Où va l’humain ?

Qui sont ces gens qui manifestent tous les samedis contre des mesures gouvernementales qui m’ont toujours semblé être le fruit du bon sens, seules à même d’assurer la sécurité sanitaire du pays ? Les mesures prises par Emmanuel Macron ne sont d’ailleurs pas très différentes de celles prises de par le monde par ses homologues pour lutter contre la pandémie.

La négation de la pandémie, la dictature, big pharma, l’innocuité du vaccin…cette foule n’est-elle donc qu’un ramassis d’imbéciles narcissiques atteints par une paranoïa collective ? Je l’ai longtemps cru, sachant qu’une poignée d’entre eux défendaient aussi des convictions religieuses et politiques beaucoup plus concrètes.

La bêtise et la brutalité apparente des « anti » avec lesquels j’ai pu échanger sur Facebook me renforçaient dans mes convictions. Et puis, ce matin, les remarques de l’un d’entre eux m’ont fait réfléchir.

Il s’agissait d’une discussion terminologique autour de la notion « d’eugénisme ». Pour moi, il confondait « eugénisme » et « transhumanisme », deux courants de pensée que j’imaginais opposés. L’eugénisme pratiqué en particulier par les nazis visait à éliminer les plus faibles. Le transhumanisme prétend pour sa part, avec l’aide des nanotechnologies, de la biologie, de l’intelligence artificielle et des sciences cognitives (NTIC), faire évoluer l’homme vers un état post-humain. Si les moyens utilisés par ces deux théories sont différents, elles concourent toutes deux à encourager l’avènement d’un surhomme. Il est vrai aussi que les nazis avaient une passion particulière pour la biologie, la génétique, l’endocrinologie et que les trois autres briques des NTIC n’existaient pas à l’époque.

Le coronavirus semble avoir balayé la dichotomie gauche/droite traditionnelle qui tournait autour de la nécessité de l’intervention étatique dans la société. Il est évident qu’une crise comme celle-là ne peut être gérée uniquement par le secteur privé. Le nouveau débat qui se profile concernerait donc plutôt les moyens de gérer cette crise.

Il est vrai que la vitesse de production des vaccins a été incroyable. Vrai aussi que l’ARN messager, connu depuis des décennies, est pour la première fois utilisé pour un vaccin commercialisé est que nous n’avons effectivement aucun recul sur l’utilisation de ces derniers. Vrai enfin qu’on tâtonne et qu’il y aura sans doute d’autres vaccins plus adaptés si l’on constate que la protection  des vaccins actuels est insuffisante.

La majorité de la population, dont je fais partie, fait confiance aux pouvoirs publics. Y a-t-il vraiment une alternative ? Mais les doutes et les inquiétudes que peuvent avoir certains ne sont pas non plus infondés. Dès lors, on entrevoit un nouveau paysage politique qui opposerait les « bio conservateurs », souhaitant limiter au maximum l’intervention de la science sur le corps humain des « transhumanistes », plus ouverts aux innovations scientifiques. Personne n’est objectif et pour ma part, sans me sentir vraiment « transhumaniste », je ne me sens clairement pas « bio conservateur ». Je pense que les avancées de la science sont inéluctables et pourront avoir des effets positifs tout en étant conscient qu’il faudra mettre des garde-fous pour éviter les dérives.

Dans cette perspective on comprend mieux le sens donné au mot « dictature » qui ne serait pas qu’un abus de langage, mais l’expression d’une partie de la population « contrainte » à la vaccination. Plutôt une menace fantôme en fait, pas un régime dictatorial classique de type Corée du Nord ou Afghanistan.

Bref, si je n’accepte pas qu’on puisse discuter le principe des mesures sanitaires qui me semblent être l’expression du bon sens, je comprends qu’on puisse s’interroger sur la nature des vaccins dans un contexte scientifique mondial amenant à se poser des questions éthiques.

Mais pour moi, l’urgence est de sortir de la pandémie, ne nous trompons pas de combat. Notre seul choix possible est de faire confiance. On verra après…

Édouard

La familia grande

Camille Kouchner, fille de Bernard Kouchner et nièce de Marie-France Pisier, évoque sa culpabilité d’avoir gardé le secret familial concernant l’inceste dont son frère jumeau à été victime et d’avoir par là même protégé son beau-père, Olivier Duhamel.

Je n’aurais probablement jamais lu ce livre si on ne me l’avait mis entre les mains. Je ne regrette pas du tout la lecture, d’autant plus que l’ouvrage ne comporte que 140 pages et que l’écriture est fluide et agréable.

En fait, le buzz médiatique autour du bouquin m’a un peu énervé et je m’attendais à une de ces sempiternelles dénonciations familiales d’enfant de people comme l’a fait Alexandre Jardin il y a quelques années. Quant aux abus sexuels, on en a quand même beaucoup mangé depuis Me Too et Balance ton porc. Y a-t-il vraiment encore quelque chose à dire là-dessus ? Eh bien oui, peut-être qu’on atteint les limites de l’exercice avec la « familia grande ».

La première partie est très people et semble surgie d’un vieux Gala qu’on aurait oublié dans une maison de vacances au bord de la mer. Bernard Kouchner, Christine Ockrent…comme ça semble loin. Et que dire de Marie France Pisier ? En tant que fan de François Truffaut, j’ai tout de suite pensé à la jeune actrice de l’« amour à 20 ans » : 1962, la nuit des temps. C’est un peu du easy reading, mais ça se lit vite et bien. Tout semble harmonieux et la structure familiale semble incassable, même si elle est entachée par le double suicide des grands-parents.

Ensuite vient l’inceste. Victor, le frère jumeau de Camille fera le choix de l’oubli. Peut-être est-ce la meilleure solution. Camille sait. Est-ce la seule ? Elle le pense en tout cas. Elle se tait pour préserver la structure familiale, cette harmonie qu’elle veut immuable. Mais le temps passe et la structure s’use fatalement. En 2011, Marie France Pisier est retrouvée morte, coincée dans une chaise au fond de sa piscine. Comme pour ses grands-parents, Camille ne semble pas chercher les causes profondes du suicide et fait partager sa douleur. Les murs tremblent.

Et puis, les petits-enfants apparaissent et en même temps, les craintes de Camille qu’ils ne suivent le même sort que son frère. La panique l’emporte alors sur le besoin de préserver la « familia grande » qui n’est d’ailleurs plus que l’ombre d’elle-même. Camille évite son beau-père et sa mère par la même occasion. Elle prévient aussi sa belle-sœur, la femme de Victor, et tout finit par se savoir.

La réaction de sa mère est étrange. Elle semble plus en vouloir à sa fille qu’à son époux. Rattrapée elle aussi par le temps, elle meurt d’un cancer en 2017. Alors, la « familia grande » n’existe plus et il n’est plus nécessaire de préserver le secret pour protéger ses fondations. Et donc, Camille se lâche. Les faits sont prescrits juridiquement, mais d’un point de vue médiatique, ils restent imprescriptibles, le lynchage d’Olivier Duhamel peut commencer. Je ne vois pas trop à quoi va servir cette dénonciation sinon à libérer Camille du poids de son secret. J’espère que ce n’est pas juste pour se faire de l’argent facile et/ou pour détruire Olivier Duhamel. Mais elle écrit bien et j’espère qu’elle écrira d’autres romans…pour parler d’autre chose.

Édouard

Aux urnes!

Je vote toujours, mais s’agissant des municipales, je reconnais que c’est un peu par automatisme. Le maire était déjà là quand je suis arrivé dans mon arrondissement il y a 15 ans et visiblement, il n’y a pas raison que ça change. Je n’ai jamais très bien compris quelle était sa couleur politique et ça ne m’intéresse pas vraiment. Sinon, tout le monde sait qu’Hidalgo va être réélue alors… Mais cette année, j’y suis surtout allé par curiosité, pour la controverse.

Je ne sais pas si c’était une bonne idée de les maintenir, mais c’est un fait, elles ont été maintenues.

C’est donc décidé et quelque peu naïf que je suis rentré dans le bureau de vote de l’école maternelle.

– Pas plus de 6 électeurs en même temps dans le bureau de vote. Veuillez faire la queue.

– Ah, d’accord.

La queue, c’est les deux tiers de la cour de récréation. Les enfants jouent au milieu, il fait beau, les gens attendent patiemment leur tour en tripotant leurs portables. Franchement, c’est sympa de prendre l’air.

C’est un symbole fort de démocratie cette queue, celle qui tient contre vents et marées. Edouard Philippe a annoncé hier soir la fermeture de tous les lieux « non indispensables ». Bon, il fait un temps à déjeuner à la terrasse d’une brasserie, mais ce n’est effectivement peut-être pas indispensable.

En revanche, c’est fort de dire qu’un bureau de vote est un « lieu indispensable ». Aller voter aujourd’hui, c’est lutter contre la psychose ambiante. Voter, c’est faire confiance aux pouvoirs publics, ne pas jouer le jeu des crétins qui dévalisent en PQ et en pâtes les supermarchés.

Quand j’entre enfin dans le bureau de vote 20 minutes plus tard, je réalise que j’ai certainement moins de chances d’attraper le coronavirus dans ce lieu quasi désert qu’en allant acheter du pain à la boulangerie. Et quand bien même on l’attraperait, si on a moins de 60 ans et pas de problèmes pulmonaires, on est moins concerné. Je connais d’ailleurs des personnes de plus de 80 ans qui y sont allé (je ne donnerai pas de noms) et je salue leur civisme.

Autre symbole démocratique touchant, l’équipe qui tient le bureau. Pandémie oblige, ils sont dotés de gants en latex, mais semblent apaisés et déterminés dans leur posture démocratique. C’est eux la base démocratique, il ne faudrait pas qu’elle vacille.

Bref, n’allez pas voter aujourd’hui pour élire un maire ou pour soutenir un parti politique, mais pour rester solidaire, pour dire que pas plus que le fascisme, le coronavirus n’aura la peau de la démocratie. Allez-y si vous pensez que la responsabilité collective doit l’emporter sur la psychose et sur le repli sur soi visant à se bunkériser avec des pâtes et du PQ.

Et dépêchez-vous, vous n’avez plus que quelques heures !

Édouard

Les présidents sans aura

Les trois présidents qui se partagent le podium de la longévité depuis 1958 (Mitterand, Chirac, de Gaulle) sont bien entendu différents, mais avaient pourtant quelque chose en commun : l’aura.
L’aura est une notion insaisissable, immatérielle, presque magique, intuitive. Avoir de l’aura, c’est s’inscrire dans un contexte particulier qui donne du sens à l’individu, qui permet à ses semblables de s’identifier à eux, de s’en sentir proches.
Je n’ai connu Mitterrand qu’avec mes yeux d’enfants et d’adolescent, mais j’écoutais les adultes et mes parents en premier lieu. Pour tout dire, il me foutait un peu les jetons. C’était un sphinx, une « force tranquille » attachée à la terre dans lesquels les Français se reconnaissaient. C’était l’homme solitaire un peu impressionnant vivant à l’extérieur du village, mais sans lequel ce dernier ne peut vivre. Dans un autre style, Chirac était un champion de l’aura rurale dont il jouait magistralement au salon de l’agriculture. Et de Gaulle savait lui aussi parler à la France.
Giscard a dû comprendre analytiquement qu’il fallait être proche, mais n’a pas su s’y prendre. Sarkozy a très vite donné l’impression qu’il s’était gouré de trottoir. Hollande s’est cassé les dents avec son « président normal ».
Macron était tombé du ciel. C’est important pour les Français, toujours à la recherche de l’homme providentiel. Il était jeune et ne semblait rentrer dans aucune case, les Français lui ont laissé sa chance. Mais il est rapidement apparu comme ces villes de l’Ouest américain qui semblent tout juste posées sur terre, sans âme, sans prise possible. Les Français ont tenté en vain de le cerner alors, leur incompréhension s’est traduite en haine.
On a beau être intelligent, la patine ne se marque qu’avec le temps. « La valeur n’attend pas le nombre des années » disait Corneille, mais la reconnaissance populaire n’est pas qu’une question de compétence. Peut être à t-elle d’ailleurs peu de choses à voir avec la compétence.
Tintin est incontestablement doué pour résoudre les énigmes, mais il est beaucoup trop lisse, trop fade pour qu’on puisse l’aimer. C’est Haddock qu’on adore et c’est pourquoi Trump sera peut-être réélu parce que les Américains ont l’impression de le connaître, de comprendre ce qu’il fait.
L’aura est elle une question d’inné ou d’acquis ? Il n’est bien entendu pas possible de répondre à cette question. Quoi qu’il en soit, les « gilets jaunes » auront certainement été un avertissement pour Macron, une chance qu’il devra savoir saisir. Si Sarkozy et Hollande avaient eu des « gilets jaunes », ils auraient pu trouver le moyen de rectifier le tir. Macron y arrivera-t-il ? Peut-être n’aura-t-il pas le temps. Il est possible aussi qu’il n’en soit pas capable.
Les Français ne sont pas pressés. Si Macron n’est pas le bon, ils en choisiront un autre, puis encore un autre, jusqu’à ce qu’ils trouvent celui qui les touchera sans avoir à leur parler.

Édouard

Les blancs préfèrent la blonde

Aujourd’hui, en parcourant ma page Facebook, je comprends comment Hitler a pu arriver au pouvoir dans une Allemagne exsangue, gangrénée par un taux de chômage ahurissant, humiliée par la défaite de 1918 et par le dictat du traité de Versailles. Une victime expiatoire symbolisant la finance internationale de l’époque fût désignée : le juif.

Les nazis ont misé sur la détresse des plus démunis, de tous ceux qui n’avaient plus rien à perdre, de ceux dont ils feignaient de s’occuper, à qui ils souriaient, qu’ils rassuraient. C’était ça aussi le nazisme, pas seulement les chambres à gaz.

Les responsables de la montée du nazisme, c’est aussi l’arrogance des gagnants du 11 novembre dans une mondialisation en cours de construction que tout le monde subissait sans comprendre et que les nazis associèrent à un bouc émissaire bien connu. Son identification n’était pas simple : qu’à cela ne tienne, on lui mit une étoile jaune.

La situation n’est bien entendu pas tout à fait la même, mais il y a des similitudes. L’idéologie du FN tout d’abord qui reste originellement proche des thèses du National socialisme malgré tous les efforts de Florien Philippot pour le masquer. Ensuite, un chômage de masse qui ne dégonfle pas. Pas de guerre perdue pour la France, mais une rigueur Européenne que beaucoup voient comme un traité de Versailles. Et aussi, une finance internationale de plus en plus puissante dans une mondialisation emballée. Un personnage, jeune et brillant tel qu’Emmanuel Macron, ne peut que susciter la haine et la jalousie des laissés pour compte. La bataille ne se gagnera pas sur l’intelligence et la raison, mais sur la capacité des candidats à parler au cœur des Français. Marine Le Pen à une longueur d’avance, parce que cela fait des décennies que le FN peaufine ses armes et aussi parce que c’est une femme. Emmanuel Macron devra aller la chercher sur son terrain. Il est jeune et moins expérimenté en politique, mais heureusement très entouré. Et puis, le nom de la candidate et sa ressemblance physique avec une icône de tout ce que la France rejette ne joueront pas pour elle.

En attendant, tous les partisans du vote blanc, nul ou de l’abstention, contribuent aux intérêts de Marine Le Pen. J’espère qu’il y a encore assez de personnes sensées dans ce pays pour faire barrage au FN. Beaucoup d’abstentionnistes comptent sur eux, comme des enfants qui pensent qu’il y aura toujours des grandes personnes pour réparer les bêtises. Chaque vote blanc, nul et chaque abstention du FN creuseront l’écart entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, car s’il y a une chose qui est certaine, c’est que les électeurs du Front National ne s’abstiendront pas et glisseront bien un bulletin « Marine Le Pen » dans l’urne.

Une victoire 70/30 de Macron ne serait pas du tout la même chose qu’une victoire 55/45, qui permettrait au FN d’aborder avec le sourire les législatives. Une marrée bleue-marine à l’assemblée ferait une fois de plus penser à l’arrivée de la marée brune au Reichstag.

Il est encore temps…

Édouard

Un vote pour une vie

L’objet du scrutin du 23 avril ne sera pas uniquement de présélectionner deux candidats pour le second tour de l’élection présidentielle. La question à laquelle nous devrons répondre est « quelle vie politique voulez-vous pour demain ? »

En effet, sur les quatre candidats qui, au dire des médias, semblent à même de pouvoir se maintenir au second tour, un seul se raccroche à la bipolarité traditionnelle de la vie politique française : François Fillon.

S’il arrive au second tour, il est possible que la traditionnelle répartition gauche/droite demeure. Contre Marine Le Pen, on retombera dans le cas de figure de 2002 avec un Front National qui semble faire moins peur, mais tout de même assez, je l’espère, pour ne pas faire sombrer la France dans le populisme d’extrême droite. Contre Jean-Luc Mélenchon, les choses seront différentes et bon nombre d’électeurs de gauche n’estimeront peut-être pas qu’il est nécessaire de faire barrage à ce candidat qui, pour ma part, n’est pas moins dangereux que Marine Le Pen.

J’espère de tout cœur un second tour Fillon-Macron qui poserait une réelle question de choix de société. Les détracteurs d’Emmanuel Macron lui reprochent de s’inscrire dans la continuité de François Hollande et de n’être qu’un socialiste déguisé. Cette attitude a bien entendu pour but de faire peser sur le candidat d’ « En Marche », le bilan d’un quinquennat que personne ne souhaite défendre, mais elle révèle aussi une incapacité de ces derniers à comprendre que le projet d’Emmanuel Macron s’inscrit dans une vision complètement rénovée de la vie politique française qui apparaît de plus en plus indispensable dans un monde en évolution permanente dans lequel la France n’est rien sans l’Europe.

Les sondages, depuis un bon moment, misent sur un second tour Macron/Le Pen. Contrairement à beaucoup d’électeurs de ma génération si j’en crois les nombreux articles du Monde à ce sujet, je n’ai pas évolué depuis 2002 et je continue à penser que la présence du Front National au second tour serait une honte pour notre pays. Je ne pense tout de même pas que je retournerai manifester place de la Bastille, je n’ai plus le même punch et puis il y avait l’effet de surprise en 2002 qui n’existerait plus aujourd’hui.

Un second tour Macron-Mélenchon serait peut-être aussi intéressant, mais j’ai des doutes concernant  un report massif sur Macron dans cette configuration : de nombreux électeurs de gauche qui se rabattront sur Mélenchon et ceux de droite se réfugieront dans l’abstention.

Reste la configuration Le Pen-Melenchon qui me plongerait dans l’embarras. Ce serait une caricature de débat gauche/droite, une partie de catch politique aussi ridicule que dangereuse : rien que d’y penser…brrr

Édouard

La fin de l’ère primaire

Mis en examen le 15 mars, il maintient sa candidature et tient à nous le faire savoir après nous avoir dit qu’il se retirerait en cas de mise en examen. Il apparaît donc comme un homme incapable de respecter une parole donnée, ce qui achève de le décrédibiliser. La question qu’il faut se poser est « avait-il le choix de faire autrement ? » ou plutôt, « avaient-ils le choix ? »

Il sera mis en examen huit jours avant la clôture des candidatures. En cas de désistement aujourd’hui, les républicains n’auraient plus eu que trois semaines pour trouver un nouveau candidat. Je me demande si, administrativement, cela serait possible. En tout cas, faute de remplaçant, il est condamné à se maintenir.

Une partie de ses électeurs iront vers Macron, le FN ou rejoindront le camp des abstentionnistes. Demeurera la vieille garde, ceux qui sont décidés à le défendre coûte que coûte, ceux qui voudront croire à la théorie du complot dont leur poulain, évidemment innocent, serait victime.

Comme le chevalier noir de sacré Graal des Monty Python, il continuera à se battre jusqu’au bout sans jambes et sans bras, parce qu’il n’a pas le choix.

Absent du second tour, il ne donnera peut-être pas de consigne pour le report des voix : on l’imagine mal demander à ses électeurs de se reporter sur Marine Le Pen. Ou alors, à l’issue d’une émouvante intervention télévisée, il nous expliquera qu’il faut tout faire pour faire barrage au Front national. Aura-t-il encore un auditoire ? Sa voix portera-t-elle assez dans le brouhaha général ? Intéressera-t-elle encore un électorat sachant très bien ce qu’il a à faire ? Rien n’est moins évident.

La victoire de François Hollande en 2012 était largement liée au désamour des Français pour Nicolas Sarkozy et aussi, au succès des primaires à gauche qui donnèrent au candidat une légitimité sans précédent. Cinq ans plus tard, les primaires à droite comme à gauche se sont révélées être des pièges décrédibilisant le système de bipolarité politique sur lequel reposait toute la vie politique française. Quel crédit accorder à une primaire si le candidat élu est noyé dans des affaires judiciaires peu après son élection ? Quel crédit accorder à une primaire de la gauche dont sont absents le centre gauche et l’extrême gauche ?

Finalement, les primaires auront été comparables à cette météorite qui fit disparaître les dinosaures et qui permettra indirectement aux mammifères de se développer et à l’être humain de voir le jour.

C’est peut-être enfin l’opportunité de reconstruire une vie politique déjà à bout de souffle depuis des décennies. En marche !

Edouard.

 

François le Petit – Chronique d’un règne

Après ses 6 chroniques sur le règne de Nicolas Premier, l’auteur s’attaque à celui de François IV Hollande. Le ton reste aussi impertinent, le style aussi réjouissant, et l’irrespect identique.

À la suite de son message sur twitter, Madame de T., devenue la marquise de Pompatweet, finira par devenir persona non grata au Château. Elle le quitta avec pertes et fracas, et prépara en secret un livre que les Français se sont arraché quelques mois plus tard. Entretemps, François IV s’inspira de Mazarin: « Parle toujours avec un air de sincérité, fais croire que chaque phrase sortie de ta bouche te vient tout droit du cœur et que ton seul souci est le bien commun ».

Une série de personnages folkloriques apparaissent au fenestron ou en compagnie des gazetiers: la bigote baronne Boutin, le commodore Mauroy, le diabolique archidiacre Waucquiez, le duc d’Évry (Manuel Valls), Mademoiselle Julie, la comtesse Bruni, l’abbé Buisson, M. d’Hortefouille, et bien sûr « Nicolas-le-Bateleur qui agitait toujours son épaule droite et marchait toujours en canard, chaloupant mieux encore que dans ses caricatures puisqu’il semblait se parodier lui-même ».

Le style volontairement suranné et les imparfaits du subjonctif régalent le lecteur emporté dans un tourbillon de révélations plus réjouissantes les unes que les autres. Si l’on peut dire.
Le livre se termine au moment de l’attentat contre Charlie Hebdo, et les Crétins wahhabites ne sont pas épargnés.

Comme l’écrit l’auteur: « À suivre ? Hélas ! »

Guy

Patrick Rambaud – Grasset

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Eric Woerth: un homme « sportif »

Cette année encore, j’ai assisté aux rencontres de la modernisation de l’État. Eric Woerth, un habitué des « rencontres », devait initialement intervenir mardi matin. Lundi, on me donne un nouveau programme à l’entrée qui reportait d’un jour cette intervention.
Ce matin, compte tenu de la violence des assauts politico-médiatiques qui l’avaient encore frappé la veille, un doute sérieux quant à son éventuelle participation planait au-dessus de l’amphi principal de la maison de la chimie.
Finalement, il est arrivé (presque à l’heure), au milieu d’un essaim de photographes et de journalistes.
Une fois sur l’estrade et avant même d’avoir ouvert la bouche, il fut unanimement applaudi par l’assemblée, sans doute soulagée de ne pas s’être déplacée pour rien.
Eric Woerth n’était pas venu parler de l’affaire Bettencourt et était là pour donner sa vision du fonctionnaire de 2020. Après un bref exposé « adaptabilité-mobilité », se fût au tour des « questions-réponses » :
– Que pensez-vous de la votation helvétique ?
– Ne me parlez pas de la Suisse…pas en ce moment. Je ne connais pas ce pays.
(rires)
Un peu plus tard.
– Avez-vous peur d’engager une réforme globale du statut des fonctionnaires ?
– Oh, vous savez, il y a peu de choses qui me font peur.
(rires)
Il y avait quelque chose de presque magique chez cet homme attaqué de toute part et jonglant avec son public, les journalistes et les photographes qui le mitraillaient sans cesse. C’était presque beau : une magie pareille à celle qu’on voit parfois chez les vraies équipes de foot.
Cet homme, sans doute pas aussi noir que le prétendent ses détracteurs, mais peut-être pas aussi blanc que l’imaginent ses supporters, je l’ai trouvé simplement « sportif ».

Edouard

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