.

Quand j’entre enfin dans le bureau de vote 20 minutes plus tard, je réalise que j’ai certainement moins de chances d’attraper le coronavirus dans ce lieu quasi désert qu’en allant acheter du pain à la boulangerie. Et quand bien même on l’attraperait, si on a moins de 60 ans et pas de problèmes pulmonaires, on est moins concerné. Je connais d’ailleurs des personnes de plus de 80 ans qui y sont allé (je ne donnerai pas de noms) et je salue leur civisme.

Autre symbole démocratique touchant, l’équipe qui tient le bureau. Pandémie oblige, ils sont dotés de gants en latex, mais semblent apaisés et déterminés dans leur posture démocratique. C’est eux la base démocratique, il ne faudrait pas qu’elle vacille.

Bref, n’allez pas voter aujourd’hui pour élire un maire ou pour soutenir un parti politique, mais pour rester solidaire, pour dire que pas plus que le fascisme, le coronavirus n’aura la peau de la démocratie. Allez-y si vous pensez que la responsabilité collective doit l’emporter sur la psychose et sur le repli sur soi visant à se bunkériser avec des pâtes et du PQ.

Et dépêchez-vous, vous n’avez plus que quelques heures !

Édouard

Mon voisin le théâtre

Il y a un an et demi, en passant devant le 14 rue Desaix (Paris 15), mon regard a été attiré par une porte qui semblait condamnée sur laquelle était collée une affiche faisant de la pub pour le théâtre « comédie tour Eiffel ».

J’ai mis un certain de temps avant de comprendre qu’il pouvait y avoir un lien entre l’affiche et la porte. « Un théâtre ? Ici ? Ça se saurait. Et puis, l’immeuble semble bien trop petit pour abriter une scène et des gradins, sans parler des coulisses ».

J’avais bien vu de temps en temps un attroupement devant la porte, mais, en les observant, je pensais plus à des joueurs de tarot ou à des philatélistes qu’à des spectateurs.

Cet après-midi, j’ai regardé plus attentivement l’affiche. Il y avait une adresse internet : http://www.comedietoureiffel.com/. En rentrant chez moi, j’ai voulu en avoir le cœur net.
Il y avait bien un théâtre 14 rue Desaix et on y jouait une pièce à 20h30 au titre prometteur « 5 minutes de plaisir, 30 ans d’emmerdes ».

Je réserve en ligne et me pointe à 20h20. Il y a du monde et je prends ma place dans la queue.

Comme les autres, j’entre par la scène et manque de buter sur l’un des jouets qui jonchent le sol. Les spectateurs se serrent sur les gradins. Le maître des lieux apporte un tabouret à ceux qui, comme moi, dépassent du rang. Il apporte aussi une sucette en lot de consolation. L’ambiance est bon enfant.

Une fois assis sur mon tabouret et ma sucette entre les dents, je regarde la scène et constate que les coulisses…c’est la rue Desaix. Les acteurs l’utilisent effectivement comme un prolongement de la scène.

Deux acteurs en l’occurrence, Laure Majnoni et Gilles Hoyer qui jouent un couple (Laure et Gilles) libéré de leurs affreux bambins le temps d’un week-end.

Le scénario est un peu simple, mais les répliques font souvent mouche, l’énergie et la bonne humeur des deux comparses est communicative et l’utilisation de l’espace est astucieuse Bref, l’assemblée est séduite. J’ai passé un très bon moment et je reviendrai, c’est certain.

Edouard

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wasabi et sirop d’érable

Le 9 mars 2011, s’est ouvert 42 rue Linois un restaurant au nom très peu français : « japanDaily ».
Encore un japonais comme il y en a tant dans Paris !? Avec sa sempiternelle soupe miso, sa petite salade et ses menus aux noms romantiques de « menus A, B, C, D, E, F, G… » !!? Pour en avoir le cœur net, je suis entré. J’ai d’abord été frappé par le cadre. Deux rangées de tables tête bêche séparée par un muret dans lequel sont encastrées de petites télés. C’est un self. Ici, pas de soupe miso ni de « menu à lettre », mais des barquettes préremplies dénommées « Bento » et un grand assortiment de sushis et de makis. J’opte pour le « menu bento » avec une barquette, une boisson, un dessert.
Je prends ma barquette et je passe devant les desserts… des brownies, des muffins et autres pâtisseries nord-américaines. Je m’arrête une seconde et me retourne : où suis-je tombé ? En arrivant à la caisse, une voix féminine avec un léger accent québécois me demande 8€. Elle est souriante, sans façon et vient effectivement de Québec. Où suis-je ?
Le site de « japandaily » explique le concept qui est de recréer un environnement typiquement tokyoïte. N’étant jamais allé au Japon, j’ai du mal à apprécier. Cependant, il est certain qu’il y a une ambiance que l’on trouve difficilement en France, une ambiance que, faute de mieux, je rattache à l’Amérique du Nord. Une autre conception de la nourriture et du repas. Après tout, dans la « planète-village » dans laquelle nous vivons aujourd’hui, je ne serais pas étonné que le Tokyoïte moyen se gave plus souvent de muffins que de soupe-miso.
Pour terminer, je prends mon café à une machine « Nespresso ». En regardant couler le liquide, je dresse l’oreille en espérant entendre un « What else ? ». Y faut pas pousser.
En sortant, je me retrouve bien dans le quinzième. Pour 8€, je me suis senti l’espace d’une demi-heure, passager d’un long courrier entre New York et Singapour, comme le businessman de starmania, Je n’ai pas été déçu du voyage. Ce n’était pas très très raffiné, mais tellement dépaysant !!

Edouard

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Minuit à Paris

Un jeune couple d’Américains passe ses vacances à Paris. Lui tente de terminer son premier roman et espère que l’air de la ville lui apportera l’inspiration qui lui fait cruellement défaut. Elle, accompagnée de ses parents, ne pense qu’aux préparatifs de leur mariage. Elle se plonge dans les guides touristiques. Lui se plonge dans le Paris des arts et des lettres des années 20.

Difficile de classer « minuit à Paris » dans la filmographie de Woody Allen. Les codes habituels du cinéaste y sont à peine esquissés et s’effacent derrière l’acteur principal du film : Paris. Woody ne semble plus se soucier de vraisemblance et de cohérence. Tout n’est que rêve, les individus se croisent comme par magie et leur rôle exact dans l’intrigue est imprécis. Le personnage joué par Carla Bruni est à cet effet caractéristique. Guide ? Traductrice ? C’est un « passeur », un « pont » qui permet de faire le lien entre les deux rives de l’atlantique, entre deux univers culturels.

Pour classer « minuit à Paris », il faut peut être rechercher du côté d’Owen Wilson qui campe le rôle du fiancé écrivain. Ce personnage un peu fade ne serait-il pas à rapprocher de celui incarné par « Mia Farrow » dans « la rose pourpre du Caire » ? Dès lors, « minuit à Paris » ne serait-il pas une sorte de « rose pourpre du Caire » inversée ? Le rapprochement est séduisant. Alors que dans le film tourné en 85, l’acteur sortait de l’écran pour se confronter à la vraie vie, le spectateur quitte aujourd’hui le monde réel pour s’engouffrer dans un imaginaire fantasmé.

Mais peut-être est-il vain de vouloir classer « minuit à Paris » dans la filmographie de l’auteur. Peut être faut il se laisser emporter par la vision onirique de Woody Allen qui nous présente un Paris pas vraiment réel, un Paris de carte postale, le Paris qu’il aime et qu’il veut nous faire aimer.

Bref, un film évanescent, plein de charme et difficile à décrypter.

Edouard

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Mon teinturier bien aimé

On pouvait trouver il y a encore quelques semaines, 33 avenue de Suffren, au pied de la tour Eiffel, un établissement un brin surréaliste et « so 7th », comme diraient les amoureux de Paris d’outre-Manche et d’outre-Atlantique : une teinturerie littéraire portant le nom délicat d’ « au sens propre ». Le maître des lieux, Benoît Desaulles, avait un style qui se fondait à merveille dans le quartier : sympathique, bien élevé, souriant, propre sur lui (ce qui est la moindre des choses dans sa profession). À y regarder de plus près, on percevait un certain mystère derrière ce quinquagénaire, ancien informaticien reconverti sur le tard dans la teinturerie.

Cet hiver, il a disparu quatre semaines. Des pancartes posées à l’entrée d’ « au sens propre » indiquaient que l’établissement était fermé par décision de justice. Et puis, un beau jour, Benoît Desaulles a refait surface, les traits du visage creusés, la tenue un peu négligée, mais victorieux. « J’ai gagné ! Me revoilà reparti pour sept ans. » m’a-t-il simplement dit.

Peu après son retour, des travaux ont commencé dans la boutique et par petite touche, « au sens propre » s’est transformé en teinturerie écologique. La semaine dernière, il ne restait plus rien de « littéraire » dans l’établissement qui était devenu un maillon d’une chaîne de laveries « nature et découvertes ». Le commandant de bord avait perdu son âme, mais était toujours là : il faut bien vivre. Le combat de l’ours blanc contre l’encrier n’est pas équitable.

Et puis, hier, j’ai su qu’il avait à nouveau disparu en début de semaine. Réussira-t-il à nouveau à s’en sortir ? Et si oui, à quel prix ?

Qui que vous soyez, Benoît, vous pouvez compter sur mon soutien. Tout d’abord parce que la « teinturerie littéraire » était une idée géniale, mais aussi parce que vous êtes un personnage de roman, comme ceux des livres que vous prêtiez.

Parce que vous m’êtes sympathique, mais aussi en tant que lecteur, j’ai bien entendu envie que vous vous en sortiez à nouveau. Rares sont les personnes qui, en voyant des prisonniers s’évader au début d’un film, espèrent de tout leur cœur qu’ils vont se faire pincer.

Comme le raconte si bien Clint Eastwood dans « impitoyable », il y a ceux qui racontent des histoires et ceux qui les vivent. Ceux qui les vivent sont absorbés par l’imagination des auteurs qui fabriquent leurs légendes.

Un jour, peut-être, si Dieu le veut, j’écrirai la légende de Benoît Desaulles.

Edouard

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Une promenade magique dans Paris

Si vous êtes amoureux de Paris, si vous êtes intéressé par les sciences occultes sans vouloir toutefois leur donner plus d’importance qu’elles n’en ont et si vous pensez que Da Vinci Code est à l’ésotérisme ce que McDonald est à la cuisine, ce livre est fait pour vous.

L’ouvrage n’est pas un roman, mais une sorte d’essai-guide que l’on déguste en deux temps. L’essai tout d’abord vous initiera au BABA des sciences occultes : alchimistes, templiers, francs-maçons…ils sont tous là, remis dans leur contexte historique. Certes, les frontières entre ces différentes confréries sont poreuses et les symboles qu’elles utilisent sont souvent les mêmes, mais de là à imaginer une fille cachée du Christ ou un complot international des forces du mal, il y a de la marge.
Pour illustrer ces propos, l’auteur se réfère à un certain nombre d’édifices parisiens qui s’inscrivent dans un triangle (forcément) dont les côtés sont « Notre-Dame », « le parc Monceau » et « le Champ-de-Mars ». Ainsi, l’initiation aux sciences occultes ne passe pas par d’obscures ruelles de Belleville ou de Montmartre, mais par le Paris du tourisme, du luxe, de la consommation et du pouvoir.
Une fois la lecture terminée, maintenant armé pour jongler avec les différents concepts de l’univers de la magie, vous pourrez aborder la deuxième phase en utilisant le livre comme un guide touristique et en vous rendant à pied aux 12 (forcément) « stations ».
L’intérêt de cette deuxième partie n’est pas uniquement d’aller voir sur place les différents monuments cités dans l’ouvrage, mais de prendre conscience de l’environnement dans lequel ils s’inscrivent.
Ainsi, après avoir vu le diable de l’église Saint-Merri, les colonnes de Buren, l’Ouroboros du Louvre et les reliques d’une utopie morte au parc Monceau, vous prendrez conscience de l’hétérogénéité et de la relativité de ces symboles. Comme moi, peut-être vous laisserez vous charmer par d’autres symboles et entrerez dans une pagode l’espace d’un quart d’heure, pour voir une exposition photo sur les intérieurs chinois.
Ce qui vous marquera ensuite, c’est le peu d’intérêt accordé par les Parisiens à cette forêt de symboles. Si on peut comprendre que les enfants qui font de la voiture à pédale au champ-de- Mars ne s’intéressent pas à l’édifice révolutionnaire qui se dresse devant leurs yeux ; que penser de la foule stationnée devant l’entrée du 117 boulevard Saint-Germain, attendant dans le froid les dernières prouesses d’Harry Potter et ne voyant pas le compas et l’équerre au-dessus de la porte d’entrée de l’immeuble ?
Votre parcours se terminera à la fontaine Saint-Michel où, comme vous vous y attendrez, personne ne s’intéressera aux efforts déployés par l’archange pour maîtriser les puissances démoniaques. En rentrant chez vous, vous vous demanderez si tous ces symboles ne sont pas en fait les témoins du besoin universel de l’homme de croire en une autre réalité. Vous comprendrez alors que vous faites maintenant partie du cercle des initiés.

    Edouard     

      

Une promenade magique dans Paris

Philippe Cavalier

2010 Anne Carrière

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Adèle Blanc-Sec

En 1911, la journaliste parisienne Adèle Blanc-Sec décide d’aller en Égypte pour voler une momie susceptible de rendre la vie à sa sœur plongée dans un profond coma à la suite d’un stupide accident de tennis.

Inconditionnel d’Adèle, de la série et du dessinateur Jacques Tardi, je ne pouvais pas manquer le dernier Besson. En y allant, j’étais tout de même un peu méfiant, me demandant si le réalisateur de Léon et de Nikita serait à même de retranscrire à l’écran l’univers du très pacifique Tardi.
Et bien, mes craintes étaient sans fondements, « Les aventures d’Adèle Blanc-Sec » est une réussite totale.

Au début, il est vrai, on n’est pas tout à fait dans la veine de la BD et on se demande si Besson n’a pas transformé notre Adèle en une sorte de Lara Croft à la française. Mais lorsque Adèle revient à Paris, tout est là, du savant inconséquent au méchant plus qu’affreux (Mathieu Amalric) en passant par le monstre préhistorique, l’amoureux transi, le policier stupide, le chasseur cinglé (incarné par Jean-Paul Rouve…génial) et les momies. Tout ça avec les tronches à coucher dehors des protagonistes masculins (les mêmes que dans la BD) et dans un scénario foutraque comparable à ceux des albums.

En effet, Besson n’adapte pas un album particulier, mais picore à droite, à gauche : ici, le ptérodactyle, là les momies, là encore la sœur jumelle… Mais il fait bien et à cet effet, on peut dire que le film est à l’héroïne de Tardi ce que « mission Cléopâtre » d’Alain Chabat à Asterix : la fidélité à un univers plus qu’aux albums. Les fans y trouveront donc leur compte, mais aussi ceux qui ne connaissaient pas Adèle et qui entreront peut-être plus facilement dans l’univers synthétisé et actualisé du film que dans la BD qui manque un peu d’homogénéité (9 albums en 31 ans, de 1976 à 2007).

Un petit mot sur Adèle pour finir. Louise Bourgoin est très bien en femme libre à l’aplomb démesuré, en décalage avec son époque, mignonne, mais pas trop sexy, qui fume dans son bain et qui cherche avant tout à ce qu’on lui foute la paix. Louise Bourgoin est peut-être un peu plus dynamique qu’Adèle, mais ce n’est pas plus mal comme ça. L’Adèle du film s’affranchira-t-elle de l’Adèle de la BD ? On verra ce qu’en fera Besson qui semble nous indiquer à la fin du film la possibilité d’une suite.
Edouard

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