Enseigner l’arabe

Le meilleur hommage à rendre à Samuel Paty et sans doute l’unique moyen de donner un sens au meurtre ignoble dont il a été la victime serait il me semble de faire du débat qu’il voulait engager avec ses élèves un débat national.

Peut-on rire de tout ? Oui, bien entendu. Si comme la plupart des Français, j’ai été indigné par les crimes islamistes commis au cours des dernières années, je dois dire que je ne suis pas particulièrement friand de la vulgarité gratuite des caricatures de Charlie Hebdo. S’il y en a que cela fait rire… pourquoi pas. Il est indéniable aussi que ces caricatures peuvent aussi blesser. Pas seulement les musulmans mais les autres religions aussi. Il est vrai que les catholiques sont un peu vaccinés. Les caricatures associées à cette religion ne sont plus très à la mode et n’effarouchent plus grand monde. L’islam semble un terrain beaucoup plus prometteur et  d’un point de vue marketing, Mahomet est certainement beaucoup plus rentable que Jésus.

Je pense qu’il ne faut pas donner à ces caricatures plus d’importance qu’elles n’en ont. Le but de leur auteur n’est sans doute pas de faire rire les musulmans, mais sans doute pas non plus de les choquer ou de les blesser. Le but est de faire rire les lecteurs de Charlie Hebdo…

Depuis le XVIIIe siècle en France, on caricature une religion qui avait un poids institutionnel écrasant dans la société française et dans son histoire. C’était une autocritique saine, une rébellion qui avait un sens politique précis. Qu’en est-il pour l’islam ? La communauté musulmane est bien présente en France, mais son poids dans la société n’a aucun rapport avec celui qu’a pu avoir le catholicisme. Alors, quel sens ? Le seul que je vois est une caricature d’une religion, uniquement parce qu’il s’agit d’une religion. Une démarche athée ? Sans doute. Cela correspondrait à l’esprit de Charlie hebdo.

Mais il ne faut pas confondre athéisme et laïcité. La laïcité réside dans le respect mutuel et on ne peut pas dire que ces caricatures soient très respectueuses. La laïcité nécessite une prise de recul par rapport à ses croyances, tout autant qu’une acceptation de celles des autres.

De quels moyens disposent aujourd’hui les jeunes d’origine arabophone pour prendre une distance avec l’islam quand l’arabe n’est pas enseigné à l’école et que son apprentissage n’est possible que par un enseignement coranique ? Comment comprendre les subtilités de la langue ? Comment comprendre la culture dans laquelle elle s’inscrit ? Comment discuter de l’interprétation d’une sourate ?

Il en résulte que l’identité de cette génération ne réside plus que dans des caricatures moquant des racines auxquelles ils n’ont pas accès. Il est temps d’offrir aux jeunes d’origines géographiques arabophones une autre voie que l’athéisme ou le salafisme.

Édouard

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