
Chapeau bas à LCP. À l’heure où la France entière a les yeux rivés sur des élections dont on ne peut plus dire grand-chose pour cause d’égalité entre les candidats et dont nous connaissons déjà l’issue (au dire des sondages), la chaîne a fait le choix de raconter l’histoire de Pierre-Etienne Albert : moine pédophile aux 57 victimes.
Fin des années 70, une communauté religieuse dans laquelle cohabitent moines, prêtres et familles avec parents et enfants voit le jour : la communauté des béatitudes. Pierre-Etienne, ancien drogué devenu moine, un « saint homme » qui a su se racheter, en devient l’icône :.
La suite, on pense la connaître : une succession d’actes pédophiles couverts de plus en plus difficilement par une hiérarchie ecclésiastique, à mesure que les langues des victimes et des témoins se délient.
Il y a un peu de ça, mais ce qui est sidérant, c’est le témoignage de Pierre-Etienne lui-même.
En le voyant avec sa petite voix aigrelette, presque toujours au bord des larmes, je n’ai pu m’empêcher de penser au Norman Bates de la scène finale de Psychose.
Pierre-Etienne n’essaiera jamais d’échapper à la justice. D’abord, protégé par la communauté, puis par l’évêché, il le sera finalement par le procureur qui décidera de classer l’affaire sans suite. Finalement, il faudra l’intervention du Vatican pour qu’il soit condamné à cinq ans de prison fermes.
Mais dire que Pierre-Etienne a été protégé n’est pas vraiment exact.
En début d’émission, j’ai été un peu surpris par l’attitude du moine qui semblait en vouloir à tous ceux qui lui avaient permis d’échapper à la justice. Avec le témoignage de Muriel, la première femme de la communauté à avoir compris sa pathologie, j’ai commencé à comprendre… Muriel remarquera tout de suite que son comportement avec les enfants n’est pas un comportement d’adulte. Elle ne le traquera pas : il se livrera sans aucune résistance. Chez elle, il trouvera une âme déterminée à le condamner et à l’empêcher de nuire, un luxe que tous semblent lui refuser, au nom de la sauvegarde de l’image de la communauté, au nom du « qu’en-dira-t-on ». Ce n’est donc pas l’un contre l’autre, mais ensemble qu’ils se battront pour que justice soit faite. Dans leur démarche, ils seront aidés par un autre prêtre qui pour cette raison et comme Muriel sera mis au ban de la communauté des béatitudes.
L’histoire de Pierre-Etienne n’est donc pas tant l’histoire d’un monstre que c’elle d’un homme qui a conscience d’une monstruosité qu’on lui demande de taire… tous les crimes ne sont visiblement pas répertoriés dans le Code pénal.
Edouard
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